C’est dans un café parisien et sans faste que l’équipe de Pinterest avait choisi de rencontrer la presse ce jeudi 19 juin. Un lieu exigu mais tendance, à l’image du réseau social qui se retranche derrière des airs modestes tout en embrassant de grandes ambitions. Ben Silbermann, le cofondateur et CEO du site était venu porter la bonne parole à Paris, un an après le lancement de sa start-up en France.
Un rêve de collectionneur
« Quand j’étais enfant, j’étais un grand collectionneur », explique-t-il. Alors un jour, Ben Silbermann raconte avoir voulu continuer à collecter photos d’insectes et de papillons sur le web. Voilà pour la légende. Plus prosaïquement, cet ancien employé de Google a créé en 2008 une appli mobile permettant à ses utilisateurs de créer des catalogues à partir de sites de vente en ligne. Devant le succès rencontré par la collecte d’image de produits, il a décidé avec ses associés de décliner le principe en réseau social et de lancer le site Pinterest en 2010 aux Etats-Unis.
Pinterest vous permet de trouver, collecter et partager des images en rapport avec vos centres d’intérêt. Dans le jargon maison, on appelle ça « épingler ». D’où le nom du site, contraction de « pin » et « interest », ainsi que celui de ses membres rebaptisés épingleurs.
La France, pays d’adoption de Pinterest
Aujourd’hui, Pinterest compte 300 salariés dans le monde et plus de 60 millions d’utilisateurs. En France, c’est Stéphanie Tramicheck qui dirige l’antenne depuis 2013 avec sous ses ordres… seulement deux collaboratrices. La société refuse de communiquer le nombre d’utilisateurs actifs dans notre pays. Tout juste peut-on savoir que leur nombre aurait augmenté de 138% en un an, et celui des comptes professionnels de 196%.
« La France est le pays non anglophone le plus actif sur Pinterest », nous apprend la Directrice Générale. Au top 5 des thématiques les plus prisées chez nous : le Do It Yourself, la mode, la déco, l’art et la cuisine. L’extrême popularité de ces deux dernières serait même une spécificité française. « Nous sommes en train de devenir le carnet de cuisine digital des Français », souligne avec amusement Stéphanie Tramicheck.
Autre particularité hexagonale, la volonté de scinder vie privée et vie pro. Ce qui a poussé Pinterest à mettre en place un système de tableaux secrets en nombre illimité, visibles seulement par l’utilisateur ou en cercle restreint. Mais pour le moment, notre pays reste épargné par la publicité qui a fait son apparition cette année aux Etats-Unis. Il faut dire que le réseau social est une véritable poule aux œufs d’or pour les marques et les annonceurs.
Une audience hyper qualifiée
La première force de Pinterest, c’est d’encourager le passage à l’acte d’achat même pour des produits qui ne sont présents que dans des magasins physiques. « Lorsqu’un internaute réalise un achat à partir d’un produit épinglé sur Pinterest, son panier moyen s’élève à 160 dollars. Sur Facebook, il n’est que de 80 dollars », détaille Stéphanie Tramicheck. Tout simplement parce que les utilisateurs ne partagent pas du contenu de façon aussi désinvolte que sur un autre réseau social : ils n’épinglent que des produits dont ils rêvent. L’envie d’achat est donc déjà latente au moment d’épingler. Il y a logiquement plus de chance que l’internaute concrétise ensuite son aspiration. « Pinterest est comme un magasin où tout a été fait en fonction de ses goûts », résume Ben Silbermann.
L’autre arme secrète du réseau social, ce sont les données très fines des utilisateurs qui déclinent avec beaucoup de détails leurs goûts et leurs passions. Une mine d’or pour les annonceurs qui ont ainsi accès à une audience hyper qualifiée pour cibler davantage leurs offres. Mais ce n’est pas tout : les épingleurs affichent aussi leurs préoccupations : Comment vais-je décorer mon prochain appartement ? Quelle recette concocter au dîner ce soir ? Une aubaine pour les liens sponsorisés.
Enfin, Pinterest est un gros générateur de trafic. C’est le cas, par exemple, pour le site Vogue qui a multiplié le nombre de visiteurs vers son site par 2,3 en un an. Sans compter les gains en termes d’image. Ce qui explique que des institutions et des musées commencent à s’y intéresser. Même le Louvre s’y est mis !
Voir la vidéo de présentation de Pinterest :
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