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Petit état des lieux de la téléphonie mobile en France (1/4)

Six semaines environ après le lancement du quatrième opérateur français Free Mobile, la rédaction se livre à une rapide analyse sur ce qui était, ce qui a changé et ce qu’il reste à faire dans le domaine de la téléphonie mobile en France.

Souvenez-vous ! Si l’on exclut « les années Radiocom 2000 » (ces mobiles disgracieux reliés à un boîtier de la taille d’une mallette et dont le taux de DAS, avec leurs antennes de 8 watts, ferait certainement pâlir toutes les associations de consommateurs)qui ont précédé, la téléphonie mobile « grand public » a réellement pris son essor en France en 1994. D’abord avec France Télécom et ses mobiles Itinéris, puis avec SFR. A l’époque, l’abonnement de base – sans les communications – coûtait 225 francs, soit environ 35 euros ! Quelques années plus tard, Bouygues Telecom débarquait, achevant sa couverture nationale en 1998 avec la région Aquitaine.

Certes, les opérateurs ont, petit à petit, amélioré la qualité de leurs réseaux : ils ont, d’une part, assuré la maintenance de l’existant, mais aussi déployé de nouvelles technologies pour assurer toujours plus de transmission de données. D’abord de la voix, puis des SMS et enfin, des datas (de l’Internet, pour faire plus simple). Pour ce dernier versant, la demande a réellement explosé en 2007 avec l’arrivée de l’iPhone et la démocratisation des smartphones – jusqu’alors réservés aux professionnels qui en avaient réellement l’usage et pouvaient surtout en assurer le coût. Sur les quinze années écoulées, le grand public aura surtout eu comme principal sentiment d’avoir été « baladé » par les opérateurs dans une véritable « jungle » des forfaits, des options et des tarifs.

Personne n’a rien vu venir

Avec ses deux forfaits, Xavier Niel pense jeter un pavé dans la mare, mais l’effet observé est plutôt celui d’une grenade dégoupillée. Trois semaines seulement après le lancement de Free Mobile, le constat n’est pas glorieux pour les trois opérateurs historiques du secteur. Les chiffres relayés par la presse font état de 40 000 portages effectifs de numéros par jour – tous opérateurs confondus – au lieu de 10 000 à 15 000 habituellement.

Concernant uniquement les portages vers Free Mobile, nos propres sources nous indiquent que, dans les jours qui suivirent le lancement, quotidiennement, 25 000 personnes quittèrent Orange, Bouygues et SFR pour aller rejoindre le quatrième opérateur. Ce qui est sûr, c’est que le Groupement d’intérêt économique en charge de gérer le bon déroulement de la portabilité des numéros entre les 27 opérateurs existants croule littéralement sous les demandes. Et toujours d’après ce même GIE, la récente injonction d’Eric Besson de porter la capacité de traitement à 80 000 portages/jour ne permettra pas de résoudre ces problèmes d’engorgement : « On devrait y voir plus clair courant mars quand nos infrastructures ainsi que celles des opérateurs seront à même de traiter les 80 000 demandes quotidiennes, mais le problème, c’est que Free ne communique pas le nombre de demandes de portabilité qu’il reçoit. »

Par recoupements, nous pouvons affirmer que les premiers clients Free Mobile (ceux qui se sont abonnés dans les premières heures) ont obtenu la portabilité effective de leur numéro relativement rapidement (entre quelques jours et une semaine environ). Les suivants ont vu leurs numéros portés au bout de trois semaines minimum.

Quoi qu’il en soit, même si ce problème a quelque peu ralenti la croissance des abonnements chez Free Mobile et contribué à alimenter les rumeurs de bug, le nombre de souscriptions dépasse tous les pronostics. Le site freemobile.toosurtoo.com avance un chiffre global de plus de 2 500 000 abonnés. Mais plusieurs analystes tombent d’accord avec le chiffre avancé par Stéphane Richard, qui estime le nombre de clients Free Mobile à un peu plus de 1,5 million. La réponse arrivera de toute façon probablement en mai lors du bilan trimestriel 2012 de la société Iliad.

Lire la deuxième, troisième, quatrième parties de notre dossier.

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Benjamin Gourdet