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Patrick Robin (Grey Interactive) : ” L’effervescence est finie, mais la révolution est faite “

Pionnier et figure de l’Internet français, Patrick Robin vient de quitter ses fonctions de président d’Imaginet, société qu’il avait fondée puis cédée à Colt Télécom en 1998. Il rejoint l’agence Grey Interactive en qualité d’associé et de vice-président aux côtés de Marco Tinelli. Il explique son choix et analyse la crise actuelle du financement.


01net. : A titre personnel, vous avez investi dans vingt-six jeunes sociétés. Quel bilan tirez-vous de votre activité de business angel ?
Patrick Robin : Sur l’ensemble de mes participations, deux sociétés ont cessé leurs activités, Abcool et Canalfood. Et si tout va bien, deux ou trois seulement encore devraient fermer. J’estime que je m’en sors plutôt bien. Mais il est vrai que, vu le contexte, je suis resté de septembre à février sans investir dans de nouveaux dossiers. Car je ne rencontrais pas de projets susceptibles de plaire aux capital-risqueurs.Les capital-risqueurs sont encore très réticents sur les premiers tours et les business angels ne peuvent pas porter une entreprise pendant un an. Il faut aujourd’hui trouver des sociétés qui ont des besoins en cash très faibles, avec peu de frais de communication et de marketing, et dirigées par des équipes aux reins solides, qui tiendront le choc malgré les refus des capital-risqueurs.La bulle Internet a explosé. Qu’est-ce que cela remet en cause ?Pas grand-chose. La nouvelle économie, c’est une évolution irréversible et pérenne, et ce n’est pas parce que la bulle a explosé qu’il n’est plus possible d’entreprendre. En mai 68, on a vécu un moment très fort, passionnel, une vraie révolution pendant six semaines. Puis, tout le monde est parti en vacances et a conclu hâtivement : c’est fini ! Et pourtant, après mai 68, plus rien n’a été pareil. C’est la même chose pour la nouvelle économie et les start-up. Le phénomène d’effervescence est fini, mais la révolution est faite. Le plus positif, c’est que cela a brisé le complexe franco-français de la difficulté d’entreprendre. Les jeunes entrepreneurs ont retrouvé le goût du risque.Pourquoi quittez-vous Imaginet pour vous associer à Grey Interactive ?Mon départ était programmé depuis le rachat d’Imaginet par Colt : je devais assurer la présidence jusqu’à la fin 2000. Je n’avais pas prévu de reprendre aussitôt une activité afin de suivre les start-up dans lesquelles j’ai investi. Mais j’ai été séduit. Par une équipe, par les capacités techniques de l’agence et par la qualité du projet de Grey Interactive, entre autres à travers la nouvelle offre de service FullSIX. C’est une offre transversale : on est capable de proposer au client un service global, de la réflexion stratégique jusqu’au plan de communication, en passant bien sûr par la conception et le développement. Quel rôle allez-vous jouer concrètement ?Je vais participer à l’élaboration de la stratégie de l’agence, à moyen et à long terme. Au-delà de ce rôle, je me suis fixé trois grands chantiers. Tout d’abord, je souhaite rendre plus visible l’expertise et l’offre technologique de Grey Interactive. On associe essentiellement l’agence à la communication alors qu’il y a ici quarante ingénieurs qui travaillent sur les technologies. Je veux ensuite concevoir une offre de service autour de l’hébergement. J’ai toujours constaté qu’il manquait un chaînon entre les hébergeurs et les Web agencies. En cas de problème, les deux se renvoient la balle et le client est obligé, au final, de trouver lui-même la solution. Nous ne serons bien sûr jamais hébergeurs nous-mêmes. J’ai d’ailleurs gardé d’excellentes relations avec Colt, qui fera partie de nos partenaires privilégiés. Ma troisième mission va consister à repérer très en amont les offres innovantes des start-up technologiques afin de travailler avec elles.

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Laure Deschamps