“ Il est temps d’envisager une relance de la politique publique pour faire face aux difficultés financières rencontrées par les incubateurs. ” Tel est le diagnostic porté par Christian Sautter, adjoint au maire de Paris, chargé du développement économique, des finances et de l’emploi. Six mois après la victoire de Bertrand Delanoë, il revient donc à l’ancien ministre des Finances du gouvernement Jospin d’assumer la rentrée high-tech de l’Hôtel de Ville, en rupture radicale avec l’ère Tiberi. Au menu : un “Plan stratégique pour le développement des technologies “, qui sera établi avant la fin 2001. La Ville, en partenariat avec la Région, est résolue à y engager ses deniers pour venir au secours des incubateurs en difficulté. Mais pour l’instant, motus sur le montant et le calendrier des dépenses.
Avec la Région
Selon le cabinet Global Contact, spécialiste de l’accompagnement professionnel, Paris et la région Île-de-France compteraient entre 50 et 80 incubateurs privés (soit 20 % des unités recensés sur le territoire français). “ L’incubateur est un levier de création d’entreprise pérenne au niveau local, qui fait chuter la mortalité des projets naissants“, commente Claudine Schmuck, directrice associée de Global Contact. Pour Christian Sautter, la capitale souffre d’un déficit d’incubateurs et de pépinières par rapport à Londres. “ Paris a été trop timide en matière de nouvelles technologies. La crise de sevrage que connaît la filière de l’industrie high-tech est le moment pour nous d’intervenir pour combler ce retard et aider au redémarrage. ” Jusqu’ici, à Paris, les fonds publics ont été investis dans les seuls incubateurs publics. Comme Paris Innovation, créé en 1998, et cofinancé par la Mairie de Paris et la Chambre de commerce (CCIP). Christian Sautter reconnaît que cette structure, dotée d’un budget de 305 000 euros (2 millions de francs), “ n’est pas à la hauteur des ambitions d’une capitale numérique“.À côté de Paris Innovation, la capitale compte des incubateurs financés par le ministère de la Recherche et de l’Industrie, constitués par appel à projet dans le cadre de la loi Allègre en 2000, comme Agoranov qui réunit 12 centres d’enseignement public et Paris Biotech de l’hôpital Cochin. La loi Allègre prévoit qu’au bout de trois ans, d’autres acteurs financiers prendront le relais : Paris pourrait trouver ici un autre cadre d’intervention. Mais l’ancien ministre se dit aussi favorable à “ un mélange privé public“. Selon Claudine Schmuk, le point faible de la création d’entreprise réside dans les fonds d’amorçage, première tranche d’investissement comprise entre 75 000 et 150 000 euros qui est aujourd’hui si difficile à trouver pour les start-up comme pour les incubateurs.”Une relance publique pourrait être envisagée sous forme d’une ligne budgétaire débloquée pour l’amorçage de start-up, et mise à disposition des incubateurs privés. ” C’est en tout cas ce modèle que la Caisse des dépôts et consignations est allée étudier en Israël : 300 000 dollars (334 000 euros) ont été débloqués sur deux ans par le ministère de l’Industrie israélien et alloués à un réseau d’incubateurs privés chargé de la gestion des fonds et du pilotage des start-up bénéficiaires de l’aide publique.
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