Places de marché :une infrastructure personnalisée

Une place de marché est assez comparable à un salon informatique. De la même façon qu’il existe des salons organisés par des sociétés spécialisées et d’autres initiés par un éditeur, il y a deux modèles de places de marché : celles que l’on crée et celles auxquelles on adhère. L’équivalent des allées d’exposants est, sur le Net, le catalogue des produits et des services qui constituent le c?”ur, et la partie la plus visible, de la place de marché. L’analogie entre les salons et le Net s’arrête là. Car, à la différence des premiers, qui visent simplement à mettre les acheteurs et les vendeurs en contact, l’objectif du second est de reproduire dans leur intégralité sur Internet les procédures usuelles entre clients et fournisseurs.

Une architecture dépendant du type d’utilisation

L’architecture d’une place de marché est conditionnée par son usage. Le premier critère tient à l’aspect stratégique des biens ou des services échangés ou acquis par son intermédiaire. Dans ce domaine, on peut distinguer trois degrés d’importance : le premier englobe ce qui touche à la production, le deuxième est lié à la maintenance des outils de production, le troisième aux achats de consommables ou d’équipements pour les autres services de l’entreprise. Un deuxième grand critère mesure le caractère technique, ou non, des biens de la transaction. Les spécifications techniques d’une chaise importent moins que son prix, à l’inverse pour un composant chimique ou une pièce d’avion par exemple, elles sont essentielles.Si le catalogue listant les fournisseurs ou les partenaires constitue l’une des pièces maîtresses de l’infrastructure d’une place de marché, cette dernière ne saurait fonctionner sans cinq autres composants essentiels liés à la sécurité, au routage des données, à l’intégration des applications du système d’information de l’entreprise, à l’exploitation et à l’administration. Il est possible de tracer une frontière entre ce qui se passe à l’intérieur du réseau de l’entreprise et à l’extérieur. Dans l’entreprise, la participation à une place de marché se distingue d’abord par les interfaces logicielles qu’elle met en place avec les applications de gestion existantes. Middleware, interfaces EDI, composants JavaBeans ou Corba, connecteurs XML, ces éléments sont autant de traducteurs intercalés entre son système d’information et l’extérieur. À ce niveau d’infrastructure, il faut également envisager la question de la sécurité, qu’il s’agisse de chiffrer les données, d’établir des réseaux privés virtuels ou d’authentifier les interlocuteurs ou les transactions elles-mêmes. La difficulté est alors proportionnelle au degré d’ouverture envisagé. Plus l’audience d’une place de marché est large, plus l’éventail des technologies d’interconnexion doit être vaste pour permettre à tous les intéressés d’y participer sans investissement supplémentaire. Il faut aussi prendre en compte, à ce niveau, la sécurité des transactions : réseau privé virtuel ou échange de certificats.

Un moteur transactionnel au c?”ur de la place de marché

Le moteur transactionnel devra non seulement gérer la transmission des documents entre un acheteur et son fournisseur, mais aussi les services parallèles offerts : négociation de contrats en ligne, contrôle de la validité du contrat signé, gestion des paiements, et la mise à jour en temps réel des données du catalogue à partir des systèmes d’information. Ces fonctions sont assurées par les modules du moteur de transaction ou par l’agrégation de plusieurs logiciels, qui utilisent pour certains XML, pour d’autres des JavaBeans ou Corba, pour dialoguer entre eux. Pour le reste de l’infrastructure, tout dépend de la fonction de la place de marché. Proposée par un tiers, elle peut être soit un lieu d’échanges thématiques (les instruments de mesure, par exemple), d’enchères (comme eBay), un moyen pour l’entreprise de déstocker à moindre coût ses invendus, ou encore l’agrégation des offres d’un grand nombre de fournisseurs. La place de marché peut aussi être créée par un groupement industriel et devient alors une centrale d’achat. À cette variété de “métiers”, s’ajoute un éventail de fonctions : services financiers pour garantir le paiement, prestations de transport et de logistique, outils marketing pour les vendeurs. Ces possibilités ont donné naissance à de nombreux outils ou composants qui viennent se superposer au c?”ur de l’infrastructure. L’une des technologies clés dans ce domaine est naturellement celle des services web. Mais ce premier niveau d’intégration est en général insuffisant.

La plupart des fonctions sont assurées par des moteurs spécifiques

Dans la pratique, la plupart de ces fonctions sont assurées par des moteurs spécifiques qui dialogueront avec le moteur transactionnel lorsqu’ils n’en font pas directement partie. Certains sont relativement simples : comme les logiciels de gestion des enchères. D’autres sont nettement plus complexes, comme les outils de publication et de gestion des catalogues, grâce auxquels les membres d’une place de marché pourront structurer de façon pertinente leurs listes d’achats ou, pour des vendeurs, profiter de l’expérience de grandes entreprises pour améliorer la présentation de leur catalogue en ligne. Autre domaine particulièrement complexe, les négociations en temps réel, dont le fonctionnement est comparable à celui d’une Bourse aux valeurs. Ces places de marché d’un nouveau genre, généralement arbitrées par des institutions pouvant être reconnues comme neutres, ont essentiellement pour vocation d’échanger à la dernière minute des surplus volatiles, comme un stock de produits chimiques périssables ou une surcapacité en énergie.

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