Pour quelles raisons la bouffée d’oxygène qui se manifeste en matière d’emploi informatique s’accompagne-t-elle de la crainte d’une pénurie. La profession n’est pas à un paradoxe près ? Ce
n’est pas nouveau. Mais les échos de cette crainte portent loin. En effet, le ministre de l’Intérieur lui-même va jusqu’à annoncer des quotas pour les informaticiens étrangers, au même titre que pour les infirmiers ou les
médecins hospitaliers !Comme si les licenciements encore récents dans les sociétés de services informatiques et les ‘ réorganisations ‘ dans les grandes entreprises étaient effacés d’un trait de plume ! A moins qu’un lobby
important ne pèse sur les décisions du ministre. Mais dans quel intérêt, alors que les chercheurs d’emploi en informatique sont encore nombreux ? Est-ce dans l’optique d’obtenir des compétences équivalentes à un prix plus
modeste ? Ou dans celle d’éviter d’entreprendre un vaste chantier de formation ?Car c’est peut-être à ce niveau que se situe la pénurie. Trop d’informaticiens se retrouvent au chômage pour ne pas avoir su ou pu évoluer à temps. Récemment encore, le responsable de projets d’une grande direction
informatique ne cachait pas le problème posé par des équipes restées trop longtemps sur les mêmes techniques.Et le risque perdure. Pressées par le souci de disposer d’informaticiens rapidement opérationnels, les sociétés de services informatiques les encouragent à se former sur un ou deux produits ?” le plus souvent, directement
auprès de leur éditeur. Rentable à court terme, cette politique se révèle désastreuse à plus longue échéance. Et si pénurie il y a, ne proviendrait-elle pas davantage d’un manque de compétences que d’un déficit de professionnels…Quand on sait l’effort constant des écoles d’ingénieurs, généralistes ou spécialisées, pour adapter leurs jeunes diplômés aux nouvelles exigences des systèmes d’information des entreprises, on ne peut que déplorer
la carence de la formation continue dans ce domaine. Elle est encore trop orientée vers des produits.Or, ce que les entreprises réclament, ce sont des informaticiens ouverts, capables de communiquer, ayant à la fois du recul sur les technologies et une bonne vision du (ou des) métier(s) de l’entreprise. Ces compétences peuvent
s’acquérir tout au long de la vie professionnelle, à condition d’en avoir les moyens.Si les pouvoirs publics et les entreprises acceptaient de prendre le problème à bras-le-corps, non seulement il n’y aurait pas de pénurie, mais en plus, les étrangers déjà sur le sol français se feraient plus facilement
embaucher.* Rédactrice en chef adjointe de 01 Informatique
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.