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Payer pour voir… l’actu des arts

Pour atteindre la rentabilité, Artaujourdhui.com, portail d’informations spécialisées sur le monde des arts, emprunte les recettes de la presse traditionnelle. La technologie en plus.

Jacques Dodeman n’a pas cherché midi à quatorze heures pour revenir sur le marché de l’information en ligne. L’ancien propriétaire d’Artindex, déclinaison du Journal des Arts et de L’?’il, vient de lancer son “E-quotidien des arts” en appliquant les recettes de la presse traditionnelle.

Trois types d’abonnement

À partir du 30 septembre, l’accès à Artaujourdhui.com, portail qui édite un quotidien électronique et un agenda culturel, sera payant : achat au numéro pour un euro (6,60 francs), abonnement mensuel (10 euros) et annuel (60 euros). “Tout le monde se prépare à établir des tarifs d’accès à l’information calqués sur ceux de la presse“, explique Jacques Dodeman. “Je me lance juste avant les autres“, ajoute-t-il malicieux. Pour Jacques Dodeman, l’E-quotidien des arts, conçu sur un modèle proche de la newsletter payante, vient combler un vide dans le secteur.”En édition papier, un quotidien sur l’art n’est pas viable économiquement. Les amateurs d’art en France ne rassemblent guère plus de 50 000 lecteurs, alors qu’il faut compter sur une diffusion d’au moins 100 000 exemplaires pour être rentable“, explique-t-il. L’édition électronique prend donc le relais. “Avec 10 000 abonnés, je suis heureux“, dit-il. Artaujourdhui.com s’est fixé un investissement maximum de 1,52 million d’euros et un délai de trois ans pour atteindre l’équilibre. Un business plan classique, celui sur lequel Jacques Dodeman avait misé en 1985 pour le lancement du Journal des Arts version magazine. Autre similitude avec la presse traditionnelle : la publicité sera commercialisée dans un format pleine page et devrait générer 30 % des revenus. Avec 12 articles chaque jour, soit 3 200 en archives annuelles, le site compte en outre exploiter les revenus liés à la syndication. Artaujourdhui.com emploie une rédaction de neuf journalistes et a déjà investi à ce jour 610 000 euros pour son développement.

Une diffusion internationale

Pour compenser le handicap de la faible pénétration d’internet, Jacques Dodeman fait le pari de la diffusion internationale : “C’est un atout formidable, impossible en édition papier, sauf pour un “Financial Times” ou un “Wall Street Journal”“, explique-t-il. Son agenda culturel, en ligne depuis juin, est édité en français et en anglais, et couvre toute l’actualité des musées dans le monde. Pour le quotidien, Jacques Dodeman privilégie la constitution d’un pool avec des partenaires étrangers, sur le modèle du Journal des Arts. “ Il faudra exporter l’idée, pour que dans d’autres pays, des quotidiens d’art électroniques soient édités“, conclut-il.L’ironie du sort a voulu qu’au moment, où l’E-quotidien des arts lance son défi, le groupe Nart, auquel Jacques Dodeman avait revendu en juin 2000 le Journal des Arts et le magazine L’?”il, vient de déposer le bilan. L’exploitation en ligne des publications (Artindex.fr) s’est soldé par un échec, dont Thierry Ehrmann, PDG du Groupe Serveur, profite aujourd’hui en se portant acquéreur des titres. Quant à Jacques Dodeman, habile éditeur, il aura réussi sa conversion dans l’électronique sans s’embarrasser du papier, mais grâce à son financement.

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Sébastien Fumaroli