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Patrick Leleu (Erenis) : ‘ Nous voulons proposer du 100 Mbit/s symétrique en 2006 ‘

Ex-patron de Bouygues Télécom et Noos, Patrick Leleu rejoint la start-up Erenis, un FAI qui amène de la fibre optique dans les immeubles parisiens. Il explique quelle sera sa mission, et fait le point sur la situation d’Erenis.

En football, on appelle cela un recrutement de choix. Après avoir dirigé deux noms célèbres du monde des télécoms ?” Bouygues Télécom, à la création duquel il a participé, et Noos ?”, Patrick Leleu vient de prendre
le poste de PDG d’Erenis.
Un FAI particulier, qui crée son propre réseau en tirant de la fibre optique jusque dans les immeubles parisiens, puis raccorde les clients en VDSL. Ce qui lui permet de proposer des
débits descendant allant jusqu’à 60 Mbit/s.01net : Après avoir dirigé Bouygues Télécom et Noos, vous rejoignez Erenis, qui est une start-up. Qu’allez-vous apporter à cette entreprise ?


Patrick Leleu : Erenis a besoin de prendre un élan opérationnel, de croissance et de développement. Je vais apporter mes connaissances en matière d’industrialisation et de management de ce type de projet, en simplifiant les
choses pour les équipes, en donnant des lignes de conduite claires. La caractéristique d’un projet comme Erenis est la diversité de sujets sur lesquels il faut être excellent, et qui est assez inhabituelle.Peut-on justement comparer un projet comme Erenis à celui d’un Bouygues Télécom, dont vous avez participé à la création ?


C’est comparable, car il s’agit de monter une ‘ mayonnaise ‘ financière et opérationnelle, et de monter une équipe qui va réussir à soutenir la croissance, grandir avec la société. Mais la philosophie est
différente. Chez Bouygues Télécom, le problème était de réaliser la couverture la plus large et rapide possible.


Avec Erenis, il s’agit de démarrer la couverture là où elle est raisonnable, dans de grands immeubles, où l’installation d’équipements télécoms peut s’amortir. Une fois équipés les grands ensembles d’immeubles, on peut, par prolifération
et extension, équiper des immeubles plus petits des alentours.Erenis va-t-il rester sur la région parisienne ou s’attaquer à d’autres villes ?


Nous restons sur Paris, qui possède le potentiel du nombre de logements que nous voulons couvrir dans les cinq ans, à savoir un million. Il n’est pas utile de se disperser. Ce qui ne veut pas dire que notre modèle n’est pas réplicable un
jour dans d’autres villes.Où en est Erenis aujourd’hui ?


Aujourd’hui, notre offre est disponible dans 25 000 logements parisiens*, c’est-à-dire avec un point de présence Erenis en sous-sol de l’immeuble. Nous travaillons avec les trois grands bailleurs de logements sociaux de Paris, la
Sagi, la Régie immobilière de la Ville de Paris et l’Opac. L’étape suivante est d’entrer en contact avec les grandes copropriétés du parc privé.


Sur les 25 000 logements, nous comptons à l’heure actuelle un peu plus de 4 000 clients. Ceux-ci peuvent opter par exemple pour des forfaits Internet ?” 15, 25, 40 ou 60 Mbit/s, par exemple, pour 30, 40, 50
et 70 euros mensuels ?”, avec de la téléphonie illimitée et l’abonnement téléphonique inclus.Et quels sont vos projets, notamment en termes de services haut débit ?


Nous allons lancer le mois prochain ‘ Erenis Protec ‘, un service de télésurveillance. Une petite centrale d’alarme sera reliée, par la ligne haut débit, à un prestataire. Ce dernier sera alerté en cas
d’ouverture de porte, de détection de mouvement, d’incendie, d’inondation, etc. L’abonnement sera de 10 euros.


D’ici la fin de l’année, nous devrions aussi lancer un disque dur virtuel.


Par ailleurs, nous sommes en contact avec Canal+ et TPS pour distribuer à terme leurs bouquets de chaînes sur notre réseau. Nous aimerions, par ailleurs, être les premiers à diffuser des chaînes haute définition, quand elles seront
disponibles.Erenis a-t-il les moyens de ses ambitions, dont celle de constituer son propre réseau urbain ?


Nous souhaitons investir 100 millions d’euros dans les cinq ans à venir. Cela nécessitera de renforcer le tour de table actuel** de façon significative et urgente ?” c’est une de mes tâches prioritaires ?” et de
faire venir de nouveaux partenaires financiers aux côtés du fond d’investissement Netpartners. Il faudra aussi renforcer nos équipes et passer de 45 emplois internes à 200 environ.Erenis se place dans l’ère ‘ post-ADSL ‘, c’est-à-dire que vous visez des débits qui n’ont rien à voir avec ceux du marché actuel ?


Tout à fait. Notre but est d’offrir à terme, quand le
VDSL2*** sera disponible, en 2006 en principe, une offre de 100 Mbit/s symétrique pour le marché résidentiel. Aujourd’hui, les clients achètent du 15 Mbit/s chez nous, et ce
débit se remplit petit à petit.


Ce qui est important, plus que la course au débit descendant [du FAI vers l’abonné, NDLR], c’est la montée en débit de la voie montante : aujourd’hui, les clients deviennent de plus en plus éditeurs de contenu,
comme le montre l’envol des blogs, par exemple. C’est un élément différenciant qui disqualifiera l’ADSL à moyen terme. Nous réfléchissons aussi à tirer de la fibre optique de bout en bout, une fois que les prix seront plus abordables. Cela permettra
de délivrer alors de très hauts débits.* Erenis est aujourd’hui présent dans quelques arrondissements parisiens (12, 13, 14, 15, 16, 17, 19 et 20e) ainsi qu’à Asnières.** L’actionnaire de référence d’Erenis est le fonds d’investissement
Netpartners. L’Anvar est également actionnaire, aux côtés des fondateurs et des dirigeants. D’anciens cofondateurs et dirigeants de l’opérateur italien Fastweb sont actionnaires à
titre privé dans Erenis.
*** Aujourd’hui, Erenis amène de la fibre optique jusque dans l’immeuble, puis relie les appartements via des prises téléphoniques, sur lesquelles il fait passer du VDSL.

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Guillaume Deleurence