Les grandes entreprises françaises semblent bien décidées à agir pour résorber le retard pris par l’Hexagone dans le domaine de la micro et de l’accès à internet. Après quelques mois de réflexion, plusieurs d’entre elles ont décidé d’équiper à titre personnel leurs collaborateurs. En 2001, plus d’une dizaine d’appels d’offres seront lancés par les grands comptes.
EDF-GDF interroge près de la moitié de ses agents
Selon nos informations, France Télécom, EDF, La Poste, Air France, la SNCF et la Société Générale figurent au nombre des grandes entreprises travaillant sur un programme de cette nature. Avec, à la clé, des commandes de plusieurs dizaines de milliers de machines pour les fabricants. Pour certaines d’entre elles, le projet est déjà bien avancé. Ainsi, chez EDF et GDF, les 140 000 agents font actuellement l’objet d’un sondage qui permettra d’apprécier leur intérêt pour telle configuration ou telle proposition de financement. Les directions d’EDF et de Gaz de France poursuivent leurs négociations sur deux fronts. Le premier avec les prestataires techniques (constructeurs et intégrateurs) ; le second avec les partenaires sociaux. Le déploiement de cette offre est prévu pour le mois de septembre.À l’évidence, le succès rencontré l’an dernier par les initiatives des entreprises américaines ?” celles de Ford et Delta Airlines ont permis d’équiper 432 000 salariés ?” et d’autre part les nouvelles dispositions fiscales en vigueur en France depuis le début de cette année ont facilité la réflexion. L’opération Netgénération, lancée au mois de novembre 2000 par Vivendi, a servi de modèle. ” L’initiative prise par Jean-Marie Messier, président de Vivendi Universal, a fait bouger le gouvernement et beaucoup d’entreprises semblent décidées à suivre cet exemple “, note Philippe Billet, directeur général de People PC en France, l’un des spécialistes de la distribution d’équipements micro-informatiques à grande échelle. Vivendi Universal est d’ailleurs actionnaire de People PC via le fonds Atviso.
Pour l’image de marque
En fait, derrière le geste altruiste de ces dirigeants pour leur personnel s’en profile un autre, davantage lié à la productivité. Le constat est simple : en mettant à la disposition de ses collaborateurs une machine et son accès internet, des logiciels et CD-Roms, voire parfois une imprimante, la société entend profiter de la technicité que le personnel va progressivement acquérir à leur contact. Ce que résume parfaitement Patrick Widl?”cher, directeur de la communication du groupe La Poste : ” Si nous sommes familiers d’internet, nous pouvons apporter à la clientèle une meilleure explication sur nos produits, et puis une telle initiative permet un enrichissement personnel des salariés. ” L’image de marque de la société mais aussi la fidélité des collaborateurs s’en trouvent donc renforcées, sans compter les possibilités induites par le réseau : accès à l’intranet, formation, télétravail… Mais encore faut-il que les offres proposées soient séduisantes. À l’automne 2000, La Poste présentait plusieurs configurations Compaq, mais quasiment aux mêmes tarifs que ceux de la grande distribution. Résultat : 3 700 souscriptions sur quelque 300 000 postiers. Sous l’impulsion de Martin Vial, son président, le groupe lance une autre tentative cette année : ” La nouvelle offre sera similaire à la première mais bénéficiera d’une meilleure présentation, d’une gamme de prix et de modèles élargis aux ordinateurs portables, voire aux assistants personnels “, souligne Patrick Widl?”cher.
Les syndicats ne cachent pas leur inquiétude
Reste que de tels montages demandent plusieurs mois de préparation aux multiples aspects : stratégiques, financiers, commerciaux, logistiques… Comme le note Philippe Lefort, directeur des produits d’accès chez Compaq France, ” les offres actuelles sont de véritables projets d’entreprise de bien plus grande ampleur que ceux qui étaient montés il y a quelques années “. Le volet fiscal lié à la loi de Finances 2001, communément appelé ” amendement Messier “, est l’un des éléments clés : ” On peut en tirer plus ou moins de bénéfices en fonction de la manière dont le texte sera articulé “, glisse Philippe Billet. Un sentiment partagé par Antoine Vivien, président de Hewlett-Packard France : ” L’ingénierie financière est déterminante. Le succès de ce type de programme dépendra de la générosité de l’amendement “, confirme-t-il. Le patron de la branche française, qui a remporté le contrat avec Vivendi ?” 85 000 machines livrées en trois mois ?” estime avoir beaucoup appris sur ce type de dossier, même si les risques sont élevés et les négociations financières ” très tirées “. ” C’est à la limite du rentable. Il y a des projets dans lesquels nous ne souhaitons pas aller “, lâche Philippe Lefort. ” C’est souvent un contrat gagnant-perdant “, constate pour sa part Kevin Rollins, vice-président de Dell Computer. Le fabricant américain a d’ailleurs décidé d’ignorer ces appels d’offres. Quant aux partenaires sociaux, associés très en amont à ces projets, ils se retrouvent tiraillés entre modernité et contingences syndicales (réduction du temps de travail, logiques de productivité de l’entreprise, etc.). Chez Sud-PTT (France Télécom), on estime que les propositions de la direction n’offrent pas assez de garanties en matière de différenciation entre le travail réalisé au bureau ou à domicile. Une porte s’ouvre : celle du télétravail.
Des projets encore dans les cartons
Entreprises dotées d’un projet d’équipement des salariés avec les effectifs concernés et les unités distribuées. | ||||
Effectifs concernés | Nombre de souscripteurs | |||
Vivendi Universal | 110 000 (plus 260 000 dans le monde) | 85 000 | ||
France Telecom | 160 000 | NC | ||
EDF | 140 000 | En préparation | ||
La Poste | 310 000 | En préparation (3 600 souscriptions pour l’offre intiale) | ||
SNCF | 175 000 | NC | ||
Source : LNH
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