Depuis la contre-performance de la Nintendo 64 à la fin des années 1990, plus aucun fabricant n’ignore que le soutien des éditeurs tiers est essentiel au succès commercial d’une console. Mais, dans les dernières années, ce sont les développeurs indépendants et les petits éditeurs créatifs qui ont attiré l’attention.
Malheureusement pour Sony, Angry Birds, Farmville, Plants vs Zombies, Minecraft, Cut the Rope et tous les grands jeux indé récents sont apparus sur iPhone ou sur PC, deux environnements propices aux expérimentations à petit prix grâce à leurs outils de développement gratuits. A quelques mois de la sortie de la PlayStation Vita, l’heure est à la séduction.
Liberté à petit prix
« Si vous voulez faire dix ou vingt jeux par ans sur PS Vita, allez-y ! » s’exclame au pupitre George Bain, responsable des relations avec les développeurs pour Sony Europe, devant une assemblée de professionnels et de journalistes rassemblés à Cologne. « Tant que vous suivez notre protocole de tests, on vous laissera faire. » Le japonais a considérablement assoupli sa politique et propose désormais un kit de développement à 1 900 euros seulement, l’un des moins chers proposés par les fabricants classiques.
Surtout, Sony ne fait pas payer de licence, comme Nintendo, ni ne demande d’avancer les frais de fabrication des jeux, toujours comme Nintendo. Il veut convaincre. « Nous n’avons pas choisi les caractéristiques au hasard, confirme George Bain, nous avons beaucoup parlé avec nos partenaires et nos développeurs pour savoir ce qu’ils voulaient, ce dont ils avaient besoin, ce qui les aiderait. »
Un développement facilité
Résultat : outre un prix très bas, le kit de développement se veut également simple et souple. « J’ai connu les développements sur PS1 et PS2, je sais que ce n’était pas franchement évident, rappelle M. Bain. Pour la Vita, ce point a été beaucoup plus travaillé. » Le fabricant met ainsi à la disposition de ses partenaires son moteur maison, le PhyreEngine, dans une version très semblable à celle utilisée pour la PS3.
Mais de nombreux outils professionnels externes peuvent également être utilisés pour la future portable de Sony, comme Autodesk, Vicious Engine, Trinigy, UDK ou le célèbre moteur Havok, dont les développeurs sont souvent déjà familiers.
Bien accompagné?
Face à l’iPhone et à son kit de développement gratuit (si l’on fait abstraction des 79 euros d’abonnement annuel obligatoire pour accéder aux services de développements), Sony promet justement un service rare et précieux : l’accompagnement. Librairies de programmation, procédure de tests, recherche de bugs, analyse qualitative mais aussi conseils administratifs pour les studios qui souhaiteraient s’auto-éditer, la firme japonaise veut prendre ses jeunes partenaires par la main. Seule condition : que les jeux proposés fassent une bonne publicité à sa console. « Nous sommes en priorité à la recherche de concepts de jeux, précise George Bain. C’est ce que nous regardons en premier avant de fournir le kit de développement. »
Vingt millions de dollars pour les jeux indé
Si l’idée plaît à Sony, l’heureux studio pourra compter sur son aide, notamment par l’entremise de SCEE Xdev, une cellule consacrée à l’accompagnement des projets menés par des développeurs externes, et de SCEA PubFund, un fonds de financement pour les projets les plus innovants. Burn Zombie Burn, Joe Danger, Hoard, Explodemon, About a Blob… plusieurs titres décalés ont déjà profité de ce dernier, que Sony réserve aux développeurs indépendants. A condition que le titre ne sorte que sur la PS Vita et qu’il soit « exceptionnellement bon », selon les mots de George Bain. Quel que soit son registre, il le promet : « PubFund regarde toutes les idées, rien n’est too much ni trop cinglé. »
SCEA a annoncé en juin un programme de 20 millions de dollars sur trois ans pour soutenir les jeux indé exclusifs. Pour les joueurs, l’équation proposée par Sony est également intéressante : grâce au suivi qualitatif, le PlayStation Network de la Vita pourrait éviter le côté cour des Miracles de l’App Store, où les jeux les plus innovants sont parfois noyés dans un océan de titres à petit budget mal finis. Et, afin de rassurer des développeurs souvent inquiets de la concurrence qui fait rage dans le secteur des jeux dématérialisés, le fabricant promet même des bannières de publicité sur le PSN pour les titres de qualité et les jeux exclusifs. « J’en donne la garantie », affirme George Bain. Sony a lancé ses hameçons. Reste à voir si les développeurs indépendants mordront.
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