À la tête d’une équipe de sept personnes issues des métiers de la finances et des sciences Pierre Battini, gestionnaire au Crédit Lyonnais Asset Management (200 millions d’euros, soit environ 1,31 milliard de francs, gérés dans le cadre des FPCI), regrette le retard de la France en matière de capital risque dédié aux entreprises émergentes. Le Nouvel Hebdo : Malgré le marasme actuel, vous lancez un nouveau FCPI [fonds commun de placement pour l’innovation, NDLR]. Quelle sera l’orientation du portefeuille ?Pierre Battini : Pour au moins 60 %, il sera constitué d’actions de sociétés non cotées disposant d’une réelle avance technologique par rapport à la concurrence et issues de secteurs porteurs, notamment les NTIC, les valeurs liées à la santé et aux biotechnologies. D’un montant initial de 33 millions d’euros (qui pourra être porté jusqu’à 50), ce fonds a pour objectif de prendre entre 20 à 25 participations, afin de mutualiser les risques. Nous ne nous contenterons pas d’accompagner étroitement les sociétés sélectionnées dans leur développement, mais nous serons aussi présents dans leur conseil de surveillance. Nous n’investirons qu’en France, car le marché du capital risque est avant tout un marché de proximité. Le moment est-il bien venu ?Il y a une double demande. Du côté des souscripteurs, les FCPI offrent un avantage fiscal très recherché. Ils bénéficient d’une réduction d’impôt égale à 25 % du montant investi dans la limite de 22 900 euros pour un couple marié et 11 450 pour un célibataire. Un avantage fiscal qui n’a plus d’équivalent en France. Et il existe une multitude de projets dans le secteur des TMT et des biotechnologies. Songez que le capital-risque en France a déjà trente ans et qu’il reste sous-dimensionné. Et je crois en son avenir. Quelques chiffres s’imposent face aux discours défaitistes du moment. Le montant du capital-risque ne représente que 0,08 % du produit intérieur brut de notre pays. Aux États-Unis, le même ratio s’élève à 1 %. Des pays beaucoup plus petits que nous, comme la Finlande ou les Pays-Bas, investissent autant qu’ici dans le capital-risque dédié aux start-up. La France a un retard à rattraper.Quel avenir voyez-vous pour l’industrie du capital-risque, les FCPI notamment ?Les FCPI devraient attirer de plus en plus d’épargnants. Pas seulement en raison de leur avantage fiscal, mais aussi pour les performances à long terme des FCP dédiés à l’innovation. Sur les dix dernières années, les FCPI affichent un TRI [taux de rendement interne, NDLR] de l’ordre de 25 %, contre quelque 10 % pour les placements en actions et 7,8 % pour les obligations d’État et l’immobilier. Le problème en France, c’est que les assureurs et beaucoup de banquiers ont une aversion pour le risque.
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