Était-il nécessaire d’en venir à des menaces dans le dossier de la téléphonie mobile de troisième génération [3G, UMTS en Europe, ndlr] ? Nous avons toujours dit que le prix initial de 5 milliards d’euros [33 milliards de francs] était déraisonnable. Mais nous avions soumis un dossier, car nous savions que, par définition, toute redevance est soumise au principe de proportionnalité, donc s’adapte à la réalité. À cet égard, les changements d’environnement intervenus depuis l’attribution des licences rendaient cruciale une révision du prix. C’était l’objet des discussions que nous n’avons pas cessé d’avoir avec les pouvoirs publics durant l’année 2001. Les mesures d’aménagement qu’on nous proposait ne s’attaquaient pas au fond du problème. Et c’est la raison pour laquelle nous avions décidé de geler le premier versement de 619 millions d’euros. Sans notre intervention, il n’y aurait pas eu de prise de conscience aiguë du problème du prix de la licence. Nous avons incité le gouvernement à s’en saisir sans attendre le lendemain des élections. Et je voudrais souligner son pragmatisme.Quel effet la révision du prix de la licence va-t-elle avoir sur votre développement ? Premier effet, le groupe Cegetel terminera l’année avec un endettement légèrement inférieur à 2 milliards d’euros pour des fonds propres de plus de 3 milliards. Ce qui me permet de prévoir que nous serons complètement désendettés, crédits fournisseurs inclus, courant 2003. Deuxième effet : cela peut permettre d’accélérer nos investissements dans l’UMTS, même si le démarrage n’a pas lieu en 2002, comme annoncé dans notre dossier de candidature. Le lancement commercial aura lieu fin 2003 avec un volume faible, faute de garantie de quantité de la part des équipementiers. Le vrai lancement grand public aura lieu en 2004. Les investissements de SFR vont-ils se porter essentiellement sur la 3G ? Nous allons aussi poursuivre nos investissements dans le GSM. Nous avons même décidé, en concertation avec les pouvoirs publics, de consacrer 100 millions d’euros supplémentaires sur deux ans à la couverture des zones à faible densité démographique. Au total, dans le mobile, nos investissements des cinq années qui viennent représenteront 4 milliards d’euros, entièrement financés par le cash flow de SFR.Pensez-vous que l’UMTS sera une norme destinée au grand public ? Limiter l’UMTS au seul marché de l’entreprise serait une profonde erreur. Même si les professionnels s’en empareront probablement les premiers, nous visons une clientèle grand public. Souvenez-vous du début du GSM ! Regardez le succès de NTT Docomo au Japon et le boom des SMS en France ! À la fin de l’année, en instantané, ces messages courts devraient représenter 4 % de notre chiffre d’affaires. Or l’UMTS permettra de banaliser les SMS enrichis. L’échange interpersonnel multimédia sera l’application phare à côté du kiosque de services.Dans un certain nombre de dossiers comme la Boucle locale radio [BLR], Cegetel apparaît en retrait…J’attends le bilan de la BLR, qui doit être produit fin décembre par l’ART [Autorité de régulation des télécommunications], avec une certaine impatience. Je crains, il est vrai, que l’encéphalogramme soit plat. Et je le regrette, car la BLR, en échouant en France, n’a pas permis de faire baisser les tarifs de France Telecom sur les liaisons spécialisées, là où l’opérateur historique reste en situation de monopole. Ces prix sont très supérieurs à la moyenne européenne. Concernant le dégroupage, nous ne signerons pas la convention avec France Telecom tant qu’il n’y aura pas des conditions économiques et opérationnelles acceptables. Nous avons décidé de suspendre les 200 millions d’euros que nous avions prévu d’investir sur l’ADSL [internet rapide par ligne téléphonique classique] tant que France Telecom ne laissera pas place à une vraie concurrence.Quel est le bilan de votre portail Vizzavi ? L’audience de Vizzavi s’accélérera lorsque les clients disposeront d’un téléphone GPRS [permettant d’accéder à l’internet rapide sur mobile]. Le lancement massif du cette norme se fera au premier semestre 2002. Cela devrait nous permettre d’envisager pour Vizzavi, dans les six à neuf mois qui viennent, 10 millions de clients enregistrés.Vous révisez le modèle d’affaires de Vizzavi ? Non, nous adaptons son business model, c’est-à-dire sa structure de revenus, initialement établie il y a deux ans dans un autre contexte. Nous travaillons sur des hypothèses d’investissements publicitaires très faibles. Nous devrions en revanche dégager plus de revenus sur les abonnements et sur le paiement des données transmises. En fait, Vizzavi pourra partager les revenus avec les opérateurs, sur le modèle du kiosque. Vizzavi reste-t-il encore un portail multi-accès ? La cible première sera les clients de SFR et de Vodafone à partir de plateformes d’accès mobiles, bien sûr, mais aussi PC et TV. Par ailleurs, Vizzavi vient de lancer en France une activité de fournisseur d’accès.
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