Il y a quelques années, pour l’industrie de la musique, l’internaute était essentiellement un pirate. Aujourd’hui, il est surtout un fan. C’est la tendance qui se dégageait de la dixième édition du MidemNet à
Cannes, les 17 et 18 janvier 2009.Ce cycle de conférences et de débats consacrés aux nouvelles technologies dans le marché de la musique s’était en effet focalisé sur le business du fan : entretenir son intérêt, fournir des contenus exclusifs, tisser une relation
étroite avec l’artiste… Tout cela pour qu’au final il achète quelque chose. ‘ Le but est d’arriver à monétiser la relation artiste-fans, pas juste d’être sympa ‘, a
prosaïquement rappelé Jessica Sandin, de la société de conseil ‘ ?What If! Digital ‘.Car le fan reste avant tout un consommateur. Il n’y a qu’à jeter un ?”il sur les intitulés des débats qui ont eu lieu dans l’amphithéâtre Debussy du Palais des festivals : ‘ La voix des
fans ‘, ‘ Pourquoi il est important de connaître les fans ‘, ‘ Satisfaire les fans ‘, ‘ Fans et artistes, partage d’expériences ‘,
‘ Mettre en contact fans et artistes ‘, ‘ Satisfaire les artistes, satisfaire les fans : comment faire ? ‘. Cela confine presque à l’obsession. D’autant que la plupart des
acteurs sont d’accord pour dire que l’industrie musicale a beaucoup à faire en la matière.
‘ Les artistes doivent faire du blog, du réseau social… ‘
‘ Les sites d’artistes sont encore extrêmement pauvres, estime Neil Cartwright, directeur et fondateur de Million Media, spécialiste du marketing numérique dans la musique (Jamiroquai,
The Prodigy, le label The Orchard font partie de ses clients). Créer des sites Web, collecter des données, animer des communautés, certains artistes sont nés dedans et le font même pour s’amuser, mais la plupart
n’ont pas le temps ‘.Pour Denzyl Feigelson, fondateur de la société Awal (Artist Without a Label), spécialisée dans le conseil en marketing numérique, pour que cela fonctionne, il faut que quelqu’un soit connecté 24 heures sur 24,
quelqu’un du groupe ou de son entourage. ‘ Autrefois, c’était simple. Les groupes couraient après un contrat, les labels faisaient le plan marketing incluant radio, tournée, promotion. Puis des rondelles de plastique
arrivaient dans les magasins, et on espérait que les gens allaient les acheter. Maintenant, les artistes doivent être partout, faire du blog, du réseau social, lire, apprendre. C’est sans fin. ‘
Une tournée financée par les internautes
Fans et musiciens étaient aussi là pour raconter leurs expériences. Comme le webmaster du site italien MadonnaTribe, le responsable du Pearl Jam Ten Club ou la chanteuse Jill Sobule, qui enregistre son prochain album grâce aux dons des
internautes. Mark Kelly, du groupe anglais Marillion, a relaté comment, à la fin des années 1990, les fans ont financé une tournée américaine.Ayant appris par l’intermédiaire d’une mailing list que Marillion n’en avait pas les moyens, les fans lui ont envoyé 60 000 dollars par Internet. ‘ Y compris des gens qui
savaient qu’ils n’iraient pas aux concerts. Simplement, ils aimaient ce que l’on faisait et voulaient que ça continue ‘, a expliqué Mark Kelly. Le groupe poursuit depuis une carrière en ligne, entièrement
financée par les fans, EMI se charge de la distribution.Dans ce contexte, un groupe était particulièrement à l’honneur : Nine Inch Nails, dont toute la stratégie marketing en ligne a été détaillée, depuis
l’album Year Zero, en 2007. Désormais sans maison de disques, le groupe multiplie les
initiatives en ligne à l’adresse de ses fans.Et dire qu’il n’y a pas si longtemps, l’industrie ne jurait que par les sonneries de téléphone…A lire aussi :
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