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Philippe Chalon : les hommes avant les machines

Chez TotalFinaElf, chaque informaticien doit trouver sa place dans l’entreprise.

Quand on lui demande quel est le projet abouti dont il se montre le plus fier, Philippe Chalon n’a aucune hésitation. “C’est la fusion des équipes informatiques de Total, PetroFina et Elf”, annonce-t-il. Un enjeu récurrent à ses yeux, puisqu’il concerne la place de l’homme, bien avant toute considération matérielle sur les machines ou les technologies. Et, pour Philippe Chalon, ce travail se construit au jour le jour et ne s’arrête jamais. Selon lui, “chacun doit trouver sa place dans l’entreprise. Pour ce faire, le Comité informatique groupe (CIG), constitué des directeurs informatiques de branches et de moi-même, collabore avec les directions des ressources humaines pour dessiner la forme de ce que devrait être, dans le long terme, le profil en ressources humaines de l’informatique de TotalFinaElf. Ce profil sera ensuite analysé finement, métier par métier (pilotage, télécoms, développement, production et support). Nous devrons aussi l’affiner tous les ans, selon l’évolution des technologies et les besoins de l’entreprise. L’idée est de stabiliser les équipes et d’éviter les “à coups” d’embauches, qui fabriquent des pyramides des âges déformées, difficiles à gérer dans le temps.” Telle est la vision à long terme. Mais cette réflexion, Philippe Chalon la doit certainement à l’expérience qu’il a vécue lors de la fusion des deux sociétés pétrolières, visant à créer une nouvelle structure : TotalFinaElf, quatrième pétrolier mondial.

Bâtir une seule informatique à partir de trois structures existantes

“En novembre 1999, raconte-t-il, le président Thierry Desmarest nous a annoncé que Bruxelles donnerait son feu vert début février 2000. A cette date, il fallait que tous les réseaux soient interconnectés, mais aussi que les liaisons intranet et le standard téléphonique fonctionnent collectivement dans l’ensemble du groupe.” Les informaticiens des trois entités se sont sentis concernés par ce défi. “Ils ont tous travaillé d’arrache-pied. Cela les a soudés, considère Philippe Chalon. Il n’y avait alors plus de salariés d’Elf, de Total ou de PetroFina, mais des informaticiens ?”uvrant à un but commun. Et c’est ensemble que nous sommes arrivés à respecter ce délai.” La période suivante, de février à octobre 2000, fut également très agitée : tout en consolidant les systèmes d’information (SI) existants et en assurant les transferts et les déménagements d’équipements et de personnel, la direction informatique devait aussi réfléchir à l’organisation informatique à mettre en place. Alors que le SI de PetroFina était très centralisé, celui d’Elf fonctionnait sur le modèle de branches autonomes. Quant à celui de Total ?” puis de TotalFina ?”, il évoluait progressivement vers une centralisation et s’appuyait sur une structure issue du raffinage-marketing. “Entre ces trois organisations, chacune très différente et insuffisante pour supporter l’ensemble, le choix était clair : il fallait bâtir une nouvelle informatique fonctionnelle groupe, plus forte que la somme des informatiques des trois entités. Même sans avoir fusionné, Elf ou Total auraient dû lancer un tel projet.”Début octobre 2000, la nouvelle organisation est en place. Elle privilégie les hommes aux machines, car, grâce aux réseaux, il est plus facile de déplacer les activités que les talents. “Chaque fois que cela était possible, nous avons globalisé des activités et les avons localisées là où la compétence existait. Ainsi, l’exploitation du système dédié au budget et à la comptabilité du groupe a été décentralisée à Pau pour trois raisons. Les salles machines avaient été conçues pour les gros IBM des années soixante-dix, les Cray et leurs centrales de refroidissement. Nous possédions en outre un réseau à haut débit de 600 Mbit/s entre Pau et Paris. Enfin, nous y employions du personnel informatique d’exploitation de qualité, déjà opérationnel sur des fonctions semblables. Il semblait donc plus aisé et moins coûteux de déplacer la fonction que le personnel. En suivant la même idée, nous comptons déployer les plates-formes sécurité du groupe. Localisées à Singapour, Paris, Pau, Bruxelles, Abu Dhabi et Houston, celles-ci pourraient être administrées à partir du site de Pau.” D’autres opérations ont déjà été menées. A Houston, le pôle chimie du groupe assure le support informatique du raffinage. A Pékin, où les activités de chimie, de raffinage, d’exploration-production et de gaz ont été rassemblées dans un même immeuble, c’est l’équipe informatique de la chimie qui opère.Quant aux moyens, Philippe Chalon, a son credo : “Les outils déployés nous ont permis de gérer la rareté des compétences. Deux points sont essentiels : le partage de l’information et la collaboration de tous à un projet unique. Nous mettons donc en place les outils adaptés à ces impératifs.”

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Hubert d'Erceville