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PABX : après la tempête, Siemens court après son retard

En pleine phase de conquête de marché ?” particulièrement en France ?”, Siemens s’est trouvé confronté à une grave pénurie d’autocommutateurs. Ses concurrents ont saisi l’occasion et ne se sont pas privés de s’engouffrer dans la brèche laissée ainsi ouverte par le géant allemand.

“Pendant trois mois, nous n’avons pas pu nous faire livrer un seul PABX Siemens 150. Nous étions un gros consommateur, et avons dû nous rabattre sur les produits d’Ericsson et d’Alcatel. “” Certains d’entre nous ont réussi à se fournir en matériel à l’étranger, mais la plupart se sont tournés vers d’autres constructeurs qui ont clairement bénéficié de la pénurie de Siemens.”Ces témoignages recueillis auprès de plusieurs installateurs privés montrent combien la fin du millénaire a été douloureuse pour la grande maison allemande Siemens.

Un mois de janvier à marquer d’une pierre noire

Cette pénurie assez surprenante n’a d’ailleurs pas concerné que les PABX 150, mais aussi l’ensemble de la gamme du constructeur. “Nous avons connu une grave crise de gestion des composants. Nous avons, en effet, manqué d’une puce présente sur les cartes d’abonnés de tous nos produits”, justifie Xavier de Grouve, directeur de la division Téléphonie privée de Siemens France.Le point culminant de cette crise a été constaté en janvier dernier quand plus aucun produit ne sortait de l’usine de Siemens, située près de Dortmund. La conjoncture est devenue plus favorable au début du mois de mars. “Cet incident aura évidemment une répercussion importante sur nos parts de marché”, explique encore le responsable. Heureusement pour le constructeur, ce phénomène n’a touché ” que ” l’Europe. “Cela aurait pu être pire”, soupire-t-on encore chez Siemens. Mais, c’est sans aucun doute sur le marché français que la situation est plus grave. “Nous sommes encore en phase de conquête de parts de marché dans l’Hexagone”, souligne Xavier de Grouve, ajoutant que Siemens est connu pour son sérieux. Certes, la bonne réputation de la société est avérée, mais, alors, que s’est-t-il passé durant ces mois sombres ? “On nous a parlé de problèmes d’usine et de manque de planification”, assurent les distributeurs de la marque, toujours surpris.De son côté, le constructeur avoue qu’il a bien subi un gros retard dans ses commandes de composants. En fait, sérieux ou pas, Siemens reconnaît n’avoir qu’un seul fournisseur ?” Infineon (ex-Siemens Microelectronics !) ?” de cette puce de carte d’abonné, qui, justement, n’a pas été en mesure de la lui fournir.

Au bout du compte, la confiance est intacte

Sur les causes de la crise, plusieurs hypothèses peuvent être avancées. La première, Infineon n’a pas livré. Il est également possible que Siemens se soit trompé dans ses besoins et, donc, dans ses commandes. En outre, l’usine en question a été depuis peu externalisée ; et Infineon, restructuré, ce qui aurait pu être la cause de nombre de chamboulements pour que la communication soit momentanément rompue entre le client et son fournisseur.Une situation qui n’aura pas manqué d’entraîner une recherche de responsabilité au sein de Siemens. Malgré cela, la firme de Munich conserve la confiance de ses distributeurs en France. Et Siemens, perdant un peu de son fromage sur le Vieux Continent, “honteux et confus, jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus…”

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Jérôme Desvouges