La conférence trimestrielle de l’Icann, qui se réunit en fin de semaine à Stockholm, en Suède, permettra de détailler l’avenir des sept nouveaux noms de domaine acceptés par l’autorité en charge des adresses Internet. Cette réunion devrait voir la signature du contrat de licence d’exploitation exclusive de deux de ces suffixes, dont le très controversé ” .name “.La polémique fait rage sur l’opportunité de confier à des sociétés privées, choisies arbitrairement, l’administration de chacun des suffixes ” .name “, ” .biz “, ” .info “, ” .museum “, ” .pro “, ” .coop ” et ” .aero “, qui viendront bientôt suppléer à la pénurie de noms de domaine en ” .com “, ” .net ” et ” .org “.
D’énormes pouvoirs pour une seule société privée
Dans le cas de ”
.name “, il s’agit de la société britannique Global Name Registry, qui devrait tirer des millions de dollars de l’exploitation de ce suffixe prometteur, et qui compte bien utiliser cette manne pour faire de ” .name ” le principal outil d’identification électronique dans le monde. Le nom d’une personne pourra devenir son numéro de téléphone portable, mais également constituer son adresse électronique et l’adresse de son site Web personnel, servir pour des transferts financiers ou des achats en ligne effectués à partir d’un ordinateur, d’un assistant numérique ou d’un téléphone mobile…Une seule entreprise pourrait donc gérer les annuaires téléphoniques, les listes d’adresses électroniques et les numéros de comptes bancaires des internautes enregistrés en ” .name “. L’étendue des possibilités confère potentiellement un énorme pouvoir à la petite société londonienne, forte de 40 employés, la seule des sept nouveaux gestionnaires de noms de domaine à ne pas être située aux Etats-Unis.Global Name Registry est une filiale de la société norvégienne de courrier électronique gratuit Nameplanet.com, contrôlée par des investisseurs privés, dont Carlyle Europe Venture Partners, Four Seasons Ventures et Northzone Ventures.
Une nouvelle ruée vers l’or
Une polémique n’a pas manqué de naître sur le ” cadeau ” qu’a fait l’Icann à Global Name, qui facturera un abonnement annuel de 5,25 dollars à chaque internaute voulant bénéficier de son nom de domaine personnel. “C’est une décision d’une portée immense. Global Name obtiendra l’accès à une formidable source d’informations qu’il pourra revendre à d’autres sociétés”, souligne Jon Weinberg, professeur de droit à l’université d’Etat de Wayne, à Detroit, dans le Michigan, et membre du groupe ICANNwatch, qui surveille l’action de l’Icann.L’ICANNwatch aurait préféré que l’administration des nouveaux noms de domaine fasse l’objet d’un appel d’offres ouvert à la concurrence, plutôt que son attribution arbitraire par un seul organisme.“Ce sont les mauvaises conséquences d’une mauvaise décision”, martèle Weinberg. Global Name Registry réalise parfaitement qu’il aura entre ses mains un actif unique au monde.“Votre nom est quelque chose d’émotionnel. C’est personnel. C’est pourquoi il y a tant d’excitation”, déclare le directeur général de Global Name Registry, Andrew Tsai. C’est aussi un modèle économique facile à comprendre, ajoute-t-il. “C’est très
favorable du point de vue de nos partenaires économiques”, souligne-t-il.Global Name Registry n’a pas révélé combien d’adresses, et donc de noms, il pourrait gérer, mais ce nombre se monte sans doute à plusieurs millions. La société s’attend d’ailleurs à une telle ruée sur ces adresses nominales, comprenant un prénom, un nom de famille et le suffixe ” .name “, qu’elle a décidé d’organiser dix ” ruées vers l’or ” virtuelles de deux semaines chacune, dont la première est prévue pour cet été. Si deux personnes réclament la même adresse au cours d’un même mouvement, Global Name Registry l’attribuera au hasard.Dans un premier temps, l’enregistrement d’une nouvelle adresse coûtera dans les 30 dollars, bien plus que les 5,25 dollars annuels prévus, car Global Name Registry sous-traitera la tâche à quelque 80 autres entreprises qui prélèveront bien entendu leur marge. Certains banques ou opérateurs de télécommunication pensent toutefois subventionner l’enregistrement dun nom de domaine en ” .name ” afin de fidéliser leurs clients.Global Name ne se trouve pas seul en lice pour ce nouvel Eldorado numérique. Le groupe Microsoft proclame ainsi avoir collecté quelque 160 millions de profils personnels grâce à son service de courrier électronique gratuit et entend bien les utiliser pour proposer toute une série de services en ligne. “Les identités numériques deviendront un enjeu important dans les douze prochains mois”, prédit Andrew Tsai.
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