Petit accroc dans l’idylle de façade entre Tim Cook et Donald Trump. Dans le cadre de l’enquête sur la tuerie de Pensacola, en Floride, le procureur général William Barr a accusé Apple, lundi 13 janvier, de ne pas collaborer avec la justice, en refusant de déverrouiller les deux iPhone du présumé coupable. À la suite de cette déclaration, le président Donald Trump a directement tweeté pour enfoncer l’entreprise californienne.
https://twitter.com/realDonaldTrump/status/1217228960964038658
Dans une rhétorique assez simpliste, Donald Trump a reproché à Apple de ne pas « aider » la justice américaine à traquer les « tueurs, les dealers de drogue et les criminels violents » alors qu’il « a tout le temps aidé [l’entreprise] sur le COMMERCE ». Et pour bien insister, le chef d’État américain n’a pas lésiné sur l’usage des capitales – gage de sa véhémence habituelle.
Œil pour œil, tweet pour tweet ?
Peu après, Apple s’est défendu – adoptant la même ligne de défense qu’il y a trois ans. La société de Tim Cook a répondu que l’entreprise fournissait des « gigaoctets d’information » mais qu’elle refusait de créer une « backdoor » même au nom de la loi, même si le tueur est décédé. L’entreprise californienne argue qu’elle ne veut pas laisser la possibilité à des personnes mal intentionnées de les utiliser ensuite.
« Nous rejetons l’accusation selon laquelle Apple n’aurait pas fourni l’assistance nécessaire à la justice dans le cadre de l’enquête de Pensacola. Depuis l’attaque, le traitement des demandes a été rapide, minutieux et certaines sont encore en cours », a expliqué Apple.
En 2016, l’affaire de San Bernardino, en Californie, avait déjà créé un précédent. Au terme d’un bras de fer juridico-médiatique, le FBI avait finalement fait appel à une personne tierce pour déverrouiller l’iPhone 5C du terroriste – en gardant le silence sur le « comment ». Apple n’avait finalement pas cédé. Face au procureur de Floride, l’argumentaire de Tim Cook demeure inchangé : créer une porte dérobée pour hacker un téléphone – même d’un assassin – menace la sécurité d’iOS et donc celle des utilisateurs de terminaux Apple.
Des répercussions pour la sécurité des utilisateurs
Les mots du patron d’Apple, couchés dans une lettre ouverte publiée à l’époque, résonnent aujourd’hui particulièrement :
« Le gouvernement des États-Unis a demandé qu’Apple prenne une mesure sans précédent qui menace la sécurité de nos clients. Nous nous opposons à cette décision, qui peut avoir des répercussions allant bien au-delà de ce cas spécifique », avait-il alors écrit. « Le FBI veut que nous développions une nouvelle version du système d’exploitation, contournant plusieurs dispositifs importants de sécurité. […] Dans de mauvaises mains, ce logiciel – qui n’existe pas aujourd’hui – aurait le potentiel de déverrouiller n’importe quel iPhone qui serait en la possession physique de quelqu’un. »