Décision Micro & Réseaux : Depuis la naissance du modèle FAH, comment le marché évolue-t-il ?Paula Hunter : Aujourd’hui, le marché de la fourniture d’applications hébergées tend à se segmenter en trois grands types d’acteurs. Ceux que l’on peut qualifier de FAH (fournisseurs d’applications hébergées) horizontaux constituent le plus gros des troupes. Ils proposent à leurs clients des applications génériques comme la messagerie électronique. Ce sont des produits standardisés, ne nécessitant guère ou pas de personnalisation ni de contrats négociés. Ces FAH sont souvent des opérateurs. Ils disposent en général de grosses infrastructures telles que des centres d’hébergement qui leur permettent d’appliquer des prix assez bas. En contrepartie, leurs marges sont peu élevées. La deuxième catégorie est celle des FAH dits verticaux. Leur stratégie consiste à se focaliser sur des industries spécifiques comme celle du pétrole. À l’inverse de ceux-ci, la dernière catégorie de FAH est constituée de prestataires spécialisés sur un certain type d’applications. Un FAH de cette nature, spécialisé dans la comptabilité par exemple, emploiera en général des experts-comptables qui permettront de déployer les modules les mieux adaptés à l’entreprise. Cette évolution générale ne doit toutefois pas cacher que le marché reste composé de sociétés qui essaient de cumuler ces différents profils.Quelles sont les erreurs commises par les FAH de la première heure ?Aux États-Unis, les FAH ont entamé leur phase de développement à un moment où les capitaux ne manquaient pas. Paradoxalement, cela les a plutôt desservis. Les fonds qu’ils ont levés à l’époque ont surtout été investis dans des opérations de marketing et de publicité plutôt que dans la définition des vrais besoins de leurs clients. Une erreur de taille quand on sait que la fourniture d’un service exige une très grande proximité avec le client. Du fait de l’arrivée plus récente du modèle FAH en Europe, les acteurs européens ont pu mettre à profit les déboires de leurs homologues américains. Le rôle d’évangélisation qu’ont voulu tenir ces derniers revient aujourd’hui à l’ASP Industry Consortium que je préside. Pour autant, les déboires des FAH de la première heure n’ont pas eu une influence néfaste sur l’évolution du marché, bien au contraire. Alors qu’IDC prévoyait un chiffre d’affaires mondial de 650 millions de dollars (736 millions d’euros) en 2000, ce sont finalement 986 millions de dollars (1 116 millions d’euros) qui ont été générés.Quelles sont les applications les moins bien adaptées au modèle FAH ?Les applications de productivité de l’entreprise sont, sans conteste, à bannir des catalogues ; en premier lieu les applications de Microsoft Office ou leurs équivalents. D’ailleurs, même Microsoft déconseille de les commercialiser pour l’heure en FAH. Une entreprise qui voudrait les utiliser devrait être connectée sans discontinuer. Pour celles qui disposent d’une connexion permanente, on imagine aisément l’effet néfaste sur la bande passante disponible. Les applications sensibles et maison se prêtent également peu à un hébergement à distance. Les entreprises qui souhaitent tout de même externaliser les leurs font appel en général à des prestataires de poids tels que Cap Gemini ou EDS. Pour un FAH standard, cela n’a aucun intérêt. Le déploiement d’une application de ce type nécessite la mise en place d’un système de fonctionnement particulier impossible à rentabiliser, car inapplicable à la problématique d’un autre client. En revanche, les applications de messagerie pour le travail collaboratif représentent à elles seules 34 % du marché total, suivies de la finance et de la comptabilité à hauteur de 25 %.
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