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Polémique autour des avertisseurs

Censée réduire la violence routière, l’interdiction des avertisseurs radars suscite la grogne et semble difficilement applicable.

Pour mettre un coup de frein à la hausse des accidents mortels sur les routes, le Gouvernement a annoncé une série de mesures, majoritairement répressives. L’une d’elles, au cœur de la polémique, décrète l’interdiction des avertisseurs de radars jugés comme une “ incitation à enfreindre les règles ”. Devraient être concernés les panneaux indicateurs, dont le démontage a d’ailleurs débuté, les cartes des radars fixes sur le Net ou dans les GPS, les applications pour mobiles et, bien sûr, les avertisseurs communautaires du type Coyote. Une fois la loi adoptée, les usagers pris avec de tels dispositifs s’exposeront à une contravention de 1 500 euros et au retrait de six points de permis.

Un rejet massif

Les automobilistes rejettent massivement cette mesure. Ils la jugent inutile et estiment qu’elle a surtout vocation à renflouer les caisses de l’Etat. Mais les plus virulentes critiques émanent des fabricants d’avertisseurs de radars dont l’activité est menacée. Regroupés dans une association baptisée Afftac (Association française des fournisseurs et utilisateurs de technologies d’aide à la conduite), ils regrettent qu’aucune consultation n’ait précédé cette décision qu’ils jugent “ injuste, injustifiée et aveugle ”, et appellent leurs utilisateurs à demander son retrait (lire encadré). Du côté des fabricants de GPS comme TomTom, on est plus circonspects, car l’indication des radars n’est qu’une fonction parmi d’autres de leurs appareils.Sans préjuger de la pertinence de la mesure et de l’impact qu’elle aura sur la mortalité routière, on peut s’interroger sur ses modalités d’application. Si, pour désactiver les systèmes d’information de type communautaire, il suffira de couper leur réseau, les choses semblent plus compliquées avec la cartographie de radars fixes présente sur le parc de GPS. Une tolérance pourrait être appliquée pour ces systèmes qui, de toute façon, ne seront pas mis à jour avec les emplacements des 1 000 nouveaux radars dont le déploiement est prévu d’ici à fin 2012.

Une mesure contournable

Une autre interrogation concerne le contournement de la loi. Un simple changement de dénomination pourrait permettre de contourner l’interdiction avec, par exemple, des cartes de “ zones routières à risque ”. Sur les smartphones, si l’application de l’interdiction devrait être aisée concernant les magasins d’applications très contrôlés tel celui d’Apple, elle semble illusoire sur les systèmes plus ouverts comme Android. Sans oublier les nombreux services de cartographie en ligne type Google Maps et ses cartes personnalisées ou les possibilités d’intégration de fonctions de géolocalisation dans une page Web qu’offre le HTML 5. Le projet prévoit bien de réprimer l’incitation à l’usage de dispositifs avertisseurs par deux ans de prison et 30 000 euros d’amende, mais des serveurs basés à l’étranger pourraient permettre de se soustraire aux poursuites. Dans tous les cas, si la mesure est maintenue, tenter de la faire respecter ne sera pas simple pour les forces de l’ordre.

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Sébastien Casters