Même au plus fort des vacances, le spectre infâme de la rentrée pèse sur les esprits. Inéluctables, les rentrées sont aussi l’occasion de siphonner le peu d’argent qui restait sur le compte en banque des parents, déjà mis à mal par les activités d’oisiveté estivale, dans une liste sans fin de fournitures. Liste dans laquelle l’objet le plus cher est bien souvent l’ordinateur portable. Aussi, quitte à faire un achat douloureux, autant le transformer en un investissement qui a du sens.
Choisir le bon ordinateur portable n’est pas chose aisée et il faut prendre en compte non seulement les usages – mobile ou fixe, puissance, affichage – qui seront liés à la formation, mais aussi les budgets et culture de chacun – certaines familles prônent la récup, les autres le neuf uniquement, sans parler de l’éternelle guerre Mac/PC et de la variable majeure : le prix. Avant de détailler plus avant nos recommandations par plate-formes, il faut commencer par poser les pré-requis techniques.
Définir les besoins
Tout doit commencer par là : faire la liste des besoins. Est-ce une machine vouée à courir d’un sac à dos aux bancs de la fac en passant par la bibliothèque universitaire sans voir une seule prise électrique de la journée ? Un gros 15 pouces confortable qui restera dans l’appartement/la chambre ? Une machine moitié travail, moitié jeu ? La formation visée et les usages périphériques vont vous orienter aussi bien sur le format d’appareil, les composants que les entrées-sorties nécessaires (nombre et types de prises).
Car ne croyez pas que tous les étudiants ont besoin de la même chose : certaines formations multimédia requièrent beaucoup de puissance, de même que des cursus de sciences dures. La compilation de code, l’exécution de routines MatLab ou les tableaux croisés complexes sous Excel sont en effet autant d’applications gourmandes qui peuvent mettre à genoux les puces d’entrée de gamme type Core M et les vieux disques à plateau – vive les SSD.
Des formations – et des usages – plus légers peuvent par contre se contenter de composants moins puissants – et moins énergivores, surtout s’il s’agit de passer des heures à compiler et collecter des informations dans une librairie universitaire avec 3 prises électriques pour 30 sièges. Il n’y a d’ailleurs pas toujours besoin d’acheter une machine neuve : dans le cadre de formations plus littéraires avec comme usages de la simple navigation web, du traitement texte et des usages médias de base (streaming, lecture audio/vidéo), n’importe quelle machine – ou presque – de moins de 5 ans peut y répondre. Cela ne veut pas dire qu’il faut se contenter de n’importe quoi, surtout en ce qui concerne deux éléments rarement mis en lumières : l’écran et le clavier.
Hormis les formations manuelles ou très techniques (et encore), l’étudiant va passer pas mal de temps à s’user les phalanges et la rétine. Et ce n’est pas parce qu’on est jeune et qu’on commence dans la vie qu’on doit souffrir, en 2017, d’un mauvais clavier et d’un écran aux angles de vision horribles. Plus que le processeur ou la mémoire vive, un étudiant en formation littéraire doit évaluer le confort de frappe d’un clavier et celui de lecture de la dalle sur laquelle il va gentiment se limer la cornée. A bon entendeur.
PC : un océan de formats
Le monde du PC est le plus riche en références et en formats différents. Du veau 15 pouces pas cher à 299 € à l’ultra portable de luxe à 2000 € en passant par les machines de jeu, la galaxie « PC Windows » est celle qui offre le plus de choix. Avant de prendre en considération le format même des machines, voici nos recommandations minimales :
- 8 Go de RAM
- Définition Full HD 1920 x 1080 (ou 1600 x 900 sur les plus petites dalles)
- Core i3 ou dernière génération de Core M, Core i5 recommandé (en attendant les déclinaisons mobiles de AMD Ryzen)
- Au moins 250 Go de stockage, si possible en SSD
En dessous de ces spécifications génériques, la machine souffrira de désagréments – ralentissements, gestion du stockage fastidieuse, lisibilité médiocre – dont on peut facilement se passer en investissant un tout petit plus. Les machines trop au rabais ne sont pas des investissements, mais de l’argent perdu !
En termes d’usages, les quatre différents formats qui existent sont les ultra portables de qualité, qui ont le vent en poupe et durent longtemps – mais sont chers -, les PC portables familiaux 15 pouces peu onéreux mais aux performances moyennes (heureusement faciles à faire évoluer), les PC hybrides consistant en une tablette et un clavier séparable ou les PC gaming.
Si vous avez les moyens, un ultra portable comme le Dell XPS 13 est non seulement une belle machine, mais présente aussi l’avantage d’être très endurant (surtout si vous vous conterez de la définition Full HD), ce qui permet de se passer de chargeur et évite les combats pour les prises électriques.
[Lire notre top 10 des PC ultraportables]
Les PC familiaux au format 15 pouces que l’on trouve à moins de 500-600 euros sont à éviter en usage nomade et ne peuvent laisser parler leur plein potentiel qu’une fois mis à jour de certains de leurs composants – RAM, SSD. Le seul reproche que nous avons à leur faire c’est que les constructeurs leur installe des dalles LCD au rabais pour faire baisser les prix : allez les voir en magasin avant de succomber.
Ensuite il faut parler des PC hybrides, ces tablettes sous Windows 10 qui se transforment en vrai ordinateur une fois reliées à leur clavier, un genre parfaitement incarné par la Microsoft Surface. Ce format est sans nul doute le plus compact et léger et offre l’avantage de l’usage tablette. Ses faiblesses sont les performances des composants ou, si ceux-ci sont puissants, la chauffe et l’autonomie (il faut faire des choix), mais on reste dans le domaine du parfaitement raisonnable. Le seul reproche tout à fait subjectif que nous leur faisons concerne l’ergonomie, toujours moins confortable qu’un PC portable à charnière classique.
[Lire notre top 10 des PC hybrides]
Finalement, il faut parler des PC de gamers. Loin d’être futile, leur puissance intrinsèque rend l’expérience de travail agréable notamment dans l’utilisation de logiciels lourds. Ensuite, la variété des formats fait qu’on trouve désormais des machines ultra-portables adaptées au jeu ! C’est pour cette sous-catégorie un bel avantage. Quant aux modèles les plus épais (de type Alienware), on peut mettre à jour les composants et assurer ainsi la pérennité de l’investissement. Les défauts du genre sont bien évidemment le poids/encombrement pour les modèles les plus gros, l’endurance si on commence à taper dans la carte graphique – le jeu c’est uniquement avec la prise secteur ! – et le prix, logiquement à la hauteur de la puissance des composants.
[Lire notre top 10 des PC gamers]
Mac : le prix de la pomme
Certains ne jurent que par les machines Apple que ce soit pour la qualité de fabrication des machines ou la stabilité du système d’exploitation. Il existe aussi des milieux et formations où la dominance de la pomme est culturelle – les arts numériques notamment – même si la situation n’est plus aussi simple que par le passé. De nombreux programmeurs ont laissé tombé les PC pour des Mac, quand, au contraire, des professionnels du multimédia se tournent vers les PC pour le rapport prix-performances.
Si choisir un Mac est une affaire de goût, nous n’avons qu’un unique grief à leur encontre : il est impossible de mettre à jour les composants des dernières générations de machines – même le disque dur SSD est soudé à la carte mère ! Apple force ainsi les consommateurs avant l’achat à configurer les machines par le haut, une démarche que nous n’approuvons pas et qui conduit l’intégralité de la machine au recyclage si une panne matérielle sérieuse se présente (non, le remplacement total des composants électroniques quand la machine est sous garantie n’est PAS une option écologique).
La gamme des PC portables Apple a le mérite de la simplicité de la lecture – 3 modèles (Macbook, Macbook Air, Macbook Pro) dont un – le Macbook Pro – se décline en deux tailles (13 et 15 pouces). Si on cherche une machine légère et endurante, il faut regarder le Macbook Air et le Macbook. Le premier est certes dépassé côté écran – sa définition de 1440 x 900 n’est pas la meilleure – mais non seulement il est le moins cher des PC portables de la marque mais en plus il est le plus pratique puisqu’il est le dernier de la marque à proposer des prises USB classiques (x2 USB 3) et un lecteur de carte mémoire SD. Le Macbook est pour sa part plus léger, plus fin, plus esthétique, équipé d’un écran plus beau mais il est moins endurant, radin sur la connectique et plus cher.
Pour tout besoin de puissance, il faut se rabattre sur les Macbook Pro, avec leurs processeurs plus puissants – du Core i5 au Core i7 – et leur partie graphique dédiée (sur le 15 pouces uniquement). Les utilisateurs qui comptent exécuter de lourds travaux vidéo préféreront d’ailleurs le 15 pouces non seulement pour sa Radeon mais aussi car il est le seul modèle embarquant jusqu’à 16 Go de RAM, la version 13 pouces étant limitée à 8 Go.
Chromebook : pas chers mais (très) limités
Le Chromebook est une machine propulsée par le système d’exploitation Chrome OS de Google, un système dérivé du navigateur Chrome. De cette filiation découle le concept : un Chromebook est une machine tournée vers le web et ses services. La mémoire de stockage est donc réduite à sa plus simple expression (32 Go en général, 128 Go au maximum !) puisqu’on n’installe pas d’applications traditionnelles mais des apps Chrome et qu’on est sensé consommer des médias en ligne (streaming, etc.).
L’avantage de ces machines est qu’elles sont peu chères, peu sensibles aux attaques de pirates (mais cela ne protège pas des attaques de comptes), simples à utiliser et à maintenir. Les Chromebooks sont une piste intéressante en seconde machine à emporter partout où il y a le Net, ou en machine principale si vos besoins sont circonscrits au Net : réseaux sociaux, emails, navigation, Google Docs, etc. Dans ce cas de frugalité numérique – pas de téléchargement, pas de jeux vidéos, pas de montage vidéo, etc. – les Chromebooks sont des machines attrayantes.
La première réserve que nous émettons concerne le système Chrome OS. Ce super Chrome ne donne son plein potentiel qu’en présence d’une connexion internet et ne peut recevoir les applications traditionnelles PC et Mac. Dès que le moindre besoin se fait sentir – Skype, par exemple, n’existe pas – on se retrouve dans une impasse. Cette limite est en train d’être palliée par la compatibilité des modèles les plus récents avec Google Play, le magasin en ligne d’application d’Android, mais sa logithèque est bien moins complète que celle de Microsoft ou d’Apple.
Ensuite, les composants sont soudés comme sur un Mac, mais ils ne sont jamais aussi puissants et rarement d’aussi bonne qualité : on ne peut pas les mettre à jour ce qui, couplé au faible coût et au côté plastique des boîtiers, fait penser à une machine jetable. Finalement, si certains modèles sont indéniablement intéressants comme le Samsung Chromebook Pro, on s’aperçoit qu’ils ne sont pas commercialisés en Europe. L’offre européenne et plus particulièrement française s’avère peu attrayante et cantonnée aux modèles les plus bas de gamme.
En bref, le Chromebook est un PC portable économique intéressant comme machine bureautique simplifiée, mais qui ne peut pas encore remplacer un vrai système de type Windows, Mac OS ou Linux.
L’occasion : bon pour le portefeuille et la planète
Si le prix d’entrée des PC portables a énormément baissé cette dernière décennie – qui les a vu supplanter les PC de bureaux, certains préfèrent l’occasion que ce soit pour des raisons financières, éthiques ou écologiques. L’occasion est un chemin moins tranquille que le neuf en termes de garantie, mais c’est un geste pour l’environnement et avec la stagnation des performances et la sobriété des besoins de Windows 10, n’importe quelle machine de 3 à 5 ans avec un Core i5 assure les besoins bureautiques et multimédia élémentaires.
Que vous passiez par un site spécialisé comme Backmarket qui apporte garanties et sécurité d’achat ou par l’achat entre particuliers, un des avantages de l’occasion est la possibilité de faire « revivre » une machine par le biais de la mise à jour de composants. Un passage de 4 Go à 8 Go de RAM, le changement de la batterie et le remplacement d’un vieux disque à plateau à 5400 tours/min par un disque SSD transformeront un PC de 2014 en un PC paré à tout. Seule limite : il faut accepter de se servir d’un tournevis et, dans le cas du changement de disque dur, se frotter à la migration du système d’exploitation lié à la machine (généralement Windows). C’est une procédure généralement facile, mais privilégiez tout de même un SSD livré avec un logiciel de migration.
Les plus bricoleurs pourront acheter des machines à retaper, un excellent moyen pour comprendre comme un PC fonctionne (et un acte écologique encore plus fort !) et y installer un système d’exploitation libre comme Linux – un scénario idéal pour les futurs codeurs et autres informaticiens. La limite étant que le catalogue vidéoludique et les services compatibles sont moins nombreux que sous Windows.
Dans le domaine de l’occasion, il est une marque qui reste chère mais qui, en contrepartie, perd moins de valeur : il s’agit du Macbook dans toutes ses variantes. Sachez toutefois que les pièces de rechange sont parfois plus chères – les disques SSD sont, par exemple, au format propriétaire – et que l’évolution est, depuis les dernières générations, quasi impossible puisque tous les composants sont soudés à la carte mère.
Quand le portable ne suffit pas
En clôture de cet article, il est bon de rappeler qu’il existe des cursus où les besoins de puissance sont tels que seuls des PC portables énormes et hors de prix font l’affaire. En ce cas, il vaut mieux préférer un tout-en-un ou une tour, qu’elle soit de marque, assemblée par les cybermarchands ou par vos soins. En effet, les processeurs mobiles sont généralement bien inférieurs à leurs confrères « desktop » : un Core i7 mobile à 30W de TDP s’avère, fort logiquement, bien inférieur à un Core i7 pour PC fixe qui dégage 90 W ! Cette différence de puissance permet même d’envisager un scénario à deux machines : un PC portable léger et endurant pour la prise de note et le travail nomade, et un PC fixe pour les usages plus intensifs.
C’est désormais à vous de jouer et d’utiliser nos différents conseils pour identifier la machine qui conviendra le mieux à vos besoins. Et de réaliser que si la rentrée a quelque chose de parfois un peu déprimant, elle représente quand même l’occasion de vous équiper d’un super ordinateur !
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