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Passé et avenir plutôt contrastés

Lors de la quatrième édition des Assises du Numérique, le Gouvernement fait le bilan du Plan numérique 2012. Et engage la phase 2012-2020.

On n’est jamais mieux servi que par soi-même. C’est donc avec simplicité qu’Eric Besson, le ministre chargé de l’Economie numérique, a pu afficher sa satisfaction fin novembre à l’université de Paris-Dauphine, lors des assises du Numérique. Ce grand raout rassemblait la fine fleur du numérique français, avec une certaine propension à favoriser les grands groupes au détriment des associations d’utilisateurs ou même des petites entreprises. Et pourtant, elles étaient intéressées au premier plan par les annonces faites.

Une réussite nuancée

Il s’agissait de faire le bilan du premier volet du Plan numérique 2012, présenté en octobre 2008. A l’époque (voir Micro Hebdo n° 550, p. 6), l’économie numérique était présentée comme une “ réponse effective au ralentissement de la croissance ”. D’où un arsenal de 154 mesures censées permettre à la France de revenir dans le peloton de tête des nations numériques.Selon le Gouvernement, le pari est d’ores et déjà gagné : “ 95 % des mesures du plan France numérique 2012 ont été réalisées ou sont en passe de l’être ”, a affirmé le ministre. Une opinion difficile à partager, ou à attaquer, tant la notion d’une mesure “ en passe d’être réalisée ” semble floue. Tout juste peut-on s’interroger sur l’objectivité des chiffres lorsque, par exemple, est avancée la création de 700 000 emplois nets depuis 15 ans par le biais des TIC… Toujours est-il que sur les 154 mesures de 2008, un certain nombre d’objectifs ont été effectivement atteints : la TNT est bien là, la 3G aussi, la portabilité des numéros mobiles également, ainsi que l’amélioration de la diffusion des contenus numériques grâce à l’Hadopi…Mais des pans entiers du plan 2012 semblent malgré tout bien mal engagés, quelle que soit la façon dont le Gouvernement a décidé de le présenter. Ainsi en va-t-il, par exemple, de la couverture numérique universelle (les zones blanches continuent à exister…) ou de l’accès au très haut débit : si le dossier de la fibre optique fait régulièrement état dans la bouche des opérateurs de grandes avancées, force est de constater que les utilisateurs, ceux qui souhaiteraient pouvoir s’abonner, sont loin d’avoir obtenu satisfaction. De même, concernant le dossier médical personnalisé, la radio numérique terrestre ou encore la télévision mobile personnelle.Bref, le satisfecit sur les 95 % de réalisation semble bel et bien surévalué. Mais l’heure n’était pas qu’au bilan, puisqu’était aussi présenté le deuxième volet du plan numérique : 54 nouveaux objectifs pour la période 2012-2020.

Des objectifs non budgetés

Au programme, augmentation des fréquences mobiles pour la 4G, amélioration de l’e-administration avec un objectif zéro papier à l’horizon 2020, 100 % de la population connectée au très haut débit optique et mobile en 2025, encouragement financier des entreprises innovantes, etc. Seule ombre au tableau : le budget attribué pour ces beaux objectifs sera inexistant. Car tout ceci sera fait “ sans accroître les dépenses de l’Etat ”, crise oblige. On aura donc plus sans dépenser plus. Sans doute la magie du numérique !

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Stéphane Viossat