“ Je n’ai jamais vu une société passer d’un tel succès à un tel malaise en si peu de temps“, constate Thomas Sepenzis, analyste pour la banque d’investissement CIBC World Markets. Après avoir inondé le marché des assistants numériques avec près d’1 million de produits en 18 mois, Palm a heurté un mur début 2001, avec la chute de ses ventes et la perte d’importantes parts de marché.En avril, le spin off de 3 Com a dû revoir ses revenus du quatrième trimestre à la baisse de 36% à 300 millions de dollars, et licencier 16% de ses effectifs, soit 300 personnes. Et ces derniers jours, Palm, en même temps que son rival Handspring, a annoncé que ses revenus seraient deux fois moins importants que prévus.Si Palm reste toujours leader sur le marché des assistants numériques personnels avec 63 % des parts de marché, il est loin des 83% de l’année passée. Le gagnant en 2001 est l’Ipaq de Compaq, fonctionnant sous Pocket PC de Windows (lancé en 2000, il détient déjà 12 % des parts du marché mondial). Et le rival historique Handspring continue de grignoter du terrain.” Il est difficile de garder une telle position dominante“, insiste Franck Gaget, directeur marketing Europe de Palm. “ On ne se sent pas menacés par nos concurrents mais on ne se considère pas intouchables “, admet-il. La société vit des difficultés importantes. Enhardie par un Noël mémorable ?” les ventes ont doublé par rapport à l’année passée ?” la compagnie a voulu prévoir les pénuries de composants en signant des contrats longue durée avec des fabricants mais, si pénurie il y a eu, c’est de commande. Dès janvier, en phase avec la conjoncture américaine, le marché s’est effondré. Autre erreur : pour contrer la sortie du Visor Edge de Handspring, l’équipe annonce le lancement des m500 et m505, successeurs de son produit phare, le Palm V. Le résultat ne s’est pas fait attendre : les ventes du célèbre Palm V se sont effondrées.”Certains revendeurs n’acceptent plus les produits Palm : leurs stocks frôlent parfois les douze semaines“, constatait alors Joseph To, analyste chez Lehman Brothers. Palm a donc réduit sa grille tarifaire, quitte à brader son produit phare. Les marges ont chuté de 39% à 32%, et devraient descendre à 25% cet été. Fondée par deux anciens leaders de Palm ?” dont son directeur technique, Jeff Hawkins ?” Handspring est une réelle menace pour le groupe. Le challenger rivalise d’innovations, avec sa baie d’extension permettant de transformer le PDA en appareil photo, en lecteur MP3 ou en téléphone… De son côté, Palm apprendre à créer sans l’imagination fertile de Jeff Hawkins. Un défi. Handspring, qui vient de prolonger de 8 ans l’accord de licence pour le système d’exploitation Palm, a ainsi acquis 20 % des parts de marché, au détriment de son rival. Très sélectif dans le choix de ses licenciés, Palm n’en retire pas plus de 2% de ses revenus, reconnaît le directeur marketing Europe :” Le groupe veut proposer des licences à des compagnies qui apporteront une réelle valeur ajoutée“. Microsoft n’a pas ces mêmes états d’âmes, qui licencie à tour de bras son système d’exploitation Pocket PC. Et décroche le gros lot avec l’Ipaq de Compaq. La réussite de ce modèle accentue une autre faille de Palm : sa difficulté à pénétrer le monde des affaires, milieu où l’Ipaq se taille la part du lion. “ Les hommes d’affaires sont habitués à l’environnement Windows et ont besoin d’un produit évolutif “, constate Fabien Prehel, chef de produit PDA en France. “De nombreuses sociétés ont rejeté Palm pour un usage professionnel à cause du manque de capacité des puces Dragon Ball utilisées“, confirme une analyse du Meta Group.L’acquisition, annoncée au premier trimestre, d’Extended Systems, société spécialisée dans l’accès aux serveurs d’entreprises par des mobiles, aurait dû permettre, selon Andrew Neff, de Bear Stearns, l’entrée de Palm dans ce milieu. Mais le deal a avorté il y a quelques jours. La société voit ses réserves de cash fondre drastiquement. Bien que le groupe les démente, les rumeurs de vente enflent …
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