En fin d’année dernière, le HTC 10 se plaçait bon dernier de notre top 10 des smartphones haut de gamme en photographie. Faible dans tous les domaines, le 10 nous avait fait craindre que la marque taïwanaise ne finisse par dévisser totalement dans un domaine dans lequel elle avait pourtant beaucoup investi – pas toujours de la bonne façon soit dit en passant. Quelques mois plus tard, voici que le U11 débarque à la rédaction. Un terminal surprenant qui prouve qu’un retour au top est toujours possible… quand on fait les bons choix.
Célébré par DXO
Meilleur smartphone en photo le HTC U11 ? C’est en tout cas ce qu’affirment les équipes de DxO Mark. Sise à Boulogne et possédant plusieurs bureaux de par le monde, l’entreprise française qui développe des logiciels grand public et professionnels dédiés à la photo s’est fait un nom dans le monde de l’image en développant DxO Mark, un indice de notation de qualité des optiques et des capteurs d’image. Des savoir-faire qui ont été déclinés aux smartphones sous la bannière « DxO Mark Mobile », un « label » qualité mis en lumière du grand public lors de l’annonce du Pixel, smartphone signé Google non lancé en France qui s’est arrogé la première place du podium l’an dernier. Une première place désormais ravie par HTC et son nouveau U11 qui affiche 90 points, la note maximale jamais atteinte.
Typés labo, les tests de DxO Mark Mobile ne tiennent cependant pas compte des usages normaux : de la facilité de basculer d’un mode à l’autre à la vitesse perçue, en passant par le rendu « à l’œil » des couleurs. Il importait donc de prendre en main et de vérifier si la célébration technique de ce laboratoire passait l’épreuve de « la vraie vie ».
U11 : une fiche technique solide
On le verra plus loin quand nous parlerons en détails du capteur, mais le U11 est un appareil que HTC a voulu « fiable » en privilégiant une fiche technique solide à défaut d’être ultra novatrice. Le capteur est un 12 Mpix à capteur dit « rétroéclairé » (BSI) et profite d’une optique lumineuse (f/1.7) stabilisée (OIS). HTC a préféré se reposer sur une stabilisation optique plutôt qu’électronique (Google Pixel) ce qui semble logique, les stabilisations électroniques (EIS) de qualité s’appuyant sur des algorithmes pour l’heure uniquement maîtrisés par une poignée d’acteur (Google est un géant logiciel après tout). Rien que sur papier, le module caméra du U11 s’annonçait comme performant… pour peu que le traitement logiciel suive.
Si elle n’est pas au cœur de notre test, la caméra frontale profite d’un capteur plus riche en pixels (16 Mpix) mais plus petits et portés par une optique un peu moins lumineuse (f/2) et non stabilisée. De quoi répondre aux besoins des Narcisses. Côté audio HTC, qui a toujours eu une grande expertise dans ce domaine, promet une captation qui pousse jusqu’au 24 bit/192 kHz.
12 Mpix, le consensus
La première mention Ultrapixel date du HTC One (M8). Et fut un fiasco. Certes les photosites étaient grands (4 microns) mais cela se fit au détriment de la définition d’image, limitée à l’époque à 4 Mpix. Ce choix justifié à l’époque par l’envie de limiter la quantité de photosites (improprement appelés pixels) au profit d’une plus grande sensibilité et qualité d’image a fait trébucher HTC avec ses One M7 et M8 alors même que le One S, de la génération précédente, offrait un piqué d’image inégalé à l’époque. L’excès des One M7 et M8 a entraîné un excès inverse avec le M9 qui souffrait, à contrario, d’un trop plein de pixels (20 Mpix soit x5 plus!).
L’Ultrapixel version 3 intégré dans ce U11 est rentré dans le rang et ressemble à ce que propose la concurrence haut de gamme : des photosites de 1,4 micron. C’est mieux que les Huawei P10 et iPhone 7 (1,2 micron) mais moins que le Google Pixel (1,55 micron), tous deux aussi équipés d’un capteur de 12 Mpix. Une définition « consensus » qui offre un bon équilibre entre sensibilité d’image et définition suffisante. HTC a compris s’être trompé et a préféré assurer plutôt que d’innover pour innover. On valide ce choix.
Ecran lumineux
Côté écran, le U11 ne déçoit pas : la définition est généreuse (Quad HD, soit de 2560 x 1440 points) et la dalle est suffisamment lumineuse pour cadrer des images même en plein jour. Le rendu des couleurs est bon et moins saturé que chez les concurrents coréens ou chinois. Selon nous, le Galaxy S8 offre toutefois une prestation supérieure avec un confort de cadrage excellent et une perception des détails largement supérieure. Si la partition de HTC est bonne, voilà un domaine dans lequel le taïwanais a encore une marge de progression.
Clichés détaillés et naturels
Des couleurs justes, chaudes, agréables à l’œil, une optique piquée et des clichés bien détaillés : entre le HTC 10 et ce HTC U11 c’est tout bonnement le jour et la nuit ! Les ingénieurs logiciels ont particulièrement bien travaillé et ont trouvé un bon équilibre entre mise en valeur des détails et aspect naturel des images, une alchimie logicielle très dure à trouver. La stabilisation efficace et l’ouverture à f/1.7 permettent de travailler tranquillement jusqu’au 1/10e de seconde, sans compter que l’appareil n’hésite pas à taquiner les 2000 ISO quand il le faut (lire plus loin « Bruit numérique enfin accepté »). Du côté de l’intelligence de l’analyse de l’image, on note une légère tendance à la surexposition, mais rien de bien grave – et cela évite les images cramées.
Comme les terminaux haut de gamme les plus sérieux, le U11 propose l’enregistrement des clichés au format RAW en plus du Jpeg. Ce « négatif » numérique est un fichier qui doit être « développé » par le biais d’un logiciel, une opération un peu lourde pour le commun des mortels mais qui permet de récupérer une bonne quantité de détails dans les hautes comme dans les basses lumières.
Seul reproche : la traduction française boiteuse qui affiche « Formater » en RAW pour une raison inconnue.
Basses lumières maîtrisées
Dans ce domaine le capteur « classique » du HTC U11 fait un meilleur travail que celui du Samsung Galaxy S8 qui paye le revers de la structure dual pixel. Si la séparation des photosites en deux lui permet de profiter d’une vitesse d’autofocus imbattable, cette vitesse se fait au prix d’une perte de lumière captée. Avec ses photosites normaux et un bon travail des algorithmes, le U11 interprète fidèlement les couleurs quand la lumière vient à manquer, ce qui est rare chez les smartphones.
Pareillement, le niveau de détail se maintient très bien comme ici sur ce shoot de bibliothèque où on perçoit très bien la texture très « textile » des livres de Joe Sacco, même à 2000 ISO. Outre la qualité des algorithmes d’analyse de l’image déployés par HTC, la bonne tenue du U11 dans les basses lumières tient à un parti pris : accepter et accompagner intelligemment le bruit numérique.
Bruit numérique enfin accepté
Examinées à la loupe, les séquences vidéo et clichés capturés en basses lumières démontrent un parti pris fort de HTC : l’acceptation du bruit numérique. Comparés à des fichiers produits par le smartphone haut de gamme de Samsung, marque réputée pour son lissage fort qui donne du punch aux images, les photos et vidéos qui sortent du HTC U11 sont plus bruitées, fourmillent plus quand les photons se font rares. La raison étant que HTC a décidé de conserver ce grain, une préservation bien plus fine des détails et un rendu bien plus naturel. Quand les clichés et séquences des concurrents semblent exagérément lisses et comme prises au travers d’une vitre, les médias capturés par le U11 se rapprochent bien plus de la vision humaine en basses lumières.
Si tout est affaire de goût, nous validons doublement ce choix. Primo et de manière toute subjective, le bruit numérique quand il est de qualité permet de s’approcher du grain argentique qui donne, dans certaines situations, du « chien » aux images. Ensuite parce qu’on peut tout à fait lisser un cliché bruité, alors qu’il est bien plus dur de réinjecter du bruit dans un cliché lissé sans faire baisser notablement la résolution d’image. Le traitement logiciel de HTC est encore loin d’être parfait et souffre d’un AF moins précis en basses lumières que ce dont dispose Samsung (quelques pertes de nettetés entraînent des flous), mais la marque est sur la bonne voie.
En clair : pour nous, HTC a fait le bon choix en n’étouffant pas le bruit numérique sous des algorithmes de lissages trop puissants.
Interface épurée, des lenteurs
Après moult tentatives, HTC a arrêté ses expérimentations autour de l’interface photo type « Zoe » et propose un logiciel photo épuré mais lisible et compréhensible. L’interface répond rapidement et on passe facilement d’un mode à l’autre en déroulant le menu sur la gauche. Nous préférons l’interface du S8 de Samsung mais ce dernier profite d’un écran 18/9e qui offre plus de surface pour ajouter des commandes. Son écran incurvé sur les bords n’est en revanche pas sans défauts quand la dalle plus classique du U11 est plus « normale » et donc plus agréable. De même que ses icônes comptent parmi les plus jolies du monde des smartphones. Un très bon point.
Si l’interface logicielle est plaisante, elle n’est pas exempte de défauts. Citons notamment la bascule entre les modes photo/vidéo qui prend du temps alors qu’on shoote indifféremment des images fixes ou animées avec un Galaxy S8 en choisissant juste le bon déclencheur. Autres reproches : le resserrement de focale en Full HD qui fait perdre beaucoup de grand angle par rapport aux modes HD et 4K, ou encore le peu de paramétrages en mode vidéo (débit de trames) qui forcera les vidéastes sérieux à passer par une application tierce.
Dans l’ensemble, l’interface logicielle du HTC U11 est plaisante et marque une vraie maturité de la part du constructeur taïwanais après quelques années d’errance. Il faut juste optimiser (et accélérer) un peu les manipulations.
Vidéo : compression de grande qualité
La qualité du traitement des images fixes profite grandement à celles des images animées. Comparé au Galaxy S8 en vidéo 4K, le HTC U11 produit des images aux tons plus naturels mais aussi plus détaillés. Les affirmations quant à la qualité des algorithmes de compression de HTC n’étaient donc pas de la poudre aux yeux : sur ces deux captures de séquences vidéo – de nuit et de jour – on perçoit bien la plus grande finesse de traitement des détails par le HTC U11. Du très bon travail de la part des ingénieurs logiciels.
Si la partition côté compression d’image est vraiment excellente, nous regrettons deux choses : un recadrage brutal de l’image en Full HD – alors que les modes HD et 4K profitent bien du grand angle – et un manque criant d’options vidéo (débits de trame, compression) qui pourraient faire de ce U11 un champion du genre. Dommage.
Autofocus en net progrès
La réactivité d’un module caméra, c’est à dire sa capacité à faire le point, déclencher et enchaîner les images est un élément clé de notre notation des smartphones en photo. Une faculté qui prime bien souvent sur la qualité d’image pure : le meilleur appareil photo du monde ne sert à rien s’il n’est pas assez rapide pour capturer l’instant. C’est le parti pris de Samsung avec la technologie Dual Pixel implémentée depuis le Galaxy S7. HTC a joué la carte « conventionnel jusqu’au bout » et s’appuie donc sur un AF à détection de contraste classique qui s’avère suffisamment rapide pour un usage normal, même s’il est un petit cran en dessous de l’iPhone 7 et un bon cran en-dessous du Galaxy S8.
HTC a progressé de manière surprenante : l’an dernier, son 10 s’était placé bon dernier en AF de notre Top 10 des smartphones en photo (et bon dernier de la compétition tout court). Avec ce U11, la marque taïwanaise revient dans la course. Et pas seulement en termes de réactivité : au regard de ses performances générales, son smartphone semble bien parti pour se placer dans le haut du paner.
Le verdict fin juin pour notre prochain top 10 !
EDIT : une version précédente de cet article affirmait que le One M9 embarquait le même capteur 4 Mpix du M8 alors qu’il intégrait une nouvelle version de 20 Mpix. Merci à @SxbGG
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