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Philippe Moity (Interoute France)

‘ L’Ethernet est perturbant pour certains opérateurs. ‘

Compte tenu des niveaux de prix actuels du transit IP, Interoute préfère s’investir dans les services Ethernet de niveau 2 de ville à ville, coupant l’herbe sous le pied aux services de niveau 3 d’autres opérateurs.
Explications de Philippe Moity, directeur général France de l’opérateur.01 Réseaux : Vous vous êtes retiré du transit IP pour opérateurs. Pour quelles raisons ?


Philippe Moity : Sur ce marché, et pour des volumes très importants, le tarif est passé sous la barre des 20 ?, voire des 10 ?, par mois et par mégabit par seconde. Des opérateurs comme Cogent
Communications et Teleglobe ont beaucoup contribué à faire chuter les prix et ne font plus que du transit IP.


Interoute reste sur ces offres, mais l’accroissement des volumes demandés nous permet de proposer en alternative des circuits directs sur les principaux n?”uds de peering européens comme le Linx, à
Londres. C’est un service de transport pur, de niveau 2, et non plus de niveau 3. Mais il nous coûte moins cher à produire, puisqu’il nous dispense de fournir toutes les routes internet. Et le client s’y retrouve, s’il a
du volume. Misez-vous également sur les services Ethernet ?


Nous les pratiquons de trois façons. D’abord, pour interconnecter des VPN-MPLS multinationaux. Il suffit alors de quelques liens point à point ou point à multipoint. En Ethernet, ils pourront être d’un débit plus élevé et
moins coûteux, de l’ordre de 30 %. Nous proposons aussi des circuits Ethernet à 10 Mbit/s, 100 Mbit/s ou 1 Gbit/s sur longueurs d’onde ou SDH de niveau 2, reliés directement aux commutateurs des clients.


Chaque site fait alors l’économie d’un routeur de 15 000 à 30 000 ? l’unité. Ils sont raccordés via les réseaux métropolitains d’Interoute. Sinon nous empruntons les services de boucles
optiques Ethernet de Colt ou de France Télécom, ou encore, dès que possible, les réseaux d’initiative publique tels Alsace Connexia, e-Tera, Axione, ou ceux de Toulouse ou Bordeaux.


J’observe qu’au?”dessus de 2 Mbit/s, la boucle locale Ethernet l’emporte aujourd’hui dans les nouvelles installations, au détriment de la ligne louée, aussi bien pour entrer dans un réseau maillé
MPLS de niveau 3 que pour interconnecter des LAN en niveau 2. Lorsque le client souhaite une gestion de la bande passante en mode burst (pour la comptabilisation du trafic), nous implémentons le service en MPLS de niveau
2.Qu’en est-il de vos services de fibre noire aux entreprises ?


Sur Paris, la majorité des opérateurs se sont retirés de ce marché. Demeurent quelques acteurs comme Telcité, Irisé, Neo Telecoms et nous. Neo Telecoms et nous nous complétons, en fournissant les brins qui pourraient manquer à
l’autre. Activer soi?”même quelques longueurs d’onde au moyen d’équipements DWDM passifs sur un lien à 1 Gbit/s, entre deux ou trois sites aisément raccordables en Ile-de-France, est à la portée des entreprises. Elles
sont donc toujours plus nombreuses à le faire. À Paris, l’autre moitié de ce marché est prise par les sociétés de génie civil, telles ETDE ou Graniou.Tout cela n’est-il pas un peu perturbant pour certains opérateurs ?


Si. Jusqu’à présent, les équipementiers les poussaient à implémenter des services à valeur ajoutée de niveau 3 dans le c?”ur de leur réseau. Mais aujourd’hui, le marché s’oriente en sens inverse. Il préfère
redescendre au niveau 2, car ce qui importe désormais, c’est de disposer de toujours plus de bande passante, gérée de manière plus simple, plus transparente pour le client, qui peut alors l’utiliser comme une extension immédiate de son
réseau local. Le développement de la sauvegarde distante ne fait qu’amplifier ce phénomène. Les opérateurs ne s’y retrouveront qu’en faisant toujours plus de volume et en prenant en charge les applications informatiques de leurs
clients.

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Jean-Claude Streicher