Malgré le ralentissement économique, le secteur des services tient bon. Sa croissance devrait être tirée cette année par les activités à revenus récurrents. Notamment l’infogérance et la tierce maintenance applicative (TMA).Et ce même si le cabinet d’études Pierre Audoin Conseil n’est pas très optimiste, tablant sur une croissance plus faible que prévu en France, compte tenu de la baisse actuelle des activités, de la réduction des investissements et de la pression exercée sur les prix. “Le scénario d’une croissance moyenne à 8 % sur l’ensemble de l’année 2002, prévu par le Syntec, n’était envisageable qu’avec un deuxième trimestre meilleur. Alors que peu de signes de reprise sont visibles sur ce segment de marché, le taux de croissance devrait probablement perdre deux points. De plus, l’effet électoral en France va accentuer l’attentisme des entreprises”, explique Jean-François Perret, directeur général du cabinet PAC.La véritable reprise est plutôt attendue pour l’an prochain. La relance des investissements en technologies de l’information sur l’Hexagone devrait suivre ?” mais un peu plus tard ?” celle des Etats-Unis, observable, selon la dernière étude mondiale d’IDC, dès le deuxième semestre 2002. Mais le manque de visibilité des acteurs des services persiste, et les carnets de commandes actuels ne révèlent pas encore de véritable rebond en France. D’autant que celui-ci ne devrait pas s’effectuer uniformément sur l’ensemble des services informatiques.
La tierce maintenance a le vent en poupe
Parmi les trois principales activités des SSII ?” infogérance, intégration et conseil ?”, le cabinet PAC prévoit, en effet, une meilleure croissance de l’infogérance et de la TMA, car elle permettent aux utilisateurs de mieux maîtriser leurs coûts. La tierce maintenance applicative a en effet le vent en poupe, notamment pour les infrastructures internet. Les contrats ne cessent de se multiplier.” La tierce maintenance, notre moteur de croissance, a représenté l’an dernier 19 % de notre chiffre d’affaires, soit 65,5 millions d’euros, souligne Alain Prudhomme, directeur de l’offre du groupe Sopra. Elle répond à une demande de plus en plus forte, avec un engagement à plus long terme. Même dans les périodes les plus restrictives, la TMA demeure une activité utile pour les entreprises sensibles à la maîtrise de leurs coûts et à leurs gains financiers. “Quant à l’infogérance, elle demeure sans conteste le pivot de la croissance des services. “Si l’infogérance en France n’est pas spectaculaire, une kyrielle de petites affaires ?” PGI, infrastructures réseaux et micros, relation client, etc. ?” sont signées. Les SSII s’orientent toutes vers les revenus récurrents”, ajoute Jean-François Perret.Mais le deuxième semestre de l’année 2002 restera tendu pour bon nombre d’acteurs. Chez Cap Gemini Ernst & Young, qui prévoit d’atteindre un taux de croissance de 30 % en infogérance avant 2005, avec des résultats conformes au marché, on table cette année sur un carnet de commandes “raisonnable”. Car la concurrence s’est durcie.” Notre carnet de commandes se remplit, mais le climat des affaires a changé. En effet, les entreprises n’ont qu’un leitmotiv : la maîtrise des coûts. Et ce quelles que soient la qualité des solutions et la pertinence des services apportés, confie Philippe Simon, directeur exécutif pour la France de Cap Gemini Ernst & Young. Le marché est aussi plus mature. Les entreprises réalisent à tour de bras des benchmarks de solutions et mettent en avant la performance financière et le gain de productivité. C’est une vision à court terme. “ Conséquence : les contrats d’infogérance conclus sont prévus sur des périodes plus courtes, les prestations et les tarifs étant plus difficiles à évaluer en situation économique trouble.
L’intégration de système fait le grand écart
Chez Euriware, l’accent mis sur l’infogérance évolutive est salutaire. “Cette activité est devenue notre axe stratégique. Elle a représenté 48 % de notre chiffre d’affaires en 2001, soit huit points de plus qu’il y a deux ans. Et ce à l’heure où les entreprise s’occupent de leurs grands processus métier. Aujourd’hui, toutes nos compétences sont mises au service de l’infogérance évolutive, qui permet d’offrir à nos clients un plan de progrès de leur système d’information”, précise Jean-Pierre Crouzoulon, directeur général du développement d’Euriware. D’autres, comme EDS en France, font le chemin inverse. En rachetant Answare au groupe Alcatel l’an dernier, EDS a préservé sa croissance sur l’Hexagone grâce à ses activités d’ingénierie et d’intégration de systèmes.Deuxièmes grands métiers du service, l’ingénierie et l’intégration de systèmes représentent encore le plus grand marché des services informatiques en France. “Même si l’année 2002 ne s’annonce pas mirobolante pour ces deux activités, les affaires redémarrent”, commente Jean-François Perret. Mais si la croissance moyenne du secteur dans l’ingénierie (+ 10 %) et l’intégration de systèmes (+ 13 %) est restée modérée en 2001, le paysage varie fortement d’une entreprise à l’autre : environ 33 % chez Sopra, 26 % chez Unilog, 19,5 % chez Atos Origin, 15 % chez CSC, et 13,5 % chez Euriware.Etroitement liées sur le plan historique, les activités d’ingénierie et d’intégration de systèmes font, en effet, le grand écart. D’un côté, les prestations d’assistance technique souffrent des fortes pressions en provenance des services achats des grandes entreprises, qui réduisent les tarifs et le nombre de leurs fournisseurs.Du coup, clients et SSII s’orientent davantage vers les formules de tierce maintenance applicative, qui permettent de mieux maîtriser les coûts. “Nous réalisons environ la moitié de nos prestations en régie, et l’autre moitié au forfait. Mais ce ratio évolue avec une forte croissance de ce dernier. Et ce à la demande de nos clients, qui souhaitent forfaitiser un certain nombre de tâches d’assistance technique”, indique Pascal Exertier, président de Systems Intégration France chez Atos Origin.De l’autre côté, l’intégration est de plus en plus souvent associée à une prestation de conseil en amont. Cette “intégration à valeur ajoutée” dont on parle depuis de nombreuses années fait aujourd’hui ses preuves ?” chiffres à l’appui ?”, car elle constitue une part importante de la demande.La nature même des centres d’intérêt des entreprises explique à elle seule cette tendance : “Déjà équipées de PGI pour leur back office, les entreprises se focalisent aujourd’hui sur les composantes front office. A savoir la logistique, la gestion de la relation client et l’e-business”, explique Patrick Gouffran, directeur marketing chez Sopra. Qu’ils soient liés au PGI ou non, “ces nouveaux projets requièrent davantage de prestations de conseil en amont, puisqu’ils s’intègrent dans la réflexion stratégique de l’entreprise”, précise Gérard Gallen, membre du comité exécutif en charge des offres chez Unilog.
Le conseil veut retrouver son souffle
Parallèlement, les prestations liées à l’urbanisation des systèmes d’information constituent une part importante des projets : “L’urbanisation permet de mieux gérer les coûts d’interfaçage et de maintenance des applications. Les produits entrent aujourd’hui dans une phase de maturité qui permet de lancer ces projets liés à l’intégration des processus métier de l’entreprise”, indique Joël Templier, vice-président de CSC France.nfin, le conseil, troisième métier des SSII, tente de retrouver son souffle après les déconvenues de 2001. Le naufrage du conseil e-business suite à l’éclatement de la bulle internet se transforme en un rejet du monde des consultants par les grandes entreprises. Et l’affaire Andersen/Enron n’a rien arrangé. Elle tend, au contraire, à toucher à présent l’ensemble des sociétés.” L’heure est à l’optimisation et à l’amélioration des prestations de conseil. C’est le conseil technologique et le conseil en organisation des systèmes d’information qui fonctionnent le mieux aujourd’hui, au détriment du conseil en stratégie. Si le secteur conserve des taux de croissance corrects, ce ne sont plus les mêmes qui en profitent. A part Accenture, qui a diversifié ses activités à temps, les Big Five souffrent de cette crise “, conclut Jean-François Perret.
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