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Patrick Martin (CEO de Storagetek) : ‘ En gérant le cycle de vie des données nous réduirons le coût du stockage ‘

Pour se diversifier, Storagetek s’attaque au stockage des données dites secondaires, pour les associer à des supports adaptés à leur criticité.

Le marché du stockage sur bande décline. Et en revendant en OEM une partie de vos sous-systèmes de disque, vos marges resteront limitées. Vos revenus ne vont-ils pas se contracter ?C’est complexe. Premier constat : en dépit du ralentissement de l’industrie du stockage, nos revenus augmentent consécutivement depuis quatre trimestres. Ils avaient déjà connu une hausse l’an dernier. Ensuite, le marché des
systèmes de disques, en baisse actuellement, n’affichera pas de croissance régulière dans les années à venir. On parle de 5 % à peine. Quant à celui du stockage sur bande, il ne décline pas(*). En ce qui nous concerne, la
progression de nos revenus est assurée par la hausse de nos parts de marché, notamment dans le haut de gamme des lecteurs et des bandothèques. Ces parts s’élèvent, respectivement, à 60 et 50 %, principalement face à IBM. Cette croissance
devrait également être soutenue avec les nouvelles problématiques d’archivage auxquelles les bandes devront répondre. Je pense au courrier électronique, que les organismes financiers américains sont désormais obligés de conserver. Mais aussi à la
télévision, actuellement en phase de numérisation, qui connaît des besoins d’archivage considérables. Ou encore à l’imagerie médicale. Bref, à tous les secteurs maniant des données critiques, mais peu sollicitées.De tous les constructeurs, vous êtes le seul à ne pas vous engager dans l’administration du stockage. Pourquoi ?EMC veut tout faire dans l’administration… tant qu’il s’agit de ses plates-formes de stockage. Idem pour IBM et HP. Ces constructeurs cherchent à être liés à des clients par leurs solutions logicielles. Mais je ne pense pas
que cette stratégie soit payante. Les entreprises n’achètent pas ces logiciels, ne trouvant pas, dans ces offres, de véritables bénéfices. Et elles ne souhaitent pas être verrouillées par un fournisseur. Notre credo est différent. Il part d’un
simple constat : dans les entreprises, les pools de disques primaires servent à héberger non seulement les données critiques, mais aussi toutes les copies qui en sont issues. Or, ces informations de ‘ seconde
zone ‘
doivent être associées à des supports adéquats : disques bon marché ou bandes, elles-mêmes soit placées dans une robotique, soit archivées. Ainsi, 80 % des données dans les centres de calcul sont des
informations dupliquées. Ce n’est qu’en gérant le cycle de vie des données que nous serons capables de réduire les coûts de stockage des entreprises.La gestion du cycle de vie des données repose en grande partie sur la hiérarchisation du stockage, qui n’a jamais vraiment décollé. Pourquoi la donne changerait-elle ?Pour deux raisons au moins. Dans le monde ouvert, avant que le stockage ne soit mutualisé, cette hiérarchisation était particulièrement complexe, car elle impliquait un outil de HSM par environnement. Avec les SAN, souvent synonymes
de grande capacité et de mixité des environnements, elle revêt, en revanche, tout son sens. Par ailleurs, le HSM risque de prendre son essor maintenant que tous les leaders de l’industrie du stockage commencent à en faire la promotion.Le fait que l’un de vos principaux partenaires OEM, Legato, tombe dans les mains de votre premier concurrent, EMC, ne pose-t-il pas un problème ?Absolument pas. D’abord, EMC va gérer Legato comme une entité indépendante. Et je le crois sur ce point. De toute façon, il serait très difficile d’intégrer les produits de Legato dans les briques logicielles d’EMC. Ce dernier
aurait plus à perdre qu’à gagner. Tous les bénéfices de cette acquisition partiraient en fumée. Ensuite, notre accord avec Legato sur ces logiciels est fortement protégé juridiquement. Enfin, ces outils ne sont pas irremplaçables. Le plus important
n’est pas la technologie, mais le savoir-faire.Vous revendez du matériel de LSI et des logiciels de Legato. Peut-on devenir le leader de la gestion du cycle de vie des données sans fournir soi- même les briques nécessaires ?Dell est le numéro un des PC. Fabrique-t-il pour autant les processeurs ? Il faut bien identifier nos point forts : l’intégration des meilleures briques logicielles du marché à nos matériels et, bien sûr, le support. C’est
la recette que nous appliquons avec les outils d’archivage de courrier électronique de Legato. L’enjeu n’est pas de les éditer nous-mêmes, mais d’être capables de les insérer dans les environnements complexes des entreprises. Pour ce qui concerne
les baies de disques de milieu de gamme, nous n’apporterions rien de plus que LSI : le stockage dans les environnements ouverts repose sur des technologies banales, sans réels facteurs de différenciation.(*) Pourtant, pour 2002, IDC et Gartner font respectivement état d’une baisse de 21 et 18 % sur les ventes de lecteurs. Celles des bandothèques chutent, elles, de 8 %, selon Freeman Reports.

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Vincent Berdot