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Pénurie de fréquences mobiles, les prix vont flamber mais tout ira bien

Comme chaque année, Deloitte liste ses prédictions pour l’année 2013 et dresse les tendances sur plusieurs années. La pénurie de fréquences mobiles est préoccupante et pourrait avoir des répercussions financières lourdes pour l’utilisateur.

« En 2014, les Etats-Unis seuls pourraient connaître un déficit de 275 MHz », lit-on dans le rapport Technology, Media et Telecommunications Predictions 2013, de Deloitte, rendu public hier, mardi 6 février 2013. Malgré les efforts de la FTC pour libérer des champs de fréquences, la pénurie serait donc toute proche aux Etats-Unis. L’Europe et la France ne devraient pas non plus être épargnées, selon les prédictions du cabinet d’étude. Les tensions et débats autour des attributions de fréquences utiles aux réseaux 4G LTE en France en sont un indice explicite.

Dégradation des conditions d’utilisation

Quelles répercussions peut avoir cette pénurie ? « Pour être clair, un manque de fréquences ressemble énormément à une autoroute bondée. Ca ne s’arrête pas simplement de fonctionner comme un réseau électrique interrompu par une tempête […]. Les utilisateurs peuvent s’attendre à des heures de pointes pour leur connexion caractérisées par deux ou trois fois plus de tentatives ratées de se connecter, trois à quatre fois plus d’appels interrompus ou de sessions de surf bloquées. » Un tableau bien noir qui vire à l’enfer pour l’internaute mobile quand Deloitte y apporte la pierre finale : « Les vitesses des connexions 3G et 4G pourraient être 50 à 90% plus basses que la norme », à moins de 1 Mbits/s.

La meilleure gestion des bandes de fréquences de la 4G LTE par rapport à la 3G n’y suffira pas. Même si elle est seize fois meilleure, selon Deloitte, pour déplacer un but de donnée sur une fréquence d’un Hertz. Le fait que la prochaine génération de 4G LTE Advanced devrait doubler cette efficacité n’y changera rien. Les fréquences manques, les usages mobiles sont de plus en plus gourmands, les smartphones sont de véritables goinfres.

Payer plus pour surfer plus vite

Le rapport de Deloitte précise ainsi qu’en 2012 « un smartphone moyen génère 35 fois plus de trafic qu’un téléphone mobile classique ». Les choses ne feront qu’empirer puisqu’en 2016, le trafic sans-fil aura été multiplié par cinquante.

Dès lors, face à une situation de pénurie, en plus de forfaits légèrement plus chers, les opérateurs devraient mettre en place des offres de type « pay as you go ». Duncan Stewart, directeur du centre de recherche mondial de Deloitte, donnait ainsi un exemple. Un utilisateur se trouve dans une zone saturée où les débits sont trop bas. Il sera dès lors possible pour cet utilisateur d’appuyer sur un bouton, d’activer une option, qui lui assurera une bonne qualité de service pendant un temps limité, moyennant finance évidemment. Deux euros cinquante pour une demi heure de très haut débit afin de lire une vidéo HD ou pouvoir envoyer enfin le mail urgent qui restait bloqué.

Des solutions technologiques en approche

Quoi qu’il en soit, Deloitte demeure optimiste à moyen et long terme. L’émergence de technologies, comme les réseaux hétérogènes ou HetNets, devrait permettre de régler en partie ce problème. Ces Heterogeneous Networks permettent à un utilisateur, équipé d’un appareil compatible et couvert par une structure réseau qui l’est également, de passer d’un réseau à un autre sans interruption de service, ni déconnexion. Les appels et les flux de données peuvent ainsi passer d’un réseau d’une échelle macrocell (plusieurs dizaines de kilomètres), à une échelle moindre, microcell (quelques kilomètres) pour ensuite atteindre le picocell (quelques centaines de mètres) et enfin la femtocell (quelques dizaines de mètres).

Le standard (802.21), sur lequel l’IEEE travaille depuis 2004, devrait assurer la cohésion et le bon fonctionnement de standards issus de nombreuses entités (IEEE, 3GPP, UIT, IETF, etc.). Deloitte désigne également d’autres évolutions telle que la VoLTE, ou Voix sur LTE, qui à terme permettra d’éviter d’utiliser les réseaux 2G et 3G pour les appels et facilitera la gestion des transitions entre les réseaux.

« Il faudra peut-être la majeure partie de 2013 pour résoudre ces problèmes » indique l’étude. Duncan Stewart plaçait même la sortie du tunnel en 2015, voire un peu plus tard. La chance de la France serait finalement peut-être d’avoir été en retard sur le déploiement de la 4G, la saturation des réseaux serait dès lors plus lente à venir et pourrait coïncider, on peut rêver, avec l’arrivée des solutions technologiques en cours de développement.

Source :
Etude Deloitte Technology, Media & Telecommunications Predictions 2013
(PDF)
Groupe de travail des réseaux hétérogènes (IEEE 802.21)

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Pierre Fontaine