Passer au contenu

La partie est loin d’être gagnée pour la console souveraine russe

La Russie, officiellement privée des consoles de Nintendo, Sony et Microsoft depuis la guerre en Ukraine, développe sa propre console souveraine. Et même plusieurs modèles et tout un écosystème logiciel ! Mais les difficultés semblent bien difficiles à surmonter.

En avril dernier, Vladimir Poutine exigeait de son gouvernement la création d’un écosystème russe du jeu vidéo. Le pays est en effet privé des consoles des constructeurs américain et japonais, du moins officiellement (le marché gris demeure prolifique), et les boutiques en ligne n’y sont plus accessibles. La solution, du point de vue du Kremlin, est donc de développer une industrie du jeu vidéo russe, ex nihilo ou presque (il existe des studios de développement de jeux).

Lire Privé de PS5, Vladimir Poutine veut une console « Made in Russie »

Reste qu’il y a loin de la coupe aux lèvres, surtout pour ce qui concerne le matériel. Il y a actuellement deux initiatives principales qui se sont mises en place. La première et probablement la plus avancée provient de l’opérateur MTS qui est en train de développer une plateforme de cloud gaming, Fog Play, ainsi qu’un boîtier accompagné d’une manette de type Xbox.

Cette solution facturée une cinquantaine de dollars devrait prendre en charge le jeu en streaming depuis des serveurs distants (comme Xbox Cloud Gaming ou GeForce Now) ainsi que le streaming local, c’est à dire à partir du PC de la maison.

L’autre initiative est de concevoir une « vraie » console avec des technologies locales. Et cela semble encore assez irréaliste. L’appareil serait basé sur le processeur Elbrus, « pas encore assez avancé pour rivaliser avec la PS5 et la Xbox », de l’aveu même d’Anton Gorelkin, vice-président du comité de la Douma sur la politique de l’information, qui faisait un point d’étape sur son compte Telegram repris par Habr.

Ce processeur, conçu à l’origine pour des applications industrielles et militaires, repose sur architecture VLIW (Very Long Instruction Word). Les performances de ce processeur spécialisé ne sont pas du tout comparables à celles des consoles modernes en termes de puissance brute. Par ailleurs, le jeu vidéo nécessite des optimisations spécifiques du matériel, sans oublier un GPU qui tienne la route.

Malgré tout, ce fameux processeur a les épaules très larges : la console souveraine n’est pas conçue « pour simplement porter une centaine de vieux jeux ». La plateforme doit « servir à promouvoir et populariser les produits vidéoludiques nationaux et à élargir leur audience au-delà des jeux sur PC et mobiles » ! Une sacrée mission qui semble absolument impossible à accomplir avec des technos uniquement russes, du moins pas sans des investissements massifs.

Dans ces conditions, comment répondre à l’exigence de Poutine ? En croisant les doigts, peut-être : « J’espère que nos collègues prendront cette tâche avec le plus grand sérieux et proposeront quelque chose de véritablement révolutionnaire (…) la solution devra être non conventionnelle », explique Anton Gorelkin. C’est loin d’être gagné.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.

Source : Tom's Hardware


Mickaël Bazoge