Philippe Rouaud : un passionné qui a trouvé sa voie
L’ambitieux projet de numérisation des antennes place le système d’information au c?”ur de la stratégie de Radio France.
Souriant, détendu, serein… Philippe Rouaud se sent parfaitement à l’aise dans son costume de directeur des systèmes informatiques de Radio France. D’abord parce qu’il nourrit une véritable passion pour les médias. Ensuite parce que, comme lui, Radio France tient le système d’information pour un élément primordial de stratégie. A son arrivée, en 1999, la Maison Ronde est en pleine mutation. Jean-Marie Cavada vient d’être nommé président-directeur général et veut mettre l’accent sur les nouvelles technologies. L’une de ses priorités : le passage de l’analogique au numérique. Il crée une direction générale adjointe en charge des techniques et des technologies nouvelles, qui chapeautera la direction des systèmes d’information. Philippe Rouaud a le profil idéal pour la diriger. Il connaît le métier, puisque, dès sa sortie de l’Ecole centrale de Nantes, en 1985, il a rejoint Radio France Internationale. Mais c’est aussi la variété de ses expériences qui intéresse Radio France. Philippe Rouaud a connu des entreprises aussi différentes que Cartier International, le chauffagiste Proxima ou la maison de disques BMG. Dans chacune, il a été confronté à des situations qui ont forgé sa vision actuelle des systèmes d’information. En particulier, l’idée que l’informatique va de pair avec la stratégie d’entreprise. “Chez Proxima, l’informatique était en réflexion quasi fusionnelle avec la direction générale “, raconte-t-il.
Envisager aussi l’impact humain de la numérisation
A Radio France, sa fonction trouve son sens stratégique à travers l’ambitieux projet de numérisation des antennes. Celui-ci permettra de produire un contenu numérique standard, “pour que Radio France soit présent sur tous les vecteurs possibles de diffusion du son ?” réseau hertzien, satellite, télévision numérique terrestre, téléphone et même les autres futurs supports “. Un moyen aussi de réutiliser facilement le patrimoine éditorial d’une chaîne à l’autre. Première étape, la numérisation des productions de France Info et d’une partie des radios locales (France Bleu) est achevée. La direction des systèmes d’information s’attaque, pour les deux ans à venir, au chantier France Inter, dont la production, plus variée, est plus complexe à traiter. “L’impact de la numérisation est loin d’être uniquement technique. C’est pourquoi une délégation à la numérisation ?” sous la responsabilité de la direction générale adjointe en charge des techniques et des technologies nouvelles et de la direction sociale et des ressources humaines ?” réfléchit à son impact humain : méthode de management, organisation, changement des métiers, etc.”Tout le projet a été conduit de manière globale et transversale avec la direction des systèmes d’information, la direction des systèmes audionumériques et la direction de l’exploitation technique. Philippe Rouaud a, en effet, la transversalité pour mot d’ordre. “De façon générale, toutes les directions apportent leurs idées et leurs projets. La direction des systèmes d’information n’est pas la seule garante du système d’information. Il existe systématiquement des comités de pilotage transversaux sur les projets.” Des consultants en maîtrise d’ouvrage ont même été recrutés pour les directions opérationnelles. “Ils ont à la fois une vraie logique système d’information et toute autorité pour valider des éléments de projet. Les arbitrages se font ainsi directement au sein des maîtrises d’ouvrage.”La démarche est poussée jusqu’à faire évoluer le mode de fonctionnement des informaticiens. “Ils travaillent avec des méthodes et des normes, mais raisonnent parfois trop en termes de niveau de disponibilité ou de qualité de service. Or, en radio, les services d’exploitation n’imaginent même pas un blanc de dix secondes à l’antenne. La continuité de service passe avant les procédures. Quitte à recourir à un fonctionnement en mode dégradé, comme imaginer un branchement provisoire en cas de panne pour avoir du son. Au service informatique, nous devons réintégrer ce pragmatisme dans les projets.” Cela passe par le décloisonnement des équipes et par l’échange des cultures, déjà favorisés par la cohabitation de l’informatique et de la technique au sein d’une direction générale adjointe en charge des techniques et des technologies nouvelles.Faire évoluer le rôle de l’informaticien de Radio France, mettre en ?”uvre les outils de numérisation, effacer les frontières entre la direction des systèmes d’information et le reste de la Maison Ronde… Au-delà de la simple gestion du système d’information, la mission de Philippe Rouaud relève bel et bien d’un enjeu plus large : la passionnante mutation du métier de la radio. De quoi faire de lui un DSI heureux.
