La 3D, ou plutôt la 3D Relief ou stéréoscopie devrait-on dire pour être précis, on vous en rebat les oreilles depuis des mois. C’est le nouvel argument massue des fabricants de téléviseurs pour nous pousser à renouveler notre matériel alors que, une coupe du monde de foot chassant l’autre, les foyers commencent à être bien équipés. Et de fait la 3D parviendra sans doute à conquérir certains salons, si l’offre de contenus s’étoffe et si l’addition diminue. Mais pas comme une déferlante, façon télé haute définition. Plutôt comme une option par défaut, présente sur de plus en plus de téléviseurs, que vous utiliserez ou pas. Car les contraintes actuelles de la 3D ? lunettes actives obligatoires et en nombre suffisant, isolement, fatigue visuelle ? la réservent de toute façon à un usage occasionnel.
Photographier et filmer en 3D
A l’heure de la généralisation des réseaux sociaux et des contenus générés par les utilisateurs, une façon de conférer un nouvel intérêt à la 3D, de lui donner de l’appétence comme on dit en jargon marketing, c’est de permettre au plus grand nombre de se l’approprier pour produire ses propres contenus. L’offre est encore rare aujourd’hui, mais quelques constructeurs s’y essayent, de différentes manières. Nous avons voulu voir ce que cela donne, si la “ 3D à faire soi-même ” est techniquement et financièrement abordable. Pour cela, nous avons testé les appareils photo Sony NEX 3 et 5 et Fujifilm FinePix W3 Real 3D. Les nouveautés Panasonic (voir l’encadré) n’étaient, quant à elles, pas encore disponibles.
Sony NEX 3 : premiers pas
Pour générer des photos en relief, les Sony NEX 3 et NEX 5 n’utilisent aucun dispositif optique spécifique. L’effet stéréoscopique est obtenu par balayage panoramique du sujet. La rafale d’images cerne la scène sous plusieurs angles ; ces images sont ensuite combinées pour créer l’illusion de relief. Avantage : c’est un mode de traitement qui ne coûte rien, car il est intégré au processeur graphique des NEX (à condition d’avoir téléchargé sur le site de Sony et installé la dernière mise à jour du firmware, le logiciel interne, à l’adresse http://goo.gl/O6bb).Inconvénients : d’abord, la vidéo 3D n’est pas prise en charge, et l’écran des NEX n’étant pas stéréoscopique, vous n’aurez pas un aperçu immédiat du résultat. Pour cela, il faut être équipé d’un téléviseur 3D ou d’un ordinateur muni du kit nVidia 3D Vision, ce qui n’est pas le cas de tout le monde. Ensuite, l’effet relief est perfectible : on a plus une sensation de plans 2D successifs que de volume et de vraie perspective. Un peu comme avec les livres “ pop-up ” pour enfants et leurs silhouettes en carton découpé. Enfin, cette technique de prise de vue rend ardu tout cadrage précis et n’est pas adaptée aux sujets en mouvement.
Fuji W3 : victime d’un câble
En matière de prise de vue le Fuji W3 Real 3D, avec ses deux objectifs et ses deux capteurs de 10 mégapixels, est bien plus maniable. L’écran autostéréoscopique (visible sans lunettes) de 3,5 pouces (8,9 cm) de diagonale permet d’avoir un aperçu immédiat du rendu des photos ou des vidéos HD (720p). Spectaculaire, il épatera la galerie à coup sûr. Mais cela se gâte un peu dès qu’on veut diffuser les contenus sur un écran de télé ou avec un vidéoprojecteur 3D. Le Fuji impose de recourir à un câble mini-HDMI/HDMI certifié pour la norme 1.4 qui, évidemment, n’est pas fourni. Et de fait le câble HDMI 1.3 que nous avons utilisé, et qui a fonctionné sans problème avec le Sony NEX, ne nous a pas permis d’afficher une image 3D convenable depuis le W3. Le souci, c’est que le câble 1.4 préconisé par Fuji n’est, pour le moment, pas facile à dégoter. Après avoir fait le tour de plusieurs boutiques spécialisées en vain, nous n’avons pu en trouver un que sur Internet. Les délais de livraison ne nous ont cependant pas permis de vérifier le bon fonctionnement de la liaison et la qualité de restitution sur une télé 3D avec le Fuji. Nous avons, par contre, pu diffuser nos séquences en relief sur un ordinateur équipé du système nVidia 3D Vision, et le résultat est satisfaisant. L’effet relief est bien présent, en photo comme en vidéo, avec une qualité d’image correcte. Notez cependant qu’une séquence en 3D en définition 720p produite par le W3 remplit une carte mémoire SD de 4 Go en 10 minutes !
Un bilan contrasté
Le bilan est donc mitigé. Nous ne pouvons que saluer l’arrivée de solutions permettant au grand public de produire ses propres contenus en 3D. Surtout quand cela n’a pas d’impact sur le coût de l’appareil, comme c’est le cas chez Sony.Un appareil comme le W3 Real 3D est certes plus spectaculaire, mais il faudra débourser 450 euros, le double du prix d’un APN équivalent “ 2D ”. Avec en plus le risque d’être frustré, faute de pouvoir partager facilement ses contenus sur grand écran. Pour résumer, on n’achète pas un NEX pour son option 3D, alors qu’un Fuji W3 si. Et, justement, passé l’effet de surprise que provoque la 3D Relief les premières fois, la vraie question est surtout celle de son intérêt pour un usage personnel.N’est pas James Cameron qui veut, et si réaliser des œuvres en 3D à grand spectacle peut avoir un sens, pour des films ou des photos de famille, la démarche paraît moins évidente. Ne serait-ce que, port des lunettes oblige, pour d’évidentes raisons de partage et de convivialité.
Quelques pistes pour patienter
Pour l’instant, à moins d’être un peu geek (ce qui n’est pas forcément une tare !), la solution la plus sage est d’attendre. Attendre que les prix baissent, que l’offre s’étoffe, que le caméscope 3D Panasonic soit disponible et qu’un semblant de standardisation de la chaîne 3D s’installe. D’ici là, vous pouvez toujours vous initier à la production 3D par d’autres biais. La stéréoscopie existe en effet depuis des lustres et n’a pas attendu le numérique pour se développer. Si vous souhaitez vous initier à son histoire et à ses techniques, des sites comme www.stereoscopie.fr/tech/ ou celui du Stéréo Club de France fondé en 1903 (http://www.stereo-club.fr), constituent d’excellents points d’entrée sur la Toile.
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