Le nouveau terminal Android haut de gamme de Google et fer de lance de la stratégie premium de la marque intéresse beaucoup les photographes depuis que DxO Mark, référence de la mesure de qualité d’image, l’a classé au firmament des photophones devant les téléphones d’Apple et Samsung.
Personne n’a encore pu tester le fameux téléphone, mais une question a été soulevée dès la présentation de la fiche technique : l’absence de la stabilisation optique. Une question qui profite aujourd’hui d’un début d’explication officielle. Sur le forum de Google dédié aux discussions autour du Pixel et repéré par SlashGear, un ingénieur responsable de la partie photo s’est en effet prononcé sur le fait que Google ait privilégié la stabilisation électronique (EIS, electronic image stabilization) à la stabilisation optique (OIS, optical image stabilization).
« L’EIS et l’OIS ont des buts différents […]. L’OIS est prioritairement dédié à la photo, l’EIS à la vidéo. […] L’OIS est utile dans la photo en basses lumières […] mais il implique des compromis, notamment en ce qui concerne les dimensions physiques (il aurait été plus complexe de maintenir produire un appareil aussi fin/petit comme l’est le Pixel). Et en dépit de l’absence d’OIS, le Pixel est très performant dans la photographie en basses lumières, battant les autres (modules) caméras (pourtant) équipés d’OIS. »
Reste à voir si les affirmations – et prétentions ! – de Google se vérifient lors d’un test face aux ténors de la photo que sont Samsung, Apple, OnePlus et autres… Mais il est intéressant de noter que Google fait plus confiance à ses ingénieurs logiciels qu’aux ingénieurs matériels. Car l’employé de Google ajoute que cette domination supposée est le fruit « d’algorithmes exceptionnels, notamment le HDR+. Et en utilisant des algorithmes logiciels plutôt qu’une stabilisation optique matérielle, le Pixel peut s’améliorer avec le temps (via des mises à jours logicielles, ndr) ».
Explication de Google incomplète
Intéressante dans l’approche et l’honnêteté, cette explication est partiellement incomplète. Il faut rappeler dans un premier temps que dans un téléphone, toute pièce matérielle s’exploite à partir d’une source logicielle (algorithmes, logiciels). Ainsi, les ingénieurs pourraient tout à fait améliorer la prise en charge de l’OIS en la couplant, par exemple, à l’EIS ! C’est ce que font notamment Panasonic ou Olympus dans leurs appareils photo : si chacun avait parié sur deux stabilisations différentes (Pana sur l’optique, Olympus sur la mécanique du capteur), les deux ont réalisé que deux stabilisations valent mieux qu’une. D’aucuns pourraient affirmer que le contexte des smartphones est différent en cela que leur optique est une focale fixe en grand-angle et non-interchangeable. C’est un fait, mais une chose est sûre : Apple et Samsung conservent l’OIS pour de bonnes raisons.
Les autres raisons de l’absence d’OIS
A l’explication de l’amélioration logicielle et des difficultés d’intégration – qui sont, soit dit en passant, un aveu d’infériorité technique puisque Samsung et Apple (notamment) y parviennent – s’ajoutent d’autres explications potentielles. L’OIS requiert au moins un gyroscope dédié (et un second dans le cas où il est couplé à un EIS), ce qui mène à une plus grande complexité de conception (ajout de composants) mais aussi à une plus grande consommation énergétique, la lentille flottante qui compense les mouvements étant pilotée physiquement.
En retirant l’OIS et en s’appuyant sur le logiciel, Google limite un peu la consommation énergétique de son Pixel et économise de l’argent, tant dans la conception que dans la production de l’appareil.
La stabilisation optique pas encore vaincue
Le monde des appareils photo démontre que l’attrait de Google pour le logiciel est une vraie tendance : l’explosion de la puissance des processeurs, des boîtiers et l’amélioration constante des algorithmes on fait progresser l’autofocus, la vidéo, la correction logicielle, etc. de manière spectaculaire ces dernières années.
L’OIS a cependant quelques arguments sous le coude, en termes de qualité d’image dans certains cas (action, astronomie, etc.) mais aussi en vidéo, notamment 4K. Avec un capteur de 12 Mpix soit 4000 x 3000 points, le Pixel ne dispose pas de beaucoup de « gras » horizontal pour stabiliser une image 4K qui fait 3840 pixels de large. Une lentille de stabilisation optique apporte un vrai plus pour limiter d’avoir recours à un recadrage trop violent de l’image. Sans parler des téléobjectifs, certes pas encore d’actualité dans les smartphones, dont les mouvements sont bien plus difficiles à corriger de manière logicielle.
D’une façon générale, de même que la télévision n’a pas tué la radio, la stabilisation électronique ne devrait pas tuer (de suite) la stabilisation optique puisque les constructeurs ont appris à coupler les stabilisations entre-elles.
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