Avec un endettement net de l’ordre de 60 milliards d’euros à la fin 2000, l’opérateur français était contraint d’introduire sa filiale mobile en Bourse car il doit racheter, avant le 31 mars prochain, une partie de ses propres actions auprès de Vodafone pour un montant minimal de 7 milliards d’euros. Le PDG de France Télécom, Michel Bon, a reconnu qu’il avait dû tenir compte de conditions de marché beaucoup moins favorables qu’au printemps dernier. L’offre publique valorise Orange entre 55,2 et 64,8 milliards d’euros alors que l’opérateur tablait encore ces dernières semaines sur 70 à 85 milliards, contre 100 à 150 milliards d’euros en mai.Pour séduire des investisseurs de plus en plus réticents face aux valeurs technologiques, le groupe a dû offrir une décote de l’ordre de 20 % par rapport au prix d’équilibre de 70 à 80 milliards d’euros. Pour garantir ses recettes, il a dû en outre organiser l’émission d’obligations échangeables en un maximum de 243 millions d’actions Orange, soit 5 % du capital. L’OPV prévoit la vente de 633 millions d’actions Orange (13 % du capital) pouvant être portée à 728 millions, soit 15 % du capital, après exercice d’une option de surallocation. L’action est proposée à un prix situé entre 11,50 et 13,50 euros avec une décote de 0,50 euro pour les particuliers.
Une décote normale compte tenu du marché
La fourchette de prix retenue a été plutôt bien accueillie par les analystes financiers et les gérants de portefeuilles, mais ceux-ci attendent le prix définitif, qui sera connu le 12 février, et souhaitent qu’il soit dans le bas de la fourchette. Pour François-Xavier Legendre, gérant chez Rothschild, sans une décote significative, il n’est pas intéressant pour un investisseur de sortir d’une position pour acheter des titres Orange.
” Ils doivent offrir une décote de 20 % par rapport à Vodafone pour attirer les gens. Nous regarderons quelque chose proche de 60 milliards parce que dans le contexte actuel les investisseurs peuvent prendre ou laisser”, affirme-t-il.” Le prix a été fixé dans le bas de la fourchette de valorisation, ce qui assure le succès de l’opération “, a estimé pour sa part Jean-Michel Maigain, gérant chez Fédéral Gestion (Groupe Crédit mutuel de Bretagne). Il n’a pas exclu que des arbitrages pénalisent le titre France Télécom au profit de sa filiale pendant une période d’un mois environ.
Un spécialiste du secteur travaillant pour un grand courtier parisien a assuré enfin que la fourchette de prix était ” logique “ et tenait compte des conditions du marché. ” C’est une décote normale. L’opération a plus de chances de réussir. “Le titre France Télécom a néanmoins fortement baissé à la Bourse de Paris. Vers 15 h 20, il perdait 2,16 % à 93 euros, alors que l’indice Stoxx des télécoms reculait de 1,91 %. Lors d’une conférence de presse, Michel Bon a affirmé qu’Orange était l’entreprise qui représentait ” le mieux l’avenir de la téléphonie mobile ” dans le monde.
Il a souligné que la société affichait une croissance plus rapide que ses concurrents et qu’elle avait l’avantage d’avoir ” une marque unique”.
Orange vise une synergie estimée à 800 millions d’euros par an
Hans Snook, fondateur de l’opérateur mobile britannique et futur ” conseiller spécial ” de la direction, a déclaré que l’objectif était d’“
être leader en Europe avant de l’être demain dans le monde “. Orange comptait 30,5 millions de clients via des filiales contrôlées dans vingt pays au 31 décembre 2000. Fidèle à sa réputation de visionnaire, il a précisé que le téléphone mobile deviendrait ” l’assistant personnel ” de tout un chacun, permettant une multiplicité d’opérations à distance et donc des services générant de nouveaux revenus.
Il a défendu la coûteuse technologie UMTS (Universal Mobile Telecommunications System) en expliquant que celle-ci offrait ” plus de spectre et plus de capacité “.Sur le plan financier, Jean-François Pontal, nouveau directeur général d’Orange, a dit tabler sur quelque 800 millions d’euros de synergies par an d’ici à 2003, dont 250 millions au titre des revenus, 200 millions en termes de coûts et 350 millions en matière d’investissements.
Graham Howe, directeur financier d’Orange, a expliqué que la société pouvait afficher une rentabilité nette dans un délai de deux ans.Au premier semestre 2000, Orange a réalisé un ebitda pro forma positif de 906 millions d’euros (Earnings Before Interests, Taxes, Depreciation and Amortization. Une mesure de la création de richesse avant toute charge calculée), soit pratiquement autant que sur l’exercice 1999 (919 millions d’euros). Malgré ses atouts, Orange reste absent d’Allemagne et d’Espagne.Outre-Rhin, France Télécom a répété qu’il comptait exercer en 2003 son option pour prendre le contrôle de la société de commercialisation de services MobilCom.
En Espagne, Jean-François Pontal a rappelé que le gouvernement étudiait la possibilité d’attribuer une nouvelle licence mobile GSM et UMTS. Si cette solution se révélait impossible, Orange deviendrait opérateur de réseau virtuel.
Enfin, en Italie, Orange n’a qu’une position minoritaire dans Wind, contrôlé par le groupe d’électricité Enel. Dans une interview à Reuters, Hans Snook a évoqué des “possibilités” d’acquisition en citant les opérateurs néerlandais KPN et finlandais Sonera.
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