Passer au contenu

Patrick Partouche (groupe Partouche) : ” Une machine à sous fidélisante “

Le leader français des casinos fait passer son parc de bandits manchots à l’ère de la relation client tout en accélérant son offensive dans le jeu en ligne. Patrick Partouche, directeur général du groupe, fait le point.


Le Nouvel Hebdo : Dans quelle mesure l’activité du jeu d’argent est-elle affectée par une crise économique ?
Patrick Partouche : Durant une crise, le joueur garde ses habitudes. Il va peut-être reporter certains achats, mais il ne va jamais cesser de pratiquer sa passion. Notre croissance reste donc à 2 chiffres d’une année sur l’autre.Cette constance dans l’activité jeu, visiblement non tributaire des crises, est un atout non négligeable pour vos actionnaires… Des analystes nous ont interrogés sur l’éventuel impact du 11 septembre. On peut distinguer deux secteurs.Quelle est la place des technologies modernes dans les casinos aujourd’hui ? Il y a deux types de technologies. Celles qui sont orientées client et celles qui sont internes. En interne, sont concernés la gestion et le suivi online du fonctionnement des machines. Chaque machine est reliée à un serveur. Nous suivons, en temps réel, les mouvements qui s’y effectuent. Les tapis ne sont pas reliés parce que cela ne nous sert à rien, mais nous centralisons les informations en fin de soirée.Et vis-à-vis de vos clients, quelle est la place de ces nouvelles technologies ? Nous allons passer à une nouvelle ère et, modestement, je précise que c’est moi qui en suis à l’origine en France : celle du ” player- tracking “. C’est un système de fidélisation intégré à la machine à sous. Nous allons vous donner une carte avec une piste magnétique. Mais quel est l’intérêt pour le client ? Je vais le rétribuer en points sur les volumes de jeux qu’il va générer. Vous allez, au bout du compte, gagner des voyages dans nos établissements, comme à Djerba en Tunisie, des repas dans nos restaurants, des lots, des téléphones portables et des remises sur l’ensemble de nos prestations. Quels moyens allez-vous déployer ? En dehors des investissements classiques, il y a l’investissement technologique orientation-client. La barre symbolique que je n’aimerais pas dépasser, c’est 1500 euros par machine. Nous avons 3 000 machines, mais nous n’avons pas intérêt à les équiper toutes. Certaines réalisent entre 770 et 1200 euros (entre 5 000 et 8 000 francs) de chiffre par jour. Elles ne pourront raisonnablement pas rapporter davantage.Vous avez jeté un beau pavé dans la mare en ouvrant un site de jeu…Je serai le premier en France sur ce créneau. Dans notre pays, c’est interdit, donc il n’y a pas de chiffres concernant le jeu en ligne. Dans le monde, on doit être autour de 6 milliards de dollars [6,83 milliards d’euros]. On annonce 20 milliards d’ici à 5 ans. Je vais donc y aller, car aujourd’hui, n’importe quel Français doté d’une carte de crédit peut jouer sur des casinos en ligne…Y compris les moins de 18 ans ? Vous avez bien entendu.Y a-t-il un danger ? Aujourd’hui, la nébuleuse internet ne peut pas garantir au Groupe Partouche l’intégrité de sa marque. Je dois faire face à deux dangers : que l’on utilise notre marque et que l’éthique de l'” emprunteur ” ne soit pas celle de notre groupe. Je ne peux rien contrôler. Si vous vous faites escroquer sur un site qui s’appelle Casino Partouche, vous ne mettrez plus jamais les pieds chez moi. Aujourd’hui, je détiens le domaine www.casino-partouche.com et, celui-là, je l’assume. C’est ma meilleure parade. La législation française est pourtant draconienne…On peut jouer sur 1500 sites de jeux depuis la France. Je ne suis pas du genre à rester sur le quai de la gare. Je monte dans le train et après je vois le contrôleur. Si je ne suis pas présent aujourd’hui, dans 3 ou 4 ans, il sera trop tard.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Propos recueillis par Philippe Bonnet et Celia Penavaire