Depuis son arrivée chez Electronic Arts, après être passé par Yahoo, Blake Jorgensen a beaucoup potassé ses dossiers. Il a ainsi répondu à de nombreuses questions lors de la Conférence Technologie et Internet, organisée par Goldman Sachs, qui se tient à San Francisco du 12 au 14 février.
Réduire la voilure pour réduire les coûts
D’emblée son interview a été placée sous le signe de la nouvelle génération de consoles de salon qui devrait être dévoilée au cours de cette année pour une sortie pour les fêtes. Pour lui, il est essentiel de limiter les coûts en maintenant un contrôle sur le nombre de titres édités, entre dix ou quinze. Et ce afin de réduire à environ 100 millions de dollars le coût de la R&D pour le passage de la génération actuelle à la suivante.
Sachant que pour Electronic Arts, la transition se fera en plusieurs temps puisqu’une partie conséquente de son catalogue (FIFA, Madden, NHL, etc.) est lié au calendrier sportif et que les nouvelles consoles ne sortiront pas avant Noël, confirme-t-il.
Les joueurs achèteront donc ces titres de sport sur les consoles de « Gen-3 ».
Dites adieu à vos ludothèques actuelles
Blake Jorgensen lâche alors une petite bombe : « Il est important de garder en mémoire que les consoles de prochaine génération ne seront très probablement pas rétrocompatibles, comme cela a été le cas dans le passé. Et si vous jouez en multijoueur, vous n’aurez certainement pas la possibilité de jouer avec quelqu’un qui joue sur une console d’autre génération. »
Si les dernières itérations de la PS3, ou même de la Wii, ont supprimé la compatibilité avec les jeux PS2, ou GameCube, les fabricants s’étaient bien gardés de ne pas assurer la rétrocompatibilité avec les premiers modèles de la génération précédente, une fonction qui tient généralement à cœur aux « early adopters », qui malgré tout ne souhaite pas enterrer les jeux sur lesquels ils ont tant joué.
Des atouts inquiétants ?
Pour autant, le directeur financier d’Electronic Arts indique que celles qu’on appelle pour l’instant PS4 et Xbox 720 ont de quoi séduire : « Personne ne [les as vraiment vues] pour l’instant… Je veux dire, nous les avons vu en interne, mais le grand public n’a pas encore découvert ce que ces nouvelles consoles offriront en terme de visuels et d’ergonomie. Alors je vais garder mon opinion pour moi mais je pense que les gens vont être vraiment emballés ».
Qu’auront ces nouvelles consoles pour nous séduire autant ? Blake Jorgensen ne veut pas et ne peut pas les décrire en détail, mais il précise toutefois « elles vont être hautement intégrées au salon et à la maison. […] Je pense que les fabricants de consoles ont compris ce qu’est le gameplay typique aujourd’hui. Il est vraiment différent d’il y a cinq ou dix ans. C’était un gameplay solo, pas de coopération ou de multijoueur. Il va donc y avoir un bon potentiel en terme de connectivité pour rendre le jeu bien plus enthousiasmant. »
Connexion permanente et occasion
Les jeux de demain seront donc très orientés interaction en ligne. Un point qui mène tout droit à une des conséquences du « always on », la mise à mal du jeu d’occasion. « Je ne peux pas vraiment parler de la façon dont les futures consoles géreront les jeux de seconde main. Je dirai que la tendance du marché est d’être toujours connecté et de connecter un utilisateur, ce qui signifie qu’un logiciel est lié à un utilisateur ce qui va poser des problèmes pour le marché de l’occasion. », déclarait-il. La dématérialisation totale des jeux n’est pas pour l’instant possible, à cause des problèmes de bande passante, mais les fabricants de consoles et les éditeurs semblent continuer à tout miser sur la connexion permanente à Internet, même si cela doit être un problème pour certains utilisateurs.
Pour autant, le directeur financier d’Electronic Arts ne ferme par la porte à ce marché, qu’il qualifie de « bon pour les chaînes de magasins » même si les éditeurs, dont Electronic Arts, aimeraient, il le reconnaît, « tout vendre à plein tarif sans marché de l’occasion ».
Un nouveau modèle ?
On annonce la mort du marché de l’occasion depuis longtemps, les DRM y ont beaucoup contribué. Les fabricants de consoles auraient-ils trouvé l’arme absolue pour mettre à bas ce marché ? Ils ont en tout cas intérêt, si c’est le cas, à proposer des offres intéressantes (gratuites ?) pour permettre à un joueur de jouer gratuitement sur sa nouvelle console aux jeux qu’il possédait déjà sur la génération précédente, quitte à les lier à un identifiant, quitte à ne plus utiliser le disque optique… C’est un des espoirs que le rachat de Gaikai par Sony avait fait naître. Mettre la rétrocompatibilité dans le nuage, avec, peut-être, une petite place pour les jeux d’occasion…
Sources :
Blake Jorgensen – Conférence Technologie et Internet de Goldman Sachs
Gamasutra, pour la retranscription intégrale
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