On ne déconseillera jamais assez aux directeurs informatiques la lecture des magazines américains dédiés à la nouvelle économie une fois la nuit tombée. Tout au long des pages de Business 2.0, Fast Company, Industry Standard ou Red Herring s’affichent en effet des publicités à faire froid dans le dos. Un squelette desséché dans le désert, une bombe à la mèche incandescente, des requins patrouillant à la recherche de proies, un cyclone dévastateur, voilà les quelques joyeusetés brandies par les annonceurs.Cette avalanche d’atrocités soutient invariablement le même discours : la nouvelle économie, c’est la jungle et il n’y a pas d’autre issue que la mort pour celui qui sera plus lent ou moins bien équipé. Heureusement, les fournisseurs sont là pour sauver les entreprises d’une épouvantable agonie.Le problème de cette stratégie, c’est que ces propos ont été tellement rabâchés que, aujourd’hui, leur efficacité semble plus que discutable. D’autant que les faits ne les corroborent pas : solidement plantés sur leurs racines, les chênes de l’ancienne économie n’ont pas (encore) été déracinés par la tempête de la nouvelle économie. Après deux ans de matraquage publicitaire, impossible de citer une société à genoux, faute de s’être préoccupée d’e-business.Les cris d’alarme des annonceurs, quand bien même ils seraient justifiés, sont ainsi déconsidérés et noyés dans la cacophonie ambiante. Seule solution pour ceux qui ont choisi cette logique de la peur : la surenchère. Jusqu’à l’excès le plus douteux, comme dans une publicité pour Everypath où un câble de téléphone est tourné en n?”ud coulant. Mais le procédé se retourne alors contre le fournisseur : on n’y croit plus. Les épouvantails neffraient plus les oiseaux, et font rire les passants.
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