A la différence des départements, dont la création remonte à la Révolution française, les conseils régionaux n’ont été élevés au rang de collectivités territoriales qu’en 1982, avec les lois sur la décentralisation dites Defferre. Sur
le plan informatique, il reste donc de nombreux chantiers à mener au-delà des projets réglementaires, comme la dématérialisation des appels d’offres publics, qui sera rendue obligatoire à partir du 1er janvier 2005.DSI du conseil régional d’Alsace depuis huit ans, Philippe Houillère entend bien favoriser l’usage des technologies de l’information. Entre autres chantiers actuellement menés, on trouve la mise en place d’une plate-forme de formation
en ligne à destination des 350 agents et 47 élus du conseil régional et le déploiement ‘ industrialisé ‘ d’extranets collaboratifs. Le conseil régional d’Alsace les forme à l’usage des outils informatiques, aux
langues et, bientôt, au management. Grâce au mode d’e-learning accompagné, l’isolement de l’apprenant devant son écran est rompu.01 Informatique : Pourquoi recourir à l’e-learning ?Philippe Houillère : L’une des particularités de la fonction publique territoriale est de recruter un grand nombre d’agents en statut de contractuels. Ces contractuels, qui représentent entre 40 et 50 % des
effectifs au conseil régional, préparent le concours de la fonction publique, puis suivent une formation afin d’être titularisés. Un parcours étalé sur deux ans, dont six mois environ de formation. Ce qui mobilise beaucoup de ressources.Or, l’e-learning aide à limiter l’absentéisme. Nos 350 agents et 47 élus se forment indifféremment soit depuis leur poste de travail via l’intranet, soit en présence d’un tuteur au centre de ressources e-learning
?” deux salles de dix-huit postes reliés en mode Wi-Fi ?”, soit encore depuis leur domicile à l’aide d’un CD-Rom et d’une connexion Internet.Quels modules de formation offrez-vous ?Nous proposons depuis un an des cours de formation aux outils informatiques (Windows, Excel, Powerpoint et Outlook), qui représentent la moitié du contenu du programme de titularisation. L’Alsace étant une région frontalière, nous
avons enchaîné en début d’année sur les cours de langues (anglais, allemand). Enfin, nous travaillons sur la conception de formations métier, dont il n’existe pas de produits sur étagères. Un module de gestion financière sera ainsi disponible à la
mi-2005.Le premier bilan est encourageant : 86 agents se sont vu octroyer un parcours de formation personnalisé, et 520 heures de formation en ligne ont été dispensées depuis janvier 2004. La solution retenue (Progression,
d’iProgress) sert aussi à mesurer l’évolution individuelle et collective des apprenants. Il est ainsi possible de dire que le niveau de maîtrise de tel agent formé à Excel est passé, à l’issue du cursus, de 15 à 70 %.Comment remporter l’adhésion des apprenants ?Dans les premiers temps, l’e-learning soulève des inquiétudes légitimes. L’apprenant craint de se retrouver seul derrière son poste. La conduite du changement est importante sur ce type de projet. Nous avons donc dispensé jusqu’à
23 séminaires de sensibilisation. Et remporté l’adhésion des agents en expliquant que le dispositif mis en place reposait sur un mode d’e-learning accompagné.En ligne ou en face à face dans le centre dédié, le tuteur accompagne l’apprenant tout au long de son parcours, et pas seulement aux heures de cours. L’apprenant pose toutes les questions voulues, alors qu’il aurait pu hésiter à
formuler certaines d’entre elles dans une salle de classe traditionnelle. Il progresse aussi à son rythme, quand en mode présentiel certains élèves estiment que le cours avance trop vite et d’autres, trop lentement.En quoi la formation en ligne peut-elle changer la vocation du help desk ?L’assistance technique ne doit pas constituer une béquille pour des utilisateurs qui ne savent pas utiliser certains logiciels et se retrouvent invariablement confrontés aux mêmes problèmes. En concevant des parcours de formation
individualisés pour ces utilisateurs, il est possible de les accompagner et de les rendre plus autonomes. L’e-learning déplace alors le champ d’action du help desk du curatif vers le préventif.Les NTIC ouvrent aussi le conseil régional sur l’extérieur…Nous démarrons effectivement un projet d’extranet collaboratif. Il s’agit de mettre en relation le conseil régional et les entreprises associées dans un projet commun. Par exemple, dans le cadre de la construction d’un lycée, une même
communauté réunira nos ingénieurs avec les bureaux d’études et les entrepreneurs locaux afin de faciliter l’élaboration des plans ou le suivi de chantier.Cette idée a été initiée voici quatre ans par le développement d’un extranet dédié aux centres de formation des apprentis en ASP. Depuis, nous avons pris le virage.Net, et il s’agit maintenant d’intégrer des outils collaboratifs de
type workflow pour la validation des procédures, et GED pour le stockage des informations. Nous devons être capables de déployer un extranet collaboratif pour chaque projet qui démarre. Ce qui représentera des dizaines d’extranets.
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