Dans un taxi, un tracteur, un Palm ou un missile, la géolocalisation prend de plus en plus d’ampleur. Mais dépend quasi-exclusivement du réseau de satellites
GPS, propriété du gouvernement américain. En ces temps de guerre, certains craignent que l’administration Bush veuille en limiter l’usage pour que d’éventuels ennemis ne puissent pas
en profiter. Une menace extrême et peu probable qui, d’ici peu, ne devrait plus avoir de poids en Europe.Il existe en fait deux signaux GPS. L’un, le Standard Positioning Service (SPS), est destiné aux civils, l’autre, le Precise Positioning Service (PPS), plus précis et sécurisé, est utilisé par les militaires américains.Or les Etats-Unis ont la possibilité de dégrader le signal SPS. Une pratique qui renverrait à l’avant 2 mai 2000. A cette date, Bill Clinton a décidé la fin de la Selective Availability (SA), une mesure imposée par les militaires
américains pour favoriser le GPS PPS et qui limitait la précision du GPS SPS.En manipulant à distance les horloges atomiques des satellites GPS, SA pouvait limiter la précision de cette dernière technologie à 100 mètres, contre une vingtaine aujourd’hui. Un frein que le gouvernement américain s’est engagé à
plusieurs reprises à ne plus utiliser, ce dont doutent aujourd’hui certains experts.
Un brouillage localisé
Pourtant, les Etats-Unis n’ont nul besoin de SA pour brouiller le GPS. Un
rapport disponible sur le site du Royal Institute of Navigation explique ainsi que, grâce à des dispositifs installés au sol ou embarqués à bord
d’avions, le Pentagone est capable de rendre inutilisable le GPS SPS sur des zones géographiques limitées.Une pratique déjà en place en Afghanistan. Avec quelques effets secondaires, comme celui de déborder assez largement des zones censées être aveugles au GPS. ‘ J’étais récemment en Chine, où des responsables m’ont
expliqué qu’ils ressentent jusqu’à 500 kilomètres à l’intérieur de leur territoire le brouillage effectué en Afghanistan ‘, explique René Oosterlink, chef du département radionavigation de l’agence spatiale européenne
(ESA).Ce n’est pas suffisant toutefois pour handicaper la navigation par GPS en Europe. D’autant plus que les autorités continentales comptent mettre en place, en 2004,
EGNOS, une surcouche qui augmentera la précision du GPS et permettrait de ne pas se soucier d’un éventuel retour à SA.Mais la vraie parade aura pour nom
Galileo. Avec ce projet de constellation de satellites, l’Europe va se doter de son propre système de navigation, indépendant des militaires américains.
‘ L’Italie et l’Allemagne doivent encore se mettre d’accord pour savoir qui sera le principal contributeur. Mais, puisque l’un et l’autre veulent mettre plus d’argent [pour avoir le leadership, Ndlr], je
suis plutôt optimiste. ‘ A l’ESA, on compte sur une disponibilité pour fin 2008. Le Conseil européen pourrait dailleurs prendre une décision au sujet de Galileo en fin de semaine.
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