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Patrick Robin, investisseur et séducteur

Le fondateur d’Imaginet se dit davantage motivé par le goût du risque que par l’appât du gain.

L’homme excelle dans l’art de la séduction. Mais l’image d’un chercheur d’or lui sied bien mieux que celle d’un Dorian Gray. “La création d’entreprise est l’un des derniers terrains d’aventure, avec l’humanitaire et le militantisme “, tranche Patrick Robin. Déçu par le deuxième et un peu récalcitrant au troisième, il est resté fidèle à ses prédictions d’enfant: “ Quand je serai grand, je serai chef d’entreprise “. Reconnu comme l’un des pionniers de l’internet français, il a fondé la web agency Imaginet, en 1995, de la même manière qu’il a créé ?” vingt ans durant ?” des entreprises : sans capital-risqueur !
Les start-up ont pris de mauvaises habitudes. Il faut apprendre à créer une entreprise en faisant des bas de bilan“, enseigne ce Pygmalion, âgé de 44 ans, à ses jeunes protégés. En l’espace de deux ans et demi, Patrick Robin a, en effet, investi près de 2,5 millions d’euros (16 millions de francs) dans vingt-cinq start-up. Cette activité de business angel, “ start-up lover” selon son propre lexique, ne devrait pas cesser en dépit des difficultés actuelles. Ainsi, si deux de ces jeunes pousses, Abcool et Canalfood, ont déjà mis la clé sous la porte, trois autres devraient connaître le même sort, prévient-il. Malgré ce contexte difficile, il vient d’investir à nouveau dans First Coffee, société spécialisée dans l’affiliation.
Mais surtout, ce “serial entrepreneur” a rejoint l’agence Grey Interactive, en qualité d’associé et de vice-président. Depuis la vente d’Imaginet à Colt Telecom en 1998, il y officiait comme président sans réel pouvoir décisionnel. Son deuil étant fait, il entend promouvoir l’offre de services globale Fullsix (Full Solutions for Interactive experience), mettre l’accent sur la technologie de Grey Interactive. Le nouveau vice-président se plaît alors à rappeler que l’agence emploie 40 ingénieurs.
Après avoir agité l’étendard d’internet “comme un formidable outil libertaire “, Patrick Robin lui reconnaît des vertus marchandes. Et d’imaginer des services entre l’hébergeur et le client : “ Il est inadmissible qu’un client doive appeler directement l’hébergeur en cas de panne. ” C’est pourquoi une offre de service autour de l’hébergement est à l’étude. Toujours dans le souci de renforcer les prestations de l’agence, il veut repérer, en amont, des start-up proposant des solutions technologiques. En somme, une autre manière de poursuivre son activité de business angel, avec en prime la perspective d’une expérience paneuropéenne. L’aventurier du net aimerait bien connaî-tre les frissons d’une entrée en Bourse. Mais qu’on ne le soupçonne pas de chercher à s’enrichir, cela le fait blêmir.

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Valérie Quélier