Panasonic a-t-il lancé le vrai successeur des Canon EOS 5K Mark II et Mark III ? C’est ce que l’on pense en parcourant la fiche technique du Lumix S1H, la troisième déclinaison de sa première génération de boîtiers hybrides à capteur plein format. Après un S1 tourné vers le reportage, un S1R taillé pour la haute définition (studio, repro, paysage) avec son capteur de 47 Mpix, voici donc le S1H qui est là pour séduire le monde de la vidéo. Voire carrément du cinéma.
Sur le plan mécanique et technique, la base du boîtier est le S1, un appareil doté d’un capteur de 24 Mpix stabilisé mécaniquement. Par rapport à « l’original », le S1H intègre en premier lieu un capteur de même définition mais radicalement différent. Primo il intègre un filtre passe-bas nécessaire pour limiter les effets de moiré – un filtre que n’aiment pas la majeure partie des photographes mais qui est de rigueur en vidéo. Deuxio, ce capteur n’offre pas un mais deux seuils d’ISO comme c’est souvent le cas dans les caméras vidéo.
Alors qu’en photo tout capteur a une valeur d’ISO de base qui est amplifiée à chaque seuil (100, 200, 400, etc.), ce capteur de 24 Mpix qui encaisse 14 diaphragmes a une valeur d’ISO de 640 ISO de base qui évolue de 100 à 5000 ISO en valeur limite, et une seconde plage allant de 4000 à 51200 ISO. L’intérêt ? Proposer une bien meilleure qualité d’image en basses lumières. Il vaut mieux proposer un 4000 ISO natif « propre » plutôt qu’un 4000 ISO issu d’un signal original de 640 ISO amplifié sur plusieurs paliers. Le S1H promet donc ici des tournages archi propres en lumière naturelle à 4000 ISO, ce qui en ferait un tueur sur les tournages qui cherchent un rendu réaliste.
Après la 4K, voici la 6K !
En plus du capteur double ISO, le S1H s’avère être le premier appareil photo à pouvoir filmer en 6K. Une super définition qui se décline (6K, 5,9K, 5,4K) au gré des débits de trame et des ratios d’image (3/2 en plein capteur, 16/9e, etc.). Et qui offre de nombreux usages : définition pour usage cinéma, recadrage (pan scan) pour un montage 4K ou tout simplement un meilleur signal pour une exploitation 4K (suréchantillonnage) classique.
Outre la vidéo 6k, on a droit à toutes les versions possibles de 4K, du Super 35 mm plein capteur, à du ralenti x6 en Full HD, de l’anamorphique etc. Impossible de rendre par des mots la cohorte de modes vidéo disponibles qui remplissent une page et demie (!) d’un document PDF que nous reproduisons ci-dessous. Comme au poker, Panasonic a fait un « all-in » (tapis) et a mis tout son savoir-faire vidéo dans un boîtier d’appareil photo.
L’intérêt de ce format « appareil photo » est évidemment sa compacité… et son prix : par rapport à une Varicam ou toute autre caméra cinéma, le Lumix et ses « seulement » 4.000 euros boîtier nu sont une paille. Et son format compact ainsi que sa stabilisation capteur (jusqu’à 6,5 vitesses) permettent de l’utiliser dans des situations plus mobiles et plus rock & roll que les coûteuses caméras de cinéma. Panasonic profite ici de l’économie d’échelle que représente le marché des appareils photo : quand les caméras de cinéma ne sont produites qu’à quelques centaines d’unités, les milliers voire dizaines de milliers de boîtiers photo qui sont vendus réduisent les coûts de développement et de production.
Boîtier du S1 modifié
Pour intégrer une caméra de cinéma capable d’encaisser un flux vidéo de 24 Mpix à 30 images par seconde, Panasonic a un peu modifié son boîtier en intégrant un système de ventilation jusqu’ici absent des appareils photo – oui, après les smartphones, les appareils photos s’équipent de ventilos ! Une prouesse technique assez logique : quand un appareil photo travaille de manière séquentielle sur de petites périodes de temps, l’usage caméra sollicite le capteur en permanence. Autre évolution du boîtier, la présence de lampes témoins signifiant que l’enregistrement est en cours et un bouton de déclenchement vidéo supplémentaire en façade. Ou encore l’écran LCD sur le dessus du boîtier qui passe à 1,8” afin d’afficher plus d’informations.
Autre modification d’importance, les cartes mémoire : exit le XQD, les deux emplacements sont désormais tous les deux en SD (UHS-II). Une décision logique puisque le XQD n’est pas un format populaire dans la vidéo, au contraire de la SD. Le S1H gère de manière très fine ces emplacements et peut les faire fonctionner en double enregistrement (SD1 = SD2), en séparation de média (photo sur SD 1, vidéo sur SD2), ou en relai (dès que SD1 est pleine, SD2 prend le relai). Le mode double enregistrement (triple même avec un boîtier HDMI externe) satisfera les producteurs paranoïaques et leurs assureurs de tournage. Le mode relai, lui, sera intéressant pour les tournages intenses comme les pubs, où il faut produire beaucoup et très vite. Notez qu’en mode relai, on peut changer la carte pleine par une carte vide tout en continuant le tournage sur la carte en cours.
Si le Lumix S1H est taillé pour un usage vidéo intensif, il n’en reste pas moins un S1 dans l’âme – comprendre que c’est toujours un appareil photo. De l’AF DFD à 0,08s en passant les fichiers RAW 14 bit, le mode haute définition qui capture 8 images successive pour créer des fichier de 96 Mpix ou encore la rafale à 9 i/s, toutes les performances du S1 sont toujours là.
Mais à un prix bien plus élevé puisque le Lumix S1H est lancé à 3999 euros. Un prix élevé pour le grand public mais à l’inverse très abordable pour le marché de la vidéo pro.
Le Lumix S1H sera disponible dans le courant du mois d’octobre.
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