Leur incompréhension est totale, leurs objectifs économiques sont toujours divergents, mais on a assisté, hier, à Cannes, à une petite évolution dans le dialogue de sourds qui prévaut aujourd’hui entre les professionnels du cinéma et de
la musique et les FAI (fournisseurs d’accès à Internet).A l’occasion d’un colloque antipiratage qui se tenait sur la Croisette, Pascal Rogard, le directeur général de la
SACD (Société des auteurs et compositeurs dramatiques) a appelé à l’organisation d’une table ronde, sous l’égide des pouvoirs publics, entre les représentants des industries culturelles et les FAI.Peu avare de propositions, il a également suggéré à l’Etat français de proposer à ses partenaires européens une baisse de la TVA sur les téléchargements de contenus audio et vidéo en ligne.Entre-temps, les FAI restent accusés par les professionnels du septième art de se servir du téléchargement (illégal) de films comme ‘ tête de gondole ‘ pour écouler auprès du grand public des abonnements
d’accès à Internet haut débit.Cette esquisse de dialogue devenait nécessaire, si l’on considère l’ampleur des dégâts provoqués par le pillage des contenus culturels. ‘ Aucun modèle économique ne peut résister à une telle
déferlante ‘, a expliqué le président de la
Sacem, Laurent Petitgirard. L’heure est donc au dialogue – même timide – avec les FAI. Faute de mieux, car beaucoup ont encore les nerfs à vif.
‘ On ne peut pas faire un doigt d’honneur à toute une génération ‘
Ainsi hier, en réponse à un intervenant du camp Internet qui évoquait une certaine ‘ rigidité des ayants droit ‘, Laurent Petitgirard a pour sa part glissé que
‘ si les ayants droit sont rigides, c’est parce qu’ils crèvent ! Et si rigidité il y a, il s’agit d’une rigidité cadavérique ! ‘ Ambiance…La plupart des intervenants à la manifestation ont reconnu qu’il convenait également de faire ?”uvre de pédagogie envers le grand public. A propos de la récente et très controversée
campagne de lutte contre le piratage récemment lancée par le
Snep (Syndicat national de l’édition phonographique), le président de la Sacem – décidément très en verve – a donné le la.En précisant ‘ qu’il s’agissait d’une initiative d’une vulgarité incroyable ‘ et, ‘ que l’on ne pouvait pas faire ainsi un doigt d’honneur à toute une
génération ‘.‘ Il faut éduquer les jeunes, a entonné de son côté le cinéaste Luc Besson. Aujourd’hui, un ado qui paie un abonnement à Internet, c’est un peu comme s’il entrait sur un terrain de jeu,
sans qu’on lui en explique les règles. ‘ Aux yeux du grand public, le forfait d’accès à Internet donne en effet, à tort, carte blanche pour télécharger illégalement sur le Web.Nicolas Seydoux, PDG de Gaumont et président de l’Alpa (Association de lutte contre la piraterie audiovisuelle), a enfoncé le clou en affirmant qu’il fallait ‘ gagner le combat de l’opinion publique en faisant
passer ce message clair que le libertaire [dont se prévalent certains internautes, NDLR] tue la liberté [entendons la liberté de création, NDLR). ‘Cependant, au-delà des discours, et des bonnes intentions, existe-t-il vraiment des solutions pour inverser une tendance qui pourrait menacer de mettre en péril toute l’industrie du divertissement ? En France, l’Alpa a déjà exploré
avec un succès certain la voie répressive, qui consiste à
faire traduire en justice les fraudeurs.Mais cela ne saurait suffire à endiguer le phénomène. Tôt ou tard, des solutions techniques viables devront voir le jour. Peut-être à l’image de ce qu’entend faire Canal Plus. Le groupe de communication vient en effet de racheter
Moviesystem, une plate-forme qu’il souhaite transformer à terme en un ‘ iTunes ‘ (le service de musique en ligne d’Apple) de la diffusion payante de films sur Internet.
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.