Dans un monde où l’on parle sans cesse de dérégulation, existe-t-il un ordre ? Dans son remarquable Ordre économique mondial, Elie Cohen répond par l’affirmative ; l’économie mondiale est organisée, n’en déplaise aux contestataires qui perturbent systématiquement tous les sommets diplomatiques. Elle n’a pas abandonné le bon vouloir des bureaucrates pour sombrer dans un chaos soumis à la toute puissance de quelques firmes multinationales.Depuis vingt ans, elle s’est transformée, sans pour autant se défaire. Cette mutation est liée à deux événements majeurs : l’émergence des nouvelles technologies, qui a modifié la production et fait disparaître la centralisation ; et l’action de l’État, en tant que régulateur économique capable de maintenir la croissance et le plein emploi, qui s’est soldée par un échec. De cet échec sont nés de nouveaux pouvoirs : les uns émanant d’institutions multilatérales, les autres tenus par les juges et les journalistes, qui se sont affirmés face à l’inefficacité grandissante des États.Pour Elie Cohen, les ruptures par rapport à la période du dirigisme, qui fut finalement surtout une période d’inflation, appellent une nouvelle approche de la démocratie. Il est idiot de vouloir revenir en arrière : on ne suppri-mera pas l’informatique et ses conséquences sur la circulation de l’information, pas plus que le FMI ou les autorités de régulation comme le CSA. Dans Ordre économique mondial, Elie Cohen propose donc avec raison de trouver le moyen de définir plus justement le contrôle démocratique des nouveaux décideurs, plutôt que de chercher à étatiser.
*Professeur à l’ESCP
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