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Pari risqué sur le marché mouvant des serveurs

Pour percer, le duo HP-Compaq privilégiera les aspects logistiques et commerciaux à la technologie.

Dans les chiffres, la réunion des activités serveurs de HP et de Compaq ressemble, a priori, à des fiançailles de perdants. S’ils forment, ensemble, le leader du secteur, les deux constructeurs n’en sont pas moins en perte de vitesse, selon les chiffres publiés par l’institut Dataquest début août. Ainsi, HP ne détient plus que 10,6 % de parts de marché en 2001 contre 12 % en 2000, soit un recul de 11,6 points. Compaq cède pour sa part 4,6 points, passant de 28,3 % de parts de marché l’année dernière à 26,7 % en 2001. Un destin proche de celui de Sun, qui accuse lui aussi un recul de 15,6 % par rapport à 2000. Dans le même temps, leur principal concurrent, Dell, progressait de 28,3 % soit presque trois fois plus que le géant IBM lui-même (+10,4 %).Selon Carly Fiorina, la présidente d’HP, le marché a changé. “ C’est moins la technologie que les aspects commerciaux et logistiques qui font le succès sur ce marché “, a-t-elle expliqué. Les analystes confirment : “Par cette décision, HP et Compaq prennent acte de ce que la technologie n’est plus le seul moteur de la croissance, concluent Crawford Del Prete, Michael Melenovsky et Lee Doyle dans un récent rapport d’IDC. C’est une tendance de long terme du marché des serveurs, dont on ressent dès aujourd’hui les effets. “

La domination Wintel

Pour d’autres analystes, les chiffres parlent d’eux-mêmes : la perte de vitesse serait plus sensible pour les serveurs dont l’architecture est complexe ou qui utilisent un système d’exploitation propriétaire. La demande des entreprises se concentre de plus en plus fortement sur les serveurs Wintel (à base de processeurs Intel et fonctionnant sous Windows). Un segment où il est de plus en plus difficile, pour un constructeur, de marquer sa différence autrement que par la guerre des prix. Et cette situation sem- ble faite pour durer. “ Au moins jusqu’en 2006 “, estiment les analystes de Gartner, pour lesquels les serveurs de nouvelle génération utilisant le nouveau processeur Itanium d’Intel, et que devraient lancer à grand bruit les constructeurs dès la rentrée, sont loin d’être prêts pour l’entreprise.

Rationalisation forcée

aute de pouvoir créer de nouveaux marchés, et devant le déclin accéléré de certaines gammes de produits (serveurs de base Unix, notamment), les fabricants n’ont d’autre choix que de rationaliser leur activité.Si la réunion HP-Compaq laisse certains analystes septiques, d’autres saluent déjà l’effort : “Ce sera dur, ce sera pénible, mais les bénéfices à long terme sont bien réels“, juge Crawford Del Prete. Car, au-delà des économies d’échelle, susceptibles d’aider les deux constructeurs à résister dans la bataille tarifaire engagée par Dell, la consolidation qui s’opère n’est pas seulement celle de deux constructeurs, mais de l’une des gammes les plus étendues de serveurs qui existe dans l’industrie. À eux deux, Compaq et HP comptent sept architectures de serveurs différentes et quatre systèmes d’exploitation. D’ores et déjà, le mot ” migration ” a été lancé par Michael Capellas, avec l’abandon en juillet de la plateforme Alpha, l’une des architectures de serveurs de Compaq.Au bout du compte, les conditions semblent réunies pour assister à une concentration jamais vue sur le marché des serveurs, qui se traduirait par une réduction du nombre d’architectures concurrentes et l’abandon des systèmes d’exploitation les moins utilisés. Une hypothèse qui n’est, en tout cas, pas démentie par les chiffres. De quoi conclure, comme n’hésitent plus à le faire en coulisses quelques analystes, que, faute de stratégie alternative, HP et Compaq viennent de donner le signal d’un grand ménage qui touchera bientôt les autres constructeurs du marché.

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