Plus de 150 producteurs de podcasts ont signé, lundi 10 juin, un manifeste pour marquer leur « attachement à un écosystème ouvert du média podcast ». Publié sur le site Podcast ouvert, le texte s’oppose à « toute intégration automatique, sans accord préalable » de leurs contenus sur des plates-formes aux « pratiques atypiques ». Au premier rang desquelles la monétisation de leur service « en intercalant des publicités audio / vidéo dans un ou autour des contenus [qu’ils] produisent ».
Le manifeste est un appel à tous les acteurs du secteur radiophonique à « ne pas “fermer” l’écosystème, en enfermant ses contenus gratuits dans des applications qui seraient les seules à pouvoir les lire » et de « continuer de considérer le podcast comme un média décentralisé, interopérable, basé sur des technologies faciles d’accès et disponibles à tous ».
https://twitter.com/InkSHD/status/1137268023495016449
« Netflix de la radio »
Il fait échos -sans jamais les nommer- au lancement ces dernières semaines d’agrégateurs de contenus audio, tels que Majelan en France ou Luminary aux Etats-Unis.
L’ex-PDG de Radio France, Mathieu Gallet, a mis en ligne, mardi 4 juin, Majelan, une plate-forme de podcasts en partie payante qui aspire à devenir le « leader international du monde francophone » dans ce secteur. Cette « grande bibliothèque de l’audio gratuit » se calque sur le modèle de l’américain Luminary, lancé fin avril grâce à un investissement de 100 millions de dollars.
Ces deux grandes plates-formes au design léché proposent 99% d’émissions gratuites, récupérées sur le web, comme l’offraient déjà les agrégateurs Tootak ou Podcast Addict, ou encore la française Sybel. Mais, elles proposent en plus des abonnements -à 4,99 euros par mois pour Majelan- pour avoir accès à des contenus natifs.
Un modèle de fonctionnement hybride qui ne fait pas l’unanimité au sein des producteurs de podcast. Yann Rieder, producteur suisse de podcasts pour l’association Blue Print et initiateur du manifeste, regrette que ces acteurs « utilisent des contenus gratuits pour attirer l’attention sur du payant », selon l’AFP.
Un secteur ultra-concurrentiel
Au contraire, « plus il y a aura d’acteurs pour faire grandir ce marché, pour l’inscrire dans les habitudes des internautes, et mieux ce sera », se félicite au contraire Olivier Lendresse, le directeur du numérique du groupe Europe 1, précisant que « le marché de l’audio en ligne grandit à vive allure, mais reste émergent ».
Néanmoins, le géant Radio France a demandé à Majelan, mais aussi aux applications de podcast de Google et Tootak de ne plus référencer ses émissions – pourtant librement accessibles via des liens sur le web (sous forme de flux RSS). L’institution publique avait également fait de même avec Apple Music dans l’optique d’attirer les auditeurs sur sa propre plate-forme.
La question soulève de vives réactions car le secteur est très concurrentiel. La plupart des producteurs audio vivotent dans une économie instable, entre abonnements, publicités, contenus sponsorisés, animation d’évènements ou de formations. Certains sites prometteurs, comme Boxsons, ont déjà fermé boutique quand d’autres comme Binge Audio, le leader français, ont fait le choix de se financer par une activité publicitaire séparée de sa production de podcast natifs.
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