La start-up reste bien adossée à la chaîne de supermarchés Cora, dont elle est la filiale.
01net.economie : Vous êtes le fils de Philippe Bouriez, patron de Cora, l’une des enseignes du groupe, – qui compte soixante magasins en France. Cela explique-t-il pourquoi vous êtes à la tête du premier cybermarché français? Pierre Bouriez : Pas tout à fait, car mon métier aujourd’hui n’est pas celui d’un grand de la distribution. D’ailleurs, je n’y connaissais rien il y a neuf mois, quand je suis retourné dans l’entreprise familiale avec le projet Houra sous le bras. Car j’ai fait beaucoup de choses avant d’arriver ici. J’ai notamment travaillé pour Neutrogena – la crème pour les mains des Norvégiens – comme ingénieur en usine, puis au marketing. J’ai ensuite été embauché par la Générale des Eaux, afin de développer ses activités de télévision sur le câble. J’ouvrais des agences en province. Toujours dans le domaine de la télévision câblée, j’ai travaillé à la Lyonnaise Câble, sur le développement du Cybercâble. Je suis donc un professionnel d’Internet et un spécialiste du marketing.Vous avez quand même exploité les savoirs et les ressources de Cora?Non, car nous avons, par exemple, notre propre logistique. Livrer à partir de commandes passées sur un site ne correspond pas du tout aux plates-formes logistiques qui existent en supermarché aujourd’hui. Nous travaillons aussi avec les centrales d’achat de Cora, mais nous avons nos propres fournisseurs. Nous avons bien entendu des accords avec plusieurs transporteurs, dont Dubois et Calberson. Nous avons aussi contacté La Poste, qui a créé un département Commerce électronique pour répondre à des gens comme nous, mais elle est aux abonnés absents, visiblement pas intéressée par un client tel que nous. Ce que je trouve quand même un peu lamentable. Bon, nous restons une filiale à 100 % de Cora. Nous n’envisageons d’ailleurs pas, à moyen terme, d’inviter des investisseurs à entrer dans notre capital. Mais nous avons voulu créer une nouvelle enseigne en plus de celles que comprend déjà le groupe familial. Il nous faut asseoir Houra sur un nouveau concept et faire comprendre aux gens que, pour acheter sur Houra, on n’a pas besoin de sortir la voiture du garage.Vous avez choisi d’afficher des prix extrêmement compétitifs, ce qui vous place sur le même créneau que Ooshop ou Telemarket. Comment comptez vous gagner de l’argent rapidement?Nous n’avons pas encore d’objectif de chiffre d’affaires, nous ne savons vraiment pas comment va se développer le site. Et puis, vous savez, pour nous, Houra représente pour l’instant plus un acte de foi qu’un projet avec des objectifs de rentabilité à court terme. Notre équilibre financier sur le Net ne sera pas facile. Nos prix sont compétitifs mais baisser davantage aurait été suicidaire. Nous y perdons quand nous faisons payer la livraison 47 francs. Vous vous imaginez combien coûte le transport d’une télévision dans toute la France? Par contre, nous espérons 100 000 clients à la fin de l’année. Ce seront des clientes, trente-cinq ans, mères de famille urbaines, avec des enfants en bas âge, qui en ont assez de subir la corvée du samedi après-midi. Nous accueillons évidemment les hommes à bras ouverts.Pourquoi ne vendez-vous pas de produits frais sur votre site?Je ne pense pas que nos cyberclients apprécient de pouvoir acheter leurs yoghourts sur le Net, ils préfèrent que Houra leur permette de dégager du temps pour aller plus souvent faire leur marché. Les hommes célibataires seront peut-être déçus. Nous n’avons pas non plus prévu de coupons de réduction à l’achat et autres procédés de fidélisation qui, pour l’instant, sont financièrement problématiques pour nous. Les Auchan et autres Carrefour (qui possède déjà Ooshop) ont été plus lents à dégainer, mais ils vont aussi arriver.Comment les accueillerez-vous?Plus on est de fous, plus le marché se développe. Bien entendu, mieux vaut être le premier. ” Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué, mais mieux vaut être le premier sur sa trace ” : j’ai vu passer ce proverbe ce matin, cela correspond bien à notre stratégie. Quels sont vos outils et vos partenaires technologiques? Notre solution de sécurisation en ligne est SSL. Nous utilisons SAP pour le back office, Oracle pour nos bases de données. Nous avons choisi Vignette, logiciel de publication en ligne et ISDNet, fournisseur d’accès. Les serveurs ont été achetés à Sun, et nous avons fait appel à la société A2C pour les développements applicatifs. Voilà, vous savez tout.Des projets de développement européen? Pas pour lannée 2000.
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