C’est un drôle d’attroupement, ce mercredi 8 juillet à midi devant le siège de la RATP à Paris. Des individus à lunettes noires et oreillettes haranguent les employés de la régie de transport en annonçant haut et fort quelles publicités ils comptent leur adresser en fonction de leur apparence.
Du genre : « Là, deux jeunes habillés “à la cool” avec des baskets, vite, une publicité pour des téléphones portables ! ». Il s’agit en fait d’une nouvelle action de l’association Résistance à l’agression publicitaire (RAP), dénonçant la mise en place de panneaux publicitaires d’un nouveau genre dans les couloirs du métro parisien depuis la fin de l’année 2008.
Dotés de caméras, ces grands panneaux LCD aux allures d’iPhone géants sont capables de compter le nombre de passants qui défilent devant, ceux qui s’arrêtent, ceux qui regardent les publicités affichées, à quel endroit de l’affiche. Quatre sont installés dans la station Charles De Gaulle Etoile, mais sont pour l’heure désactivés.
Un traitement de données personnelles ?
Après avoir été déboutées en avril de leur demande de réaliser une expertise des panneaux, les associations antipub ne désarment pas pour autant. Car la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) s’est finalement saisie du sujet et réalise actuellement sa propre expertise de ces matériels, afin de vérifier s’ils relèvent de la réglementation sur la vidéosurveillance et sur le traitement de données personnelles.
« Nous avons décidé de jouer le jeu et nous attendons donc la position de la Cnil, note David Sterboul, administrateur de RAP. Mais nous affirmons qu’il y a des points d’illégalité dans ces dispositifs ». L’association a donc transmis lundi, au service des contrôles de la Cnil, ses propres commentaires et observations.
Elle estime par exemple que puisque les caméras cadrent des visages, il y a traitement de données personnelles. Or, selon la loi Informatique et libertés, un traitement de données personnelles implique une déclaration à la Cnil et une information du public concerné. Mais aussi le droit d’opposition de ce même public. « Or, vu le dispositif, on voit mal comment la RATP et sa régie publicitaire Metrobus peuvent respecter cette disposition. »
Prêts à saisir la justice
L’association s’inquiète également des éventuelles évolutions des panneaux. « Chacun d’eux est muni de quatre ordinateurs et de deux caméras. Or, la reconnaissance de visage n’a pas besoin de beaucoup de puissance de calcul, explique Nicolas Hervé, à l’association. Nous n’avons aucune garantie sur ce qui va se passer une fois que l’ensemble des panneaux seront déployés ». Du coup, les antipub se disent prêts à retourner devant la justice s’ils estiment que la Cnil n’est pas allée assez loin dans son étude.
Cette fois, ils ne demanderont pas à mener leur propre expertise, mais porteront plainte sur le fond, sur la base de la loi Informatique et libertés. En attendant, la Cnil n’a pas indiqué de date à laquelle elle pense terminer son étude et rendre ses conclusions.
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