Patrice Degoulet, chef du département d’informatique hospitalière de l’hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP)Plusieurs fois retardée, l’ouverture du nouvel hôpital européen Georges-Pompidou (huit cents lits) est prévue pour la fin juillet. Il remplace trois hôpitaux parisiens (Boucicaut, Laënnec, et une grande partie de Broussais), dont les personnels déménageront jusqu’en octobre. A la tête du service informatique, Patrice Degoulet bénéficie de la double compétence de médecin et d’informaticien. Il devra gagner deux paris : l’intégration technique et le changement culturel. Dès l’arrivée du patient, tous les documents le concernant seront numérisés et archivés sous forme d’images associées à son dossier électronique.Dans le secteur privé, on connaissait l’informatique orientée client, le CRM. Sans aller jusqu’à la ” fidélisation ” du malade, l’HEGP transpose-t-il une partie de ce concept dans le domaine hospitalier ? Tout à fait. Voilà pourquoi nous informatisons le c?”ur du métier, c’est-à-dire les unités de soins. Les prescriptions vont s’effectuer sur la base d’un dossier patient unique, partagé par tous les services. Le système de production de soins sera interfacé avec les autres systèmes (logistique et pilotage) de l’établissement. Nous avons procédé à un appel d’offres européen, remporté par le consortium Alcatel ISR (aujourd’hui Thomson Syseca), dans lequel figurent des sous-traitants comme Medasys (pour le logiciel de gestion du dossier médical Pen-Soins), ou Persé Technology (gestionnaire de rendez-vous One Call). Le projet mobilise à plein temps depuis deux ans l’équivalent d’une vingtaine d’utilisateurs – médecins, biologistes, infirmières, secrétaires.L’hôpital bénéficiera-t-il d’autres innovations ? Pour les applications administratives et les plateaux techniques, nous utiliserons les logiciels communs à tous les hôpitaux de l’AP-HP (NDLR : Assistance publique-Hôpitaux de Paris), avec, toutefois, des améliorations en ce qui concerne l’imagerie. En radiologie, la production des images sera totalement numérisée, et celles-ci seront accessibles dans les unités de soins. En outre, en biologie, nous inaugurerons un acheminement totalement automatisé des prélèvements, avec lecture de codes à barres et intégration automatique des résultats dans le dossier du malade. Ce qui nous permettra à la fois de raccourcir la durée d’hospitalisation et d’effectuer des examens pour d’autres établissements.Quels sont les enjeux de cette vitrine technologique ? L’objectif consiste, en soignant plus vite, à gagner une journée d’hospitalisation en moyenne par rapport aux autres hôpitaux de l’Assistance publique. Ce qui concourra à diminuer les dépenses de santé. Le temps gagné sera réinvesti dans une meilleure qualité de soins et dans la diffusion d’informations personnalisées aux patients, comme une copie de leur dossier. Par ailleurs, on évitera les erreurs.Est-ce une première dans un hôpital français ? A grande échelle, oui. Même si une expérience de dossier patient partagé a déjà été réalisée à l’hôpital Robert-Debré, qui compte moins de trois cents lits. Nous avons en France des habitudes d’archives uniques, mais pas de culture de dossiers communs, contrairement aux Etats-Unis.Cela signifie-t-il que vous supprimez le papier ? Paradoxalement, non. Du moins, dans un premier temps. A partir du dossier électronique, nous prévoyons même une production de documents secondaires supérieure à celle des autres hôpitaux.Quelles nouvelles fonctionnalités devraient apporter les prochaines versions du système ? Au début, toutes les prescriptions s’effectueront dans les box de consultations. Mais nous espérons tester, d’ici à la fin de l’année, la saisie – d’abord par les infirmières, puis par les médecins – de certains paramètres à partir de postes nomades dans les chambres.Comment s’effectueront les liaisons hôpital-médecine de ville ? Les médecins libéraux qui disposeront d’une carte CPS (carte de professionnel de santé) pourront accéder aux comptes rendus concernant leurs patients par un extranet sécurisé.
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