Génie ou heureuse coïncidence, William Klein présente, à la Maison européenne de la photographie (MEP), une exposition qui ne pouvait mieux coller à l’actualité et à l’humeur des Parisiens, comme des Français en général (à 82 % d’entre eux à tout le moins). “Paris + Klein”, qui se présente comme une mosaïque d’ethnies et de modes de vie, un foisonnement de couleurs, un capharnaüm de manifs et de révoltes en tous genres, un manifeste pour le cosmopolitisme… est un pied de nez à Le Pen ?” d’ailleurs cité dans le livre qui accompagne l’expo, publié aux éditions Marval. Le Paris du plus français des photographes américains ?” Klein vit dans la capitale depuis 1948 (biographie sur
www.mep-fr.org/expo_1.htm
) ?” est un Paris grouillant et mélangé, épuisant de vitalité. Le contraire du Paris gris, idéaliste et léché d’un Doisneau ou d’un Cartier-Bresson.S’y mêlent la Gay Pride et le Bal des débutantes, Gainsbarre, Gauthier, Mamère et les pleureuses des obsèques de Thorez (voir cette dernière photo sur
www.mep-fr.org/expo_1.htm
, cliquer sur la flèche), la grande roue et le métro, des déjantés et des désargentés, des chignonnées et des hirsutes, des académiciens et des sportifs, des étudiants en colère et des mannequins en collant ?” Klein collabora à Vogue : pour voir quelques-unes de ses photos de mode :
www.eyestorm.com
, cliquer sur “artists”, puis “K” et “William Klein “. Un kaléidoscope d’instantanés réalisés entre la fin des années cinquante et le printemps 2002, certains en noir et blanc, la plupart en couleurs ?” saturés de couleurs ?” presque tous décadrés, “floutés”, déformés, avec des rajouts de peinture d’inspiration pop-art ?” Klein fut peintre avant d’être photographe et cinéaste. Une “déconstruction-reconstruction” photographique devenue une méthode de travail depuis l’ultra-connu New York, portfolio culte publié en 1956 ?” dont on peut voir quelques clichés sur
www.franceweb.fr/ingirum/klein
ou encore sur
www.masters-of-photography.com
, cliquer sur Klein ?” qui sort définitivement la photo du spectre bourgeois. “Seul le tumulte l’intéresse”, dit le critique d’art Alain Jouffroy de Klein (analyse à lire sur
www.mep-fr.org/expo_1.htm
). De fait, Klein privilégie le mouvement sur l’esthétique, le coup de poing sur le coup de main, le brut sur le net. Et c’est un peu la limite de son travail : certaines photos ne sont pas objectivement “belles” ; certaines sont même “vulgaires “. Mais elles font sens. Elles font vie.
Bouger, militer
Dans l’objectif de Klein, Paris est d’aujourd’hui, et même de demain. Paris a du souffle. Du ressort. Il est juvénile, à l’image de ces immenses panneaux de photos présentés à la MEP. Des photos presque les unes sur les autres, à l’endroit, à l’envers, bichromes ou polychromes, d’inconnus ou de célébrités, qui sont comme ces patchworks que les ados accrochent dans leur chambre, mélange de clichés de copains et d’images de stars découpées dans les magazines. Vitalité, encore. Paris par Klein, cela donne envie de bouger, de militer. Mais pas forcément de jouer les tourtereaux. À trop vouloir nous faire oublier le Paris romantique, celui des amoureux sur les bancs publics, William Klein a négligé les romances qui s’affichent dans les rues, les baisers des pavés. Trop intemporel pour lui ?“Paris + Klein “, à la Maison européenne de la photographie, Paris, jusqu’au 1er septembre 2002, 01 44 78 75 00.
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