Décision Micro & Réseaux : Quel est le rôle de la DIRE ? Philippe Schnäbele : La Délégation interministérielle à la réforme de l’Etat (DIRE) est une structure qui a été créée au printemps 1998 et dont le rôle est d’impulser et d’accompagner toutes les réformes de l’Etat. Elle est organisée en cinq missions, dont une qui se consacre à l’utilisation des NTIC par l’Administration. Dans ce domaine, l’action de la DIRE s’inscrit dans le cadre du programme d’action gouvernemental pour la société de l’information (Pagsi), lancé en août 1997 à Hourtin par le Premier ministre. Parmi les six grands chantiers de ce programme, l’un traite spécifiquement de la modernisation des services publics.Dans le domaine des NTIC, comment se placent la France et l’Administration française par rapport aux autres pays ?Il y a encore deux ans, tous les médias faisaient leur une sur le retard français. Mais ce retard concernait surtout le taux d’équipement des ménages en micro-ordinateurs et leur raccordement à Internet. Sur ce point, la France n’a toujours pas le niveau d’équipement des pays d’Europe du Nord, même si la croissance de son taux d’équipement est désormais supérieure à celle de la moyenne des autres pays européens.Du côté des administrations, on est passé, en deux ans, d’une logique d’accroissement du parc informatique à une logique de renouvellement et, maintenant, de mise en réseau systématique de l’ensemble des postes de travail. Certes, l’Administration américaine reste en avance sur de nombreux points et ce, d’autant plus qu’elle a une expérience de mise en ligne de l’information antérieure à la nôtre. Malgré cela, le portail de l’Administration américaine me semble, sur certains points, moins riche en contenus et moins simple d’accès qu’AdmiFrance, le portail de l’Administration française. La base Vos Droits, qui répond très clairement aux 2 500 questions les plus fréquemment posées à l’Administration, est, à ce titre, exemplaire.Quels sont les principaux chantiers de réforme de l’Etat par les nouvelles technologies ? On peut distinguer les programmes en cours en fonction des deux grands objectifs visés. Le premier est l’utilisation des NTIC pour améliorer les relations entre l’Administration et les usagers. Il passe par l’enrichissement de l’Internet public avec la mise en ligne de données publiques, la dématérialisation et la mise en ligne des formulaires et, enfin, le développement progressif des téléprocédures. Le second objectif est l’amélioration du fonctionnement interne de l’Etat par la rénovation des procédures de travail et d’organisation de l’Administration.Ce chapitre comprend plusieurs grands projets, notamment l’infrastructure de communication Ader (Administration en réseau), qui repose sur un méta-annuaire permettant aux fonctionnaires de s’identifier et de communiquer entre eux, ou Accord, qui consiste à moderniser l’application de gestion comptable de l’Administration centrale. Un autre dossier, que le gouvernement juge prioritaire pour la fin de l’année 2000, est la généralisation des systèmes d’information territoriaux (SIT). Il s’agit d’intranets des services de l’Etat, qui sont déployés au niveau des départements et ouverts progressivementaux collectivités locales.Quel doit être l’impact de ces programmes ?Le projet des systèmes d’information territoriaux est primordial pour nous, car nous sommes convaincus qu’il peut changer rapidement, et en profondeur, le mode de travail administratif local. Accord porte également en germe des actions de modernisation intéressantes. Au terme de ce projet, avec le raccordement de tous les ministères en 2003, il montrera son potentiel d’automatisation des relations comptables avec l’ensemble des services déconcentrés de l’Etat.Quels avantages les entreprises peuvent-elles attendre de cette modernisation de l’Etat ? Jusqu’ici, les principaux efforts ont été menés sur la mise à disposition de l’information. Les entreprises peuvent accéder en ligne à de nombreuses bases de données. Nous devons maintenant avancer sur les échanges, notamment les téléprocédures, en commençant par celles qui sont le plus fréquemment utilisées par les entreprises. L’adoption de la signature numérique va lever le frein juridique. Le ministère des Finances a lancé différents projets pour la mise en ligne des procédures. L’échange des formulaires passe par des procédures de certification répondant à des cahiers des charges publics, ce qui veut dire que nous ne développerons pas de politique sécuritaire propre, mais que nous nous baserons sur l’offre du marché.Déjà 500 formulaires peuvent être téléchargés par les usagers, et le Premier ministre a rappelé, dans une récente circulaire, l’objectif de les proposer en intégralité d’ici à l’été. Beaucoup de projets doivent encore être menés à terme, mais l’Administration n’a vraiment pas à rougir de ce qu’elle fait sur Internet.Pour Philippe Schnäbele, l’Administration rattrape rapidement son retard, même si elle n’a pas encore exploité tout le potentiel de modernisation que présente le levier des nouvelles technologies. Pour les usagers, qu’il s’agisse de particuliers ou d’entreprises, les résultats tangibles du grand chantier de réforme de l’Etat peuvent, en revanche, sembler encore bien parcellaires. On peut souhaiter au moins que les nombreuses initiatives lancées autour des NTIC parviennent à rapprocher l’administration de ses usagers.
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