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Paris se rêve en capitale européenne de la tech et veut voler la vedette à Londres

Le gouvernement veut dépasser le Royaume-Uni et devenir numéro un européen dans le financement d’entreprises technologiques. Le Brexit représenterait une opportunité en or.

Toute la semaine, le président de la République, Emmanuel Macron, et son secrétaire d’État chargé du Numérique, Cédric O, ont affirmé de nouveau leurs ambitions : devenir numéro un européen dans le financement d’entreprises technologiques et dépasser le Royaume-Uni. Entre événements institutionnels, salon d’entreprises et déplacement officiel, les deux hommes se sont faits les chantres de la « start-up nation » à la française.

L’engagement est d’abord financier. Les grands investisseurs institutionnels français se sont engagés à miser 5 milliards d’euros dans les entreprises de technologies en croissance, a applaudi le président mardi 17 septembre, contre 2,8 milliards d’euros en 2017 et 3,6 milliards d’euros en 2018. Lors de son discours devant le gratin de la tech à l’Élysée, Emmanuel Macron s’est félicité des 13 levées de fonds de plus de 50 millions d’euros déjà réalisées pour 2019. Mais « ce n’est que le début de l’histoire », précise le gouvernement.

5 milliards d’euros, une somme (encore) à doubler

Cette année, « nous serons à 5 milliards d’euros et le Royaume-Uni devrait être à 8 ou 9 milliards. C’est l’objectif qu’on devrait se fixer », a expliqué Cédric O à l’AFP en marge d’une visite à Londres jeudi 19 septembre. « Notre objectif est de devenir le premier écosystème technologique en Europe. Nous pouvons considérer qu’aujourd’hui nous sommes numéro deux puisque nous venons de dépasser les Allemands, mais les Britanniques sont encore devant nous ».

La place à prendre se jouera aussi sur l’attractivité de la capitale française. Emmanuel Macron souhaite que la France compte 25 licornes, ces champions valorisés plus d’un milliard d’euros, d’ici à 2025, contre moins d’une dizaine aujourd’hui. Londres est pour l’instant la place privilégiée d’installation des jeunes pousses à la croissance spectaculaire en Europe.

C’est un des objectifs à long terme que suit le gouvernement. En juin 2017, un visa spécial « French Tech » a été mis en place en guise de facilitateur et accélérateur de procédure administrative. Mais, cela n’a visiblement pas suffi à pourvoir les 80 000 postes encore vacants sur le territoire français dans le domaine technologique.

Le Next40 : un affinage au profit des gros ?

Plus symbolique, le gouvernement a dévoilé en milieu de semaine la liste du Next40. « Le CAC 40 français des entreprises technologiques », selon Bercy. « Nous avons des champions potentiels, nous devons les aider », a affirmé, mercredi 18 septembre, le secrétaire d’État au discours de clôture de France Digitale Day, un événement taillé spécialement pour les start-up. L’objectif est de faire exister les « petites » entreprises sur la scène internationale, dominée dans le domaine de la tech par les États-Unis et les Chinois.

Les 40 élues ont été choisies par un jury présidé par Célines Lazorthes, la fondatrice de Leetchi, au sein des 120 entreprises qui composent la French Tech. Parmi ces entreprises, se trouvent BlaBlaCar (covoiturage), Cityscoot (scooters en libre-service), Deezer (streaming musical), Doctolib (réservation de rendez-vous médicaux), Meero (services pour les photographes), OpenClassrooms (parcours de formation) ou Ynsect (élevage d’insectes pour la nutrition animale). Certaines d’entre elles, dont la stature est déjà celle de multinationales, laissent perplexe quant au mélange des genres dans ce classement inédit. Veepee, ex Ventes Privées, a développé son propre incubateur dans les locaux de la station F.

« Pas de lien avec Brexit »

Même si la visite de Cédric O tombe à un mois de l’annonce du Brexit, prévu le 31 octobre. Interrogé par l’AFP, le ministre se défend de toute opération séduction auprès des entrepreneurs.

« Je ne suis pas ici en lien avec le Brexit. L’ambition française dans la technologie n’est pas liée à cet événement », assure-t-il, ajoutant qu’il se rendra dans les prochains mois dans la Silicon Valley aux États-Unis, en Corée du Sud ou encore à Singapour. « Il n’y a pas d’appel particulier pour que les entreprises reviennent. S’ils veulent réussir ici je n’ai aucun problème. Pour être parmi les meilleurs du monde, les entreprises françaises doivent être internationales », explique-t-il.

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Marion Simon-Rainaud