De start-up en holdings, journal de bord d’un cadre de la nouvelle économie. Il se confie sous pseudo pour parler ?” et parfois crier ?” plus librement…Il ne s’agit pas de lui faire de la lèch-e. Seulement de reconnaître son immense mérit-e. Ne ricanez pas : j’aime mon boss. Je ne suis pas homo, mais mon c?”ur s’accélère quand il est là, et quand il me parle je rougis ?” intérieurement certes, mais très fort. Je lui dois tout, et en espère plus encore. Lorsque Roland m’a embauché comme directeur de la communication de son groupe de nouvelles technologies, je n’étais rien. Un vague “ pubeux “, accro du web, sachant en parler avec des i-mots siliconés-valley et une aisance très supérieure à ma compétence réelle, bref : trois fois rien. Mais sa confiance m’a obligé à relever le défi, à mettre la barre un peu plus haut que la semelle de mes Kenzo…Aujourd’hui, c’est mon second comdir. “Comité de direction ” sonnant plouc, on préfère, ici, l’abréviation, plus pimpante, et dont l’élégante nonchalance signe la vraie puissance, loin de la vieille éco et de ses mots industrieux, qui sentent le travail et la transpiration… Revenons à nos moutons. Qui sont-ils ? Les six directeurs de départements, dont moi, réunis pour la grande messe du comdir, en train d’écouter religieusement la démonstration brillante du boss à propos de la politique de développement du groupe. Chacun a sous les yeux les rapports d’activité concoctés par les autres, comme au conseil des ministres. Tiens, cette semaine, on a en plus la copie d’un e-mail (email dans le texte ?) de quelques lignes, signé par Bruno, le directeur du Capital Venture, qui… Oh non, merde ! Je jette un coup d’?”il de l’autre côté de la grande table de réunion, eh… oui… sa chaise est vide. Je m’empresse de regarder ailleurs, comme mon voisin, le directeur de la veille technologique, qui lui aussi se met à relire bêtement l’e-mail (email ?) pour se donner une contenance. Silence de mort dans la salle, comme lors du licenciement-démission du directeur général adjoint, il y a quinze jours.À un ou deux mots près, l’e-mail (email ?) de Bruno est exactement le même que celui de notre ex-DGA : “Des projets personnels m’appellent ailleurs [à l’ANPE ?], mais je tenais à saluer toute l’équipe [y tenais-tu vraiment ?] de TechnoX, où grâce à Roland j’ai plus appris en un mois qu’en dix ans de banque [alors pourquoi pars-tu ?] “. Dans l’e-mail (email ?) du DGA, cela donnait : “… je tiens à remercier Roland, à qui je conserve du respect et de la gratitude pour tout ce qu’il m’a appris.” Bref : merci de m’avoir viré. C’est aussi pour ça que j’aime Roland : sa capacité à vous convaincre de tout, et notamment qu’on lui doit la vie quand il vient de vous tuer. On le regarde tous, fascinés, écrire cette équation terrible sur le paperboard : “ Nouvelle économie = vitesse x risque “. Et, juste en dessous : “ Attirez vite les investisseurs en diminuant leur perception du risque.” J’aime Roland, donc je minvestis dans mon travail. À votre avis, que devrais-je percevoir ?
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